Enquête

Les étudiants d'écoles de commerce conscients des enjeux écologiques mais partagés sur le rôle de leur formation

97% des étudiants interrogés considèrent que les enjeux  écologiques ont leur place dans leur formation.
97% des étudiants interrogés considèrent que les enjeux écologiques ont leur place dans leur formation. © Smile Studio AP / Adobe Stock
Par Agnès Millet, publié le 03 avril 2024
5 min

Si tous les étudiants d'écoles de commerce estiment que les enjeux de transition écologique et de RSE ont leur place dans les formations, dans le détail, les sensibilités diffèrent. Une enquête montre ainsi que si certains sont critiques sur le risque de greenwashing, d'autres expriment une certaine lassitude sur ces sujets.

Que pensent les étudiants d'école de commerce de l'implication de leur établissement dans les enjeux de la RSE ?

C'est à cette question qu'a voulu répondre le Bureau national des étudiants en école de management (BNEM) dans son étude dont le rapport a été publié le 6 mars 2024. Plus de 1.936 étudiants ont répondu sur la place qu'ils accordent aux enjeux écologiques dans leurs études, durant le dernier semestre 2023.

"Des résultats plus positifs, selon le BNEM. L'enquête démontre l'intérêt d'une majorité des étudiants à intégrer les enjeux écologiques dans l'ensemble de leur cursus et dans leur future carrière".

Un intérêt unanime mais qui influence peu le choix d'une école de commerce

Dans le détail, ils sont, en effet, 97% à considérer que ces enjeux ont leur place dans leur formation.

Et près de neuf étudiants sur dix estiment qu'il est essentiel que leur école de commerce sensibilise aux enjeux écologiques à travers des conférences, ateliers ou campagnes de sensibilisation.

Pourtant, on note également que cet intérêt "n'est pas encore reflété dans le choix d'école", qui est d'abord influencé par la formation proposée, le classement de l'école et la vie étudiante.

Les étudiants observent les efforts des écoles

Une fois en formation, plus de la moitié des répondants constatent que les enjeux de transition et de RSE sont intégrés dans les cours classiques du tronc commun.

De fait, le ministère de l'Enseignement supérieur impose l'intégration de modules sur la transition écologique dans les formations de l'enseignement supérieur pour la rentrée 2025. Les écoles de commerce ont avancé dans ce sens et ont notamment publié, à l'été 2023, un référentiel commun sur le sujet.

Elles répondent en cela aux aspirations de leur étudiants puisque 68,9% des répondants souhaitent que les enjeux écologiques soient abordés dans les cours de tronc commun, 43,7% veulent des cours obligatoires sur la thématique, 33,6% des électifs dédiés et 28,5% des doubles diplômes sur le sujet.

"Puisque la formation constitue le premier critère de choix d'école, que les étudiants expriment le souhait d'être davantage formés aux enjeux écologiques et qu'ils exigent une meilleure prise en compte de ces questions dans leurs études, il est nécessaire de systématiser l'enseignement de ces thématiques", résument les auteurs du rapport.

Une réserve sur l'engagement réel des écoles envers les transitions écologiques

Si la majorité affirme avoir suivi des ateliers ou des conférences de sensibilisation dédiés, seuls 36% d'entre eux estiment avoir acquis des connaissances réutilisables sur le long terme.

Plus significatif encore, plus de la moitié des répondants ont une confiance moyenne ou inférieure quant au réel engagement de leur école, signalé par les classements ou labels dédiés aux enjeux écologiques – labels qui leur semblent d'ailleurs peu clairs.

En clair, "les marges de progression que remontent les étudiants portent surtout sur la nécessaire mise en cohérence entre les différentes politiques des établissements". Car près d'un sondé sur cinq note une divergence dans les actions menées par les écoles.

Ils constatent un décalage entre les cours plus "verts" et les cours "non-verts" ou entre l'intégration des enjeux écologiques dans leur formation et la politique de mobilité internationale, "qui continue d'encourager des voyages de longue distance".

D'autres évoquent des partenariats avec des entreprises qu'ils qualifient de "climaticides". Certains qualifient ce décalage de greenwashing quand d'autres déplorent un manque d'actions concrètes.

Pauline Bouveau, présidente du BNEM, explique que la question du greenwashing "est un vrai sujet, et l'on comprend que cela dérange les étudiants". Elle met en avant l'hétérogénéité des situations : "il y a des écoles qui sont vraiment en plein changement sur les enjeux RSE, alors que ce n'est pas le cas dans d'autres établissements."

Des étudiants parfois lassés de ces sujets

Bien sûr, parmi les étudiants aussi, les situations diffèrent. Ils sont ainsi 12% à manifester une certaine fatigue face au sujet des enjeux écologiques. Pour certains, il y a le sentiment que l'on parle trop de ces sujets et, pour d'autres, l'idée que les établissements ne sont pas légitimes à aborder ces thèmes.

"Les réponses qualitatives, où les étudiants se livrent de pair à pair, éclairent ces ressentis. Certains élèves galèrent toujours à trouver des stages. Ils attendent d'abord de leur école qu'elle les accompagne sur ses missions de base, en les aidant à s'insérer professionnellement", décrypte Pauline Bouveau.

Autre sentiment exprimé, celui d'un sujet "traité d'une manière trop théorique ", avec des cours "trop axés sur les problèmes et pas assez sur les solutions". Ce qui peut amener à de l'éco-anxiété.

Quelques solutions préconisées par les étudiants

Parmi les pistes préconisées par les sondés, celle de campus plus responsables revient, avec plusieurs propositions : l'installation de panneaux solaires, l'éducation des étudiants au tri ou la réduction du gaspillage alimentaire

Par ailleurs, certains étudiants "évoquent un manque de prise en compte de la contribution étudiante autour de ce sujet, alors que de nombreuses associations étudiantes s'y consacrent", indique le rapport.

Ils appellent à faire participer les étudiants à la construction de la stratégie écologique de l'école. Une proposition que reprend à son compte le BNEM, qui souhaite que les écoles intègrent davantage les étudiants dans leurs décisions.

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