Luc Johann (recteur de Limoges) : "Nous voulons créer des vocations avec les emplois d'avenir professeur"

Propos recueillis par Céline Authemayou Publié le
Luc Johann (recteur de Limoges) : "Nous voulons créer des vocations avec les emplois d'avenir professeur"
Luc Johann, recteur de Limoges. // © 
Recteur de Limoges depuis septembre 2012, Luc Johann dresse un panorama de cette académie rurale dotée d’une seule université. Il revient sur les projets en cours et ses objectifs, portés par un mot d’ordre : multiplier les échanges avec toutes les parties prenantes du territoire.

En septembre 2012, vous avez rejoint l'académie de Limoges pour votre premier poste de recteur. Quelles ont été vos impressions liées au contexte territorial ?

Limoges est une petite académie (746.000 habitants pour trois départements : Creuse, Haute-Vienne et Corrèze). Aux côtés des deux pôles urbains que constituent Limoges et Brive, le territoire est majoritairement rural. Cette double dimension est à prendre en compte au quotidien, pour bien comprendre les besoins et les attentes de chaque partie prenante.
Côté chiffres, l'académie a de bons résultats aux examens. Au brevet par exemple, le taux de réussite est de 84% (contre 84,5% au niveau national). Mais mon objectif reste l'amélioration de ces résultats.

En cours d'année, vous avez mis en place un conseil pédagogique et académique, qui réunit de multiples acteurs locaux de l'éducation (directions, inspections, conseillers). Quel est l'objectif de cette structure ?

Le but est de nous mettre autour d'une table et de trouver ensemble des solutions pour atteindre nos objectifs. La petite taille de l'académie permet ce travail, grâce à une grande fluidité entre les différents acteurs territoriaux. Nous nous penchons ensemble sur plusieurs dossiers.
Parmi eux, le taux d'accès au baccalauréat. Je crois qu'il est essentiel de se battre pour améliorer l'accès au bac de manière à lutter contre le décrochage et mener les élèves à un diplôme terminal. Qu'il s'agisse d'un bac général, d'un bac professionnel ou d'un bac technologique.
Autre point abordé dans ce conseil : le taux de passage vers le supérieur. En 2012, nous étions 1,8% en dessous de la moyenne nationale (70,2% contre 72%). Certes, au fil des années, ce chiffre s'est amélioré mais il faut travailler dessus, en renforçant le lien lycée-université par exemple. Dès ce début d'année, une convention de partenariat a été signée entre le rectorat et l'université de Limoges en ce sens.
Enfin, un autre enjeu important est l'accès des bacheliers professionnels aux études supérieures. Ce public aspire de plus en plus à franchir le pas. Il y a donc des leviers à inventer pour les accompagner dans leurs démarches.

Pour avancer, place au dialogue, donc ?

Oui, très tôt, mes équipes et moi avons instauré un dialogue avec les établissements publics locaux d'enseignement (EPLE). Il est important de dialoguer et de prendre le temps de réfléchir, de se poser les bonnes questions pour proposer une offre de formation cohérente avec notre territoire et notre public.

L'offre de formation est assujettie à des questions budgétaires et votre académie est l'une des plus sous-dotées de France. Quelles sont vos marges de manœuvre ?

C'est certain, nous ne disposons pas de budgets pharaoniques. Mais ils sont en adéquation avec la taille de l'académie. Une seule question doit guider nos choix : quels sont nos besoins ? C'est pourquoi nous devons optimiser notre offre de formation pour permettre à nos élèves de poursuivre leurs études ou de s'insérer sur le marché du travail. Cela passe par la création de filières mais aussi, parfois, par la suppression d'autres...

Cette rentrée 2013 a été marquée par l'ouverture des ESPÉ (écoles supérieures du professorat et de l'éducation). Leur création a fait l'objet de houleuses discussions dans certaines académies. La vôtre compte une seule université, ce qui a dû simplifier le débat...

En effet, cette situation est confortable ! Je n'ai pas eu à gérer l'aspect politique du dossier et j'ai pu me concentrer sur les dimensions pratiques de l'ouverture de l'ESPÉ. Nous avons beaucoup travaillé sur les relations entre universitaires et acteurs de terrain (enseignants, inspection, etc.). La rentrée s'est bien passée.

Mais aujourd'hui, l'aspect sur lequel il faut se pencher est l'emploi d'avenir professeur. Car du fait de notre université unique, nous n'avons pas un grand vivier de candidats. Il faut donc faire connaître le principe aux étudiants. Nous disposons d'un potentiel de 115 emplois d'avenir, qui ne sont pas tous pourvus à ce jour. De plus, nous avons du mal à attirer les jeunes en Creuse et en Corrèze. Nous travaillons là-dessus et essayons de créer des vocations. Car pour nous, le public de ces emplois d'avenir est très intéressant : il représente notre futur corps enseignant.

Propos recueillis par Céline Authemayou | Publié le