Budget 2012 : l’Éducation nationale, n°1 des ministères pour les suppressions de postes

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En 2012, le budget de l’Éducation nationale alloué à la mission enseignement scolaire augmente de 0,9 %. C’est moins qu’en 2011 (+1,6 %) et surtout moins que l’inflation (1,7 %). Cette année encore, le ministère de Luc Chatel est le plus ponctionné par les coupes franches réalisées dans les dépenses publiques. Avec le principe du « non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite », ce sont cette année 14 000 postes qui seront supprimés (soit près de la moitié des suppressions de postes de l'Etat) à la rentrée 2012, contre 16 000 en 2011. Au total, l’Éducation nationale aura perdu 80 000 postes en 5 ans. 

Mercredi 28 septembre 2011, en soirée, le ministère a indiqué précisément la répartition des suppressions de postes en 2012 : 5700 postes d’enseignants du premier degré public (dont environ 1000 de surnombre, une « source » qui commence à se tarir), 6550 postes d’enseignants du second degré public (contre 4800 en 2011), 1350 postes dans l’enseignement privé sous contrat et 400 postes de personnels administratifs.

Le second degré toujours mieux loti

Si les suppressions de postes touchent plus le second degré cette année, collèges et lycées sont toujours mieux lotis avec 29,672 milliards d’euros alloués en 2012 sur 61 milliards d’euros au total. Malgré le manque d'investissement dans le premier degré souligné par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et la promesse de Nicolas Sarkozy de « sanctuariser l'école primaire », le budget des écoles augmente de 0,6 %. Celui des collèges et des lycées de 0,8 %.

Les professeurs vivent vieux (et cela coûte cher à l'Etat)

L'augmentation du budget et sa répartition sont quasiment entièrement liées à la masse salariale. Celle-ci représente 94 % de la somme. Ce qui laissera peu de marge pour le développement de projets pédagogiques... "Le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux permet ainsi d’économiser 70 milliards d’euros sur 40 ans, 100 milliards en comptant les pensions. En France, c’est la femme professeur des écoles de 42 ans qui a la plus grande espérance de vie : 92 ans », a rappelé le ministère.
Pour faire des économies de personnels, la méthode ne change pas, « sauf que les choses sont rodées ». Comme en 2011, il est prévu de faire un maximum « appel au local », de partir de « l’état des lieux académie par académie ».  

La chasse aux petits effectifs

Un des principaux leviers de suppressions de postes sera à nouveau l’augmentation de la taille des classes dans les écoles et les collèges « qui ne relèvent pas de l'éducation prioritaire ». L’idée est « d’ajuster la taille des classes en dessous d’un nombre raisonnable d’élèves ». Du reste, le nombre de classes de moins de 15 élèves en collège a diminué. Le ministère en recensait 2100 en 2011. Il en reste 1600 aujourd’hui. Idem pour le nombre de classes de moins de 19 élèves estimé à plus de 10 000 en 2011. Il n’en reste aujourd’hui que 6600. La moyenne nationale s’élève à 23,6 élèves par classe. Pour pousser la logique jusqu’au bout, le ministère envisage de s’attaquer aux classes préparatoires aux grandes écoles à faibles effectifs et aux STS (sections de technicien supérieur) qui ne font pas le plein.

Les mêmes leviers qu’en 2011

Les autres leviers restent le retour des enseignants qui n'étaient pas devant des élèves, la suppression des intervenants extérieurs de langues étrangères dans les écoles, le regroupement d’établissements, la diminution des décharges des services d’enseignement, la révision de l’organisation de l’offre de formation en lycée (par exemple, en mutualisant certaines options entre différents établissements d’une même agglomération), la diminution de la scolarisation des enfants âgés de deux ans (sauf dans les écoles de l’éducation prioritaire), l’adaptation du dispositif de remplacement des enseignants absents et la rationalisation des moyens en personnels administratifs. 

L’Éducation nationale, le 2e poste de dépenses de l’État

Le ministère a également profité de sa présentation du budget pour présenter ses priorités : la réforme du lycée général et technologique , les expérimentations, la scolarisation des élèves handicapés (453 millions d’euros), le fonctionnement des internats d’excellence (on comptait 10 000 places en 2011) ou encore l’orientation des élèves.
Au total, l’Éducation nationale représente un quart du budget de l’État. Comme en 2011, « il s’agit de son premier poste de dépenses hors charge de la dette », a rappelé le ministère. Le projet de loi de finances 2011 doit à présent être voté par le Parlement.  

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