Frank Bournois (CEFDG) : "Des éléments supplémentaires seront demandés aux écoles de commerce pour obtenir le visa et le grade master"

Propos recueillis par Jessica Gourdon Publié le
Frank Bournois (CEFDG) : "Des éléments supplémentaires seront demandés aux écoles de commerce pour obtenir le visa et le grade master"
Frank Bournois // DR // ©  Photo fournie par le témoin
La CEFDG, commission nationale chargée d’attribuer et renouveler le visa et le grade de master aux écoles de commerce, vit une petite révolution. A la fin 2010, ses rapports seront en partie publics , et les écoles devront publier sur le site web de la commission une série de données jusque-là confidentielles. Frank Bournois , le nouveau président de cette instance, souhaite aussi faire évoluer le référentiel d’évaluation des écoles. Dans une interview à Educpros, le successeur de Jean-Pierre Helfer détaille ces nouveaux critères.

Pour obtenir le visa ou le grade de master, les règles ont-elles changé pour les écoles de commerce ?

Des éléments supplémentaires seront demandés aux établissements dès la prochaine vague, suite à la mise en place d’un nouveau référentiel - le dernier datant de 2006.

"Nous allons insister davantage sur la pédagogie, un peu laissée de côté dans les dossiers jusqu’ici"

Par exemple, les écoles devront désormais nous informer de leurs projets : évolution prévue des effectifs dans les quatre prochaines années, plan de recrutement de professeurs. Nous allons insister davantage sur la pédagogie, un peu laissée de côté dans les dossiers jusqu’ici.

Il y aura des questions spécifiques liées à la manière dont les écoles s’auto-évaluent, et évaluent leurs enseignements. Pour la recherche, nous nous pencherons aussi bien sur les publications Aeres et CNRS que sur les ouvrages, les chapitres, et communications dans les colloques, ainsi que sur la présence de chaires actives. Enfin, alors que les formations multi-sites sont en croissance, nous allons désormais examiner chacune des implantations des établissements, en nous rendant sur place, à l’étranger si besoin.

Peut-on imaginer qu’une école obtienne le grade master pour un site et pas pour un autre, ou que les durées d’obtention de ces labels soient différentes ?

Oui, c’est théoriquement tout à fait possible. Si nous constatons une dégradation sur un site spécifique, ou que la qualité de l’encadrement varie d’un endroit à l’autre, nous pourrions être amenés à cela. Ce qui m’intéresse, c’est l’équité de traitement pédagogique des étudiants.

Vous allez lancer un site Internet de la "commission Bournois". Que trouvera-t-on dessus ?

Le site sera opérationnel à la fin 2010. Il comportera une synthèse des avis rendus, notre rapport annuel, mais aussi des données que toutes les écoles visées ou titulaires du grade master devront nous fournir vers le mois novembre. Et ce dès cette année.

"Les écoles devront se dévoiler un peu plus. Forcément, toutes ne réagiront pas de la même manière, car cela va créer un benchmark implicite"

Ces chiffres seront publics, et permettront aux étudiants d’avoir une information fiable et transparente sur chaque école. Le visiteur y trouvera des données-clés sur les effectifs, le nombre de professeurs docteurs et habilités à diriger des recherches, la part des cours assurés par des enseignants permanents, la taille du réseau des anciens, le nombre d’accords de doubles diplômes, les effectifs salariés non enseignants, le budget de l’école, le nombre d’articles publiés dans les revues CNRS et Aeres durant les quatre année précédentes, le nombre de candidats au concours, le nombre de places ouvertes, le nombre de boursiers d’Etat, les taux d’insertion professionnelle, la présence ou non d’un concours favorisant la diversité…

Les écoles devront donc se dévoiler un peu plus. Forcément, toutes ne réagiront pas de la même manière, car cela va créer un benchmark implicite. Mais cela leur permettra de se comparer davantage aux autres, et donc de progresser.

Qu’est ce qui fait qu’une école obtient le visa ou le grade master pour un an, deux ans, quatre ans ou six ans ?

La durée d’attribution témoigne de la robustesse du programme. Si la commission donne son visa pour six ans, elle estime qu’elle n’aura pas à aller vérifier régulièrement la mise en œuvre de ses recommandations.

"Je ne veux pas construire un système élitiste et fermé. Cette évaluation doit permettre à toutes les écoles d’avoir une feuille de route pour progresser"

Si elle le donne pour un an, cela signifie que l’école doit faire ses preuves rapidement : c’est un message d’alerte. En outre, certaines décisions sont prises pour  synchroniser les durées du grade de master et de visa.

Quel est l'état d'esprit de votre commission ?

Je ne veux pas construire un système élitiste et fermé. Cette évaluation doit permettre à toutes les écoles d’avoir une feuille de route pour savoir comment progresser. D’ailleurs, nous comptons dire plus clairement aux écoles, au moment de leur passage devant la commission, les points à améliorer, afin qu’elles n’aient pas à lire entre les lignes.

Je me réjouis aussi que cette commission rende des avis véritablement collégiaux, que tout le monde participe à la délibération. Le temps d’examen des dossiers s’est allongé : nous échangeons 45 minutes avec les rapporteurs, puis nous recevons le directeur durant 45 minutes. Enfin, nous allons comparer les établissements entre groupes de même nature, et ne pas systématiquement prendre pour référence la meilleure école : je ne veux pas promouvoir un seul modèle, mais favoriser la diversité.

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Propos recueillis par Jessica Gourdon | Publié le