« Nous avons choisi l’approche des tableaux de bord comparatifs pour provoquer le débat en Europe et faire réfléchir chaque pays sur sa propre situation en matière d’autonomie », indique Thomas Estermann, l’auteur de l’étude. Selon celle-ci, le Royaume-Uni apparaît comme la référence en matière d’autonomie : première du tableau sur l’organisation (avec une note de 100%), deuxième pour l’autonomie des ressources humaines et en troisième position pour l’autonomie financière et l’autonomie académique.
La France à la traîne
Dans cette comparaison européenne qui profite globalement aux pays d’Europe du Nord, la France se situe plutôt à la traîne, et cela malgré la mise en place de la loi LRU. Elle arrive en seizième position en matière d’autonomie d’organisation, ex æquo avec la Hongrie.
Ce résultat la situe dans le troisième tiers des pays observés, ceux disposant d’une « faible marge d’action ». Par exemple, les auteurs de l’étude font valoir que les établissements français ne sont pas entièrement libres dans le choix des personnes extérieures qui participent à leur gouvernance. En matière d’autonomie financière, la France occupe la 22e position (avec une note de 45%). Elle appartient à un groupe de pays au niveau d’autonomie financière « moyen-bas » (medium-low), qui reçoivent des financements publics sous forme de dotations, mais avec une liberté restreinte dans leur usage. De même, leur capacité d’emprunter et d’être propriétaire de leurs murs est « significativement limitée ».
Manque de flexibilité dans les ressources humaines
En matière de ressources humaines, la France est avant-dernière (en raison notamment de la procédure nationale de recrutement des enseignants-chercheurs) et elle occupe le dernier rang sur l’autonomie académique. Est notamment pointé par les auteurs le « manque de flexibilité » du système français dans le choix du nombre global d’étudiants en raison de la liberté de s’inscrire à l’université.
Une méthodologie reposant sur plus de trente critères
Les auteurs de l’étude ont pris en compte plus d’une trentaine de critères. Sur l’organisation, un critère porte par exemple sur la participation de membres extérieurs dans la gouvernance de l’université et un autre sur sa capacité à créer des entités légales. Sur l’autonomie académique, les critères portent notamment sur la capacité de sélectionner les étudiants ou de choisir la langue d’enseignement.
Ce sont les membres de l’EUA (notamment les agences nationales comme la CPU) qui ont répondu au questionnaire établi par l’association. Ils ont également été sollicités pour évaluer l’importance de chaque critère, ce qui a contribué à pondérer par le biais d’un pourcentage (de 9% à 16%). « Cette pondération est importante car, suivant le contexte national, tel ou tel critère n’a pas la même valeur », justifie Thomas Estermann.
Les auteurs de l’étude notent que, dans les différents pays, les réformes nationales pour promouvoir l'autonomie ont souvent été introduites « sans pour autant fournir aux établissements le soutien en ressources humaines et en gestion indispensable » pour tirer pleinement parti de leur nouveau statut.