Alternance : les propositions de Laurent Wauquiez

Sandrine Chesnel Publié le
Clap de fin pour les Ateliers de l'apprentissage et de l'alternance. D'abord annoncées pour fin février 2010, les propositions issues des réunions d'experts initiées par Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi ont été annoncées début mai 2010. Le point sur ce qu'il faut retenir.

44 propositions. C'est ce que contiennent les 50 pages du rapport des Ateliers de l'apprentissage et de l'alternance. Des propositions qui visent à développer l'alternance à tous les niveaux de formation tout en facilitant la vie quotidienne des jeunes en alternance.

Orientation. Le rapport suggère de créer une journée de découverte de l'alternance pour tous les élèves de troisième dans les CFA et pour ceux de terminale dans des organismes de formation en alternance. Il propose aussi d'utiliser les plateaux techniques des CFA pendant les congés scolaires pour permettre aux jeunes de confirmer leur choix d'orientation. Autre idée destinée à favoriser le lien entreprise/école : expérimenter l'intervention de représentants du monde de l'entreprise dans les conseils de classe de collège. Ils donneraient leur avis sur l'orientation des jeunes après entretien avec eux et examen de leur dossier, sur sollicitation des parents d'élèves ou des chefs d'établissement.

Mobilité. Seuls 3 % des alternants bénéficient d'une expérience à l'étranger pendant leur contrat. Pour développer la mobilité européenne, le rapport recommande de prévoir une période à l'étranger de 15 jours à 3 semaines hors CFA, financée par un fonds dédié en complément des actions de l'agence 2E2F, par les fonds du programme Léonardo et éventuellement par le FNDMA (Fonds national de développement et de modernisation de l'apprentissage).

Une enveloppe estimée à 15 millions d'euros pour 20.000 séjours à raison de 800 € (soit 5 % d'apprentis supplémentaires qui bénéficieraient d'une mobilité).

Contenu. Les auteurs du rapport soulignent la nécessité de formaliser un « cadre de référence opposable » de la formation en alternance. Cinq critères ont été retenus : un temps unique de formation, un pilotage de la formation associant école et entreprise, une fonction tutorale, un apprenant sous contrat en situation professionnelle réelle, une reconnaissance de la formation à travers une certification ou une qualification reconnue par une branche professionnelle.

Stages. Dans l'enseignement supérieur, le rapport suggère d'expérimenter une « troisième voie » de l'alternance, via un système de stages alternants qui respecterait le cadre de référence de l'alternance. La rétribution du stagiaire alternant devrait être située au même niveau que celle des jeunes en contrat d'apprentissage et de professionnalisation.

Universités. Le rapport recommande le développement de l'alternance dans les formations de lettres et de sciences humaines et sociales, sans donner plus de précision. Il suggère aussi de prendre en considération dans l'évolution de leur carrière l'investissement des enseignants-chercheurs qui assurent la mise en œuvre d'un programme en alternance dans leur établissement.

Quotas. Depuis 2008, les entreprises de plus de 250 salariés doivent compter au minimum 3 % d'alternants dans leur effectif sous peine de payer une surcote sur leur taxe d'apprentissage. Ce quota pourrait être étendu aux PME, à partir de 50 salariés. Un quota temporaire de 5 % pourrait être accordé aux entreprises qui en font la demande en contrepartie d'aides supplémentaires aux recrutements qui ne sont pas définies dans le rapport.

Fonction publique. Le rapport évoque l'objectif de quintupler le nombre d'alternants dans la fonction publique territoriale dès 2010. Pour y parvenir, plusieurs pistes : l'application d'un quota d'alternants aux collectivités territoriales employant plus de 100 agents et le ciblage de 10 à 20 % des contrats aidés vers l'alternance.

Le calendrier

Lors des Rencontres sénatoriales de l’apprentissage, organisées au Sénat le 11 mai 2010, Laurent Wauquiez a annoncé vouloir mettre en place avant l’été « un des plus gros plans d’action que la France a jamais adopté en faveur de l’apprentissage et de l’alternance ». Répondant aux questions de jeunes apprentis venus de toute la France, le ministre a souligné que l’un des freins au développement de l’apprentissage était le manque d’information au moment de l’orientation : « Si l’éducation nationale ne vient pas à l’alternance, c’est l’alternance qui viendra à l’éducation nationale » a déclamé le ministre, paraphrasant Lagardère. « Nous allons secouer la poussière» a t-il conclu, pour le plus grand plaisir des jeunes présents dans la salle.

Alternance : des chiffres en baisse

Pour Michel Abhervé, spécialiste de l’apprentissage, les propositions des Ateliers de l’Apprentissage et de l’Alternance ne permettront pas de remplir l’ambition gouvernementale de développer l’apprentissage. « Probablement d’abord en raison de la non prise en compte de la tendance à la nette baisse des effectifs en 2009 (40 000 jeunes en alternance de moins qu’en 2008),  se poursuivant dans les premiers mois de 2010 », précise-t-il dans un billet.

Lire ses billets sur son blog Educpros :
Les propositions des Ateliers de l’Apprentissage et de l’Alternance déçoivent
Apprentissage et alternance : il y a urgence

Pour en savoir plus sur les mesures qui concernent la vie quotidienne des jeunes en alternance, lire sur www.letudiant.fr .

Sandrine Chesnel | Publié le