Alain Storck (commission accréditation de la CGE) : "50 mastères spécialisés s'ouvrent ou ferment chaque année"

Géraldine Dauvergne Publié le
Alain Storck (commission accréditation de la CGE) : "50 mastères spécialisés s'ouvrent ou ferment chaque année"
Alain Storck, directeur de l'UTC © UTC // © 
Marque collective déposée, propriété de la CGE (Conférence des grandes écoles), le MS (mastère spécialisé) connaît un succès depuis sa création il y a 26 ans. Au point que, pour faire face aux nombreuses contrefaçons, l'association a lancé en 2013 MSalumni, répertoire des titulaires de "vrais" mastères spécialisés depuis l'attribution des premiers diplômes. A l'occasion de la journée nationale des masters organisée par l'Etudiant le 29 mars 2014, Alain Storck, président de la commission permanente "accréditation" de la CGE, chargée d'étudier les demandes des écoles et d'octroyer le fameux label, fait le point sur le MS aujourd'hui.

Dans quelles proportions les mastères spécialisés sont-ils reconduits, fermés ou nouvellement labellisés, chaque année, par la CGE ?

Il y a actuellement 418 MS dont l'accréditation est à jour, ce qui ne veut pas dire que tous accueillent des étudiants cette année. 14 sont officiellement suspendus, d’autres n’ont pas ouvert par manque d’effectifs mais "tournent" normalement en attendant la prochaine rentrée. Les suspensions sont généralement dues à une modification profonde du programme. Depuis quatre ans, le nombre d’ouvertures et de fermetures de programmes s’équilibre – entre 20 et 30. Il y a ainsi eu 31 programmes de MS supprimés à la rentrée 2013, et 20 programmes de MS créés.

Sur quels critères la CGE décide-t-elle de labelliser, de reconduire ou d'arrêter un MS ?

Le processus de labellisation est très strict. Il s’appuie sur certains critères demandés par le RNCP [Répertoire national des certifications professionnelles] en matière d’employabilité. Les écoles doivent décrire précisément le processus de formation, le corps professoral enseignant, le nombre d’ECTS validant chaque module…

La commission évalue également l’étude de la concurrence faite par l’école qui dépose le dossier. Il peut arriver qu’elle refuse un dossier si la formation est trop généraliste ou s’il existe un trop grand nombre de programmes semblables.

Elle étudie également attentivement les lettres de soutien des entreprises à la formation (et non pas à l’école), en s’attardant sur la qualité du signataire. Si la formation existe déjà en tant que programme d’établissement, elle demande des tableaux de placement pour s’assurer que les métiers correspondent bien au programme dispensé.

La formation est accréditée pour une année provisoire puis pour un, trois ou six ans selon la décision de la commission, qui peut demander d’améliorer certains critères. À chaque renouvellement, l’école dépose un nouveau dossier.

Les prix de vente des formations [de 6.500 à 20.000 €, selon l'école, la spécialité, et le statut du postulant, étudiant ou professionnel, ndlr] sont quant à eux demandés à titre indicatif et n’entrent pas dans le processus de décision. La reconduction ou l’arrêt de la formation se décide sur ces mêmes critères, ainsi que sur le nombre d’étudiants qui suivent le programme : il ne faut pas qu'il y en ait moins de 15 sur trois ans, sauf cas particulier – quand il s’agit d’une niche et que certains cours sont mutualisés.

La plus marquante des tendances est le développement à l'international du mastère spécialisé

Quelles sont les tendances révélées par les MS nouvellement labellisés ?

La plus marquante des tendances est le développement à l'international du mastère spécialisé. Des écoles étrangères ont demandé la création des leurs : l’école Hassania des travaux publics au Maroc, et 2iE au Burkina Faso. Certaines écoles françaises, par ailleurs, ouvrent leurs programmes à l’étranger. L’ENAC, par exemple, a ouvert quatre MS en Chine en 2012-2013, Centrale Paris en a ouvert un à Oman, tandis que HEC et l’ESSEC déclinent leurs formations dans leurs campus à l’étranger.

En ce qui concerne les spécialités de MS, les tendances fortes sont d'abord le développement durable et la gestion responsable, tant dans les écoles de commerce que dans les écoles d’ingénieurs : "Efficacité énergétique dans la rénovation des bâtiments" aux Mines de Saint-Étienne, "Management de l'environnement et de l'éco-efficacité énergétique – ME4" à l'INSA Lyon, "Éco-efficience industrielle et territoriale : les outils de l'éco-innovation" à l'EME (École des métiers de l'environnement), lean management dans de nombreuses écoles...

Il y a bien sûr également les nouvelles techniques informatiques : "Big data : gestion et analyse de données massives" à Télécom ParisTech, "IngéNUM" à l'ENSAM, "Architecture des systèmes d'information géographiques – ASIG" à l'ENSG Géomatique.

Enfin, l’entrepreneuriat, développé notamment à Toulouse Business School, l'ESC Troyes, Grenoble EM ou l'ESCP Europe, ainsi que la santé, thème présent dans vingt formations (Centrale Paris, EHESP, ESSEC, Lasalle Beauvais, UTC, Toulouse Business School ...) marchent toujours très bien.

Comment le format du MS, année supplémentaire qui complète normalement un M2, trouve-t-il sa place dans le paysage du LMD [licence, master, doctorat] ?

Le MS est réservé aux étudiants ayant validé un M2, sauf candidats admis à titre dérogatoire. Il n’est pas reconnu officiellement, pour les candidats qui souhaiteraient passer les concours français de l’administration, par exemple. Il n’a, a priori, pas vocation à ouvrir sur le doctorat.

C'est un diplôme d’établissement professionnalisant qui valide 75 crédits ECTS, dont 15 pour la thèse professionnelle. Le caractère obligatoire de la thèse professionnelle en entreprise permet aux diplômés de trouver facilement du travail. La dernière enquête date de 2009, mais elle montre un taux d’insertion très satisfaisant. Une nouvelle enquête est en cours d’élaboration.

En savoir plus
Les MS en chiffres
- 418 spécialités de MS dispensées par 114 écoles
- 7.000 diplômés de MS par an
- 75 MS délocalisés dans 29 pays
- 80.000 diplômés de MS depuis la création du diplôme
- 23,9% des diplômés de grandes écoles d'ingénieurs s'inscrivent en MS
- 18,3% des diplômés de grandes écoles de management s'inscrivent en MS

Le MSalumni, répertoire des diplômés de MS mis en place par la CGE
Géraldine Dauvergne | Publié le