5 millions d'euros par an pour l'entrepreneuriat étudiant

Etienne Gless Publié le
5 millions d'euros par an pour l'entrepreneuriat étudiant
Frédérique Vidal le 10 octobre 2019 avec les étudiants-entrepreneurs lauréats des prix Pepite // ©  Etienne Gless
Cinq millions d'euros : c'est le montant qui sera consacré à partir de 2020 à l'entrepreneuriat étudiant. De quoi relever trois défis : sensibiliser davantage d’étudiants à l’entrepreneuriat, accompagner plus de porteurs de projet et viser un même niveau de performance et d’exigence sur tout le territoire.

De l’huile dans les rouages ! "Je m’étais engagée en mai dernier à donner plus de moyens, cet engagement sera tenu. Dorénavant, chaque année 5 millions d’euros seront consacrés à l’entrepreneuriat étudiant pour donner un coup d’accélérateur financier en appui de cette vision stratégique", lance Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche.

Le 10 octobre, à l’occasion de la remise des 6e prix PEPITE récompensant 29 porteurs de projets d’un prix de 10.000 €, la ministre a dévoilé le montant accordé pour donner corps à cette nouvelle stratégie. Avec 5 millions d’euros, le budget attribué par l’Etat sera davantage en phase avec les nouvelles ambitions affichées.

Frédérique Vidal avait présenté à Lyon le 2 mai son plan en huit mesures sur l’esprit d’entreprendre visant à faire monter en puissance l’entrepreneuriat-étudiant au sein des établissements d’enseignement supérieur.

Une offre à homogénéiser

En janvier 2019, le rapport d’évaluation du plan PEPITE de l'IGAENR (Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche) avait salué l'utilité du dispositif, mais aussi pointé ses faiblesses. En particulier son financement, très limité : en 2018, le ministère n’avait ainsi accordé que 714.000 euros de crédits de fonctionnement aux 32 Pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (Pepite).

Cette nouvelle manne va permettre de financer de nouvelles ambitions, en particulier d’harmoniser les bonnes pratiques d’accompagnement des étudiants et jeunes diplômés entrepreneurs : "Chaque étudiant doit pouvoir bénéficier du même niveau d’accompagnement par les PEPITE", souligne Frédérique Vidal. "Pour moi c’est une question de qualité d’accompagnement de service public".

L’offre n’est pas homogène. "Les pratiques sont actuellement très inégales selon les PEPITE comme l’a souligné le rapport de l’IGAENR en début d’année", convient Alain Asquin, délégué ministériel en charge de l’entrepreneuriat étudiant nommé en mai par la ministre.

Un appel à projets début 2020

La feuille de route de l’ancien dirigeant du PEPITE Beelys de l’université de Lyon prévoit aussi de généraliser les actions de sensibilisation et les formations à l’entrepreneuriat depuis la première année de licence jusqu’au doctorat. A partir de la rentrée 2020, une semaine nationale de l’entrepreneuriat étudiant ouvrira l’année universitaire. Les pôles PEPITE devront être davantage identifiés comme "lieux totem" sur les campus.

La reconnaissance sous forme d'ECTS des modules en entrepreneuriat est un moyen de pérennisation des actions.

Une campagne de communication est d’ores et déjà budgétée pour faire davantage connaître aux étudiants le dispositif de certification de compétences en entrepreneuriat. Pour l’année universitaire 2017-2018, plus de 100.000 étudiants (107.950) suivaient des modules de formation à l’entrepreneuriat ou l’innovation dans leur cursus avec des crédits ECTS.

Mobiliser les dirigeants d'établissement

"La reconnaissance sous forme d’ECTS des modules en entrepreneuriat dans les maquettes pédagogiques est un moyen de pérennisation des actions", souligne le ministère. Autre chantier, l’harmonisation des conditions de délivrance du statut national d’étudiant entrepreneur (SNEE) qui varient d’un PEPITE à l’autre.

Durant l’été 2019, le ministère a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) à l’attention des 32 PEPITE pour préparer une nouvelle phase de développement. "Un appel à projets sera lancé début 2020“, confie Alain Asquin. "Nous disons aux Pepite : donnez-nous votre ambition, montrez-nous quels réseaux vous avez constitués autour de vous, comment les collectivités territoriales vous soutiennent, comment les réseaux d’entrepreneurs vous accompagnent et nous vous soutiendrons".

Enfin, pour remobiliser la communauté en faveur du développement de l’entrepreneuriat étudiant, le délégué ministériel va entreprendre une tournée des popotes : "Les PEPITE sont des lieux ressources mais ils ne font pas tout. Je vais faire un travail auprès des différentes conférences, CGE (grandes écoles), CPU (présidents d’universités) et CDEFI (directeurs d’écoles d’ingénieurs) pour remobiliser les réseaux de référents en entrepreneuriat et innovation dans chaque établissement".

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