François Weil (recteur de Paris et chancelier des universités) : "La chancellerie ne sera pas supprimée"

Sophie de Tarlé Publié le
François Weil (recteur de Paris et chancelier des universités) : "La chancellerie ne sera pas supprimée"
Université de Paris, plafond de la Sorbonne © Sophie de Tarlé // © 
La Cour des comptes a publié, le 11 février 2014, un rapport dénonçant la mauvaise gestion de la Chancellerie des universités de Paris. Recteur de l'académie de Paris et chancelier des universités, François Weil, a répondu à nos questions. S'il admet devoir continuer des efforts en la matière, il affirme l'utilité de la Chancellerie pour la gestion du patrimoine.

La Cour des comptes a publié un rapport prônant la suppression de la Chancellerie des universités de Paris. Celle-ci n’est-elle pas devenue une institution obsolète ? Les universités autonomes ne sont-elles pas capables de gérer elles-mêmes leur patrimoine ? 

D’abord, c’est important, Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur, a répondu à la Cour des comptes en déclarant que la Chancellerie des universités de Paris ne serait pas supprimée. C’est une institution qui a toute son utilité. Elle sert d’abord à gérer le bâtiment de la Sorbonne ainsi que le patrimoine détenu en indivision par les 13 universités héritières de l’ancienne université de Paris. Il s’agit notamment d’immeubles dont les revenus permettent de financer des bourses et des prix accordés aux étudiants (2,8 millions d’euros par an). La Chancellerie gère la Villa Finaly à Florence, le domaine de Richelieu en Indre-et-Loire...

La Cour des comptes nous demande de vendre certaines propriétés. Mais je m’interroge : comment persuader de futurs bienfaiteurs de faire des dons et legs aux universités, si nous vendons des legs anciens. Dans beaucoup de cas, le don est assorti de clauses nous interdisant de vendre ou nous indiquant expressément que le revenu de ce bien doit servir aux étudiants via une bourse ou un prix.  Nous devons respecter les volontés des donateurs, et n’aliéner le patrimoine qu’en dernier recours. Par ailleurs, la Chancellerie assure les missions que lui confie l’Etat, comme l'opération Campus pour Paris. Elle constitue un lieu commun entre les universités, un lieu de programmation et de concertation.

François Weil, chancelier des universités de Paris, à la Sorbonne. © Sophie de Tarlé

François Weil, chancelier des universités de Paris, à la Sorbonne. © Sophie de Tarlé

Que comptez-vous faire malgré tout pour suivre les recommandations de la Cour des comptes ? 

Mon objectif est d’améliorer encore la gestion de l’établissement public, qui a fait de grands progrès, reconnus par la Cour, depuis dix ans. Nous avons renforcé encore la transparence de nos procédures pour le choix des locataires et le montant des loyers. La sélection des locataires se fait déjà via un mandataire privé mais, désormais, le choix et le montant du loyer doivent être validés par un comité.
Notre intérêt est d’avoir des locataires solvables et un parc immobilier bien entretenu et au prix du marché, afin d’obtenir des revenus qui profitent à l’université et aux étudiants. Nous allons aussi vérifier à nouveau (cela avait été fait en 2007) la légalité de l’occupation des 17 appartements encore loués sous le régime de la loi de 48 (la Cour a reproché à la Chancellerie de loger les enfants des précédents locataires à des prix dérisoires, ndlr).

Plus généralement, nous allons clarifier et renforcer notre stratégie patrimoniale, en nous entourant de tous les avis utiles. Ce patrimoine est exceptionnel, je pense notamment à la donation du dernier duc de Richelieu, décédé en 1952. Il est le bien commun des universités parisiennes, qui, soit dit en passant, ne demandent nullement la disparition de la Chancellerie.

La bibliothèque de la Sorbonne a été rénovée aux frais de la Chancellerie. © Sophie de Tarlé

La bibliothèque de la Sorbonne a été rénovée aux frais de la Chancellerie. © Sophie de Tarlé

La Cour vous reproche aussi des frais de fonctionnement trop élevés, avec notamment un maître d’hôtel.  Que répondez-vous à cela ?

Les recteurs de Paris ont toujours eu de lourdes obligations de représentation, parce que c’est Paris et parce que la Sorbonne est un symbole mondialement connu. Pour autant, je surveille avec beaucoup d’attention ces dépenses et nous les réduirons encore en 2014. La Cour demande que ces frais de représentation soient gérés par l’académie, et non par la Chancellerie. C'est un point à clarifier au niveau comptable, en lien avec le ministère.

Je tiens enfin à rappeler que l’équipe dirigeante de la Chancellerie ne touche aucune indemnité au titre de la direction de cet établissement. Si, comme la Cour l’envisageait à un moment, le patrimoine de la Chancellerie était transféré à une fondation, il faudrait payer toute l’équipe de direction. Où serait l’économie ?

Sophie de Tarlé | Publié le