À l'université de Nantes, les enseignants-chercheurs au secours des BU

Nawelle Beouche Publié le
À l'université de Nantes, les enseignants-chercheurs au secours des BU
Entrée de la BU de La Roche-sur-Yon, l'une des 7 BU du réseau de l'université de Nantes. // ©  Olivier Ertzscheid
À l’université de Nantes, l’heure est au constat. Les personnels ont appris avec stupéfaction l’amputation de 20 % du budget alloué aux bibliothèques universitaires répartis sur sept campus.

Entre colère et incompréhension, les enseignants-chercheurs de l’université de Nantes ont reçu, début mars, la confirmation d’une diminution du budget documentaire de 20 % en 2019. La nouvelle, ébruitée par Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en science de l’information et de la communication, n’est pas passée inaperçue. "Nous sommes le 7 mars 2019. @UnivNantes baisse le budget de ses @UnivNantesBU de 20 % sans susciter beaucoup d’émoi dans la communauté des enseignants-chercheurs", pouvait-on ainsi lire sur son compte twitter.

Depuis la loi LRU (relative aux libertés et aux responsabilités des universités) en 2007, le budget des bibliothèques universitaires est intégré au budget global de l’université. Cette année, et malgré les efforts de la faculté de Nantes pour répartir au mieux les dépenses de fonctionnement, la somme octroyée à la BU accuse une réduction significative de 297.000 euros par rapport à 2018, soit 20 % de moins que l’année précédente.

Déjà, entre 2016 et 2017, le budget attribué aux documents sur supports s’était "allégé" de 11 %. Une situation inacceptable pour François Poupet, co-secrétaire à la CGT FERC Sup de Nantes. "On marche sur la tête. S’attaquer aux BU, alors que d’autres services reçoivent des dotations conséquences, c’est porter un coup de massue au dynamisme de l’université", gronde le syndicaliste. "La bibliothèque universitaire est un service minimum que l'on doit aux étudiants et enseignants-chercheurs, appuie Olivier Ertzscheid. En réduisant le budget, on perd totalement de vue la mission de l'université."

Moins d’ouvrages et moins de personnel

Principal poste à subir les conséquences de cette baisse : celui consacré aux acquisitions d’ouvrages, qui sera divisé par deux en 2019. Alors que l’université nantaise avait investi dans 15.000 nouvelles références en 2018, il faudra désormais tabler sur seulement 8.000 volumes supplémentaires. "Avant, on nous demandait de quels ouvrages et revues on avait besoin pour travailler afin de les acheter, maintenant on nous demande des noms de revues pour pouvoir s'en désabonner", ironise Olivier Ertzscheid.

Le personnel n'est pas non plus été épargné. Au total, ce sont sept postes qui n’ont pas été renouvelés au sein des bibliothèques universitaires nantaises en l’espace de deux ans : quatre de titulaires n’ont pas été proposés à la mutation en 2018, et, sur les six vacants, seuls trois sont prévus dans la révision des effectifs, précise un communiqué intersyndical, diffusé le 21 mars à tout le personnel.

On nous demande des noms de revues pour pouvoir s'en désabonner
(Olivier Ertzscheid)

Les personnels en poste en ressentent déjà les conséquences sur leur charge de travail. "On leur demande de faire de plus en plus de tâches, en un temps plus restreint. Il y a clairement une précarisation du métier", dénonce Marc Jahjah, maître de conférence à l'université nantaise.

Contactée à maintes reprises par EducPros, la direction de la documentation a finalement indiqué, le 29 mars, ne "pas délaisser la question documentaire" et "faire le maximum pour continuer à investir sur le sujet", tout en précisant qu'un projet de rénovation des bâtiments des BU d'une valeur de 7,2 millions d'euros était validé pour cette année.

#SauveTaBU

En signe de protestation, une dizaine d’enseignants-chercheurs de l’IUT de la Roche-sur-Yon se sont rendus sur le site de la BU pour y déposer quelques-uns de leurs ouvrages récents. Une action symbolique relayée sur les réseaux sociaux avec le hashtag "#SauveTaBU" qui, espère Olivier Ertzscheid, "réveillera les esprits".

La CGT FERC Sup doit, quant à elle, rencontrer la direction générale des services le jeudi 4 avril prochain. Dans l’espoir que l’université accepte de réinjecter l’argent nécessaire pour le bon fonctionnement de ces lieux de savoir.

Nawelle Beouche | Publié le