EdTech : le marché scolaire et parascolaire français évalué à 89 millions d’euros

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EdTech : le marché scolaire et parascolaire français évalué à 89 millions d’euros
Le marché de la EdTech française pour les secteurs scolaire et parascolaire a été évalué à 89 millions d'euros en 2017, pour environ 350 entreprises. // ©  plainpicture/Blend Images/Hill Street Studios
Que représente le marché EdTech scolaire et parascolaire en France ? La Caisse des dépôts a rendu publique une étude de marché qui analyse le potentiel de croissance de la filière et ses perspectives à cinq ans.

89 millions d’euros. Telle est l’estimation du marché de la EdTech française pour les secteurs scolaire et parascolaire en 2017. Ce chiffre, communiqué jeudi dans une étude réalisée par le cabinet Deloitte pour la Caisse des dépôts, représente la première évaluation du poids économique de ce secteur d’activité en France.

L’étude de marché distingue trois types de services pour les élèves de 3 à 17 ans : les contenus pédagogiques évalués à 42 millions d’euros en 2017, les services de gestion scolaire dont les ENT (environnements numériques de travail) pour 43 millions d’euros, et les contenus et services parascolaires pour 4 millions d’euros. En appliquant un scénario optimiste, le marché de la EdTech en France pourrait atteindre 156 millions d’euros en 2022, contre 115 millions d’euros pour un scénario pessimiste.

Cette étude n’est pas publiée au hasard : elle intervient dans un contexte d’ébullition de cette filière, marquée par d’importantes levées de fonds en 2018 (OpenClassrooms, Klaxoon), la création de deux fonds d’investissements dédiés, Educapital et Brighteye Ventures, et par plusieurs initiatives rassemblant les acteurs de la EdTech.

L’année 2017 a ainsi vu le lancement, en mars, d’un Observatoire des EdTech, porté par la Caisse des dépôts, Edfab et la Maif, et dont EducPros est partenaire, puis, en novembre, d’une association rassemblant les start-up du secteur sous la bannière EdTech France. Cette dynamique s’incarne également dans des clusters régionaux comme EducAzur en Paca, à Bordeaux, où encore à Lyon, où l’EM vient de lancer son propre accélérateur EdTech.

Les pouvoirs publics ne sont pas en reste

Mais comment expliquer cet écart entre le potentiel de ce secteur, fort de 13 millions d’élèves et de 880.000 enseignants, et son poids économique réel, relativement faible au regard d’autres secteurs de la Tech ? Selon les auteurs de l’étude, les raisons tiennent au manque d’infrastructures et d’appui dans les établissements scolaires, qui peuvent décourager les usages, à la complexité des circuits d’achats publics, et à l’absence d’un budget numérique et à la main des équipes pédagogiques dans les établissements.

"Ces spécificités font de l’EdTech française un paysage composé, d’une part, d’une minorité d’acteurs initiés, parfois dans des situations dominantes, et, d’autre part, de nouveaux acteurs qui dégagent des chiffres d’affaires encore modestes", analysent les auteurs. Pour accélérer leur croissance, les entreprises de la EdTech se tournent donc vers le marché de la formation continue ou misent fortement sur l’international.

"Notre métier est d’accompagner les start-up sur le secteur scolaire notamment, observe ainsi Litzie Maarek, cofondatrice d’Educapital. Il existe un vrai consensus sur la complexité d’accès au marché. Celles qui y parviennent sont les sociétés qui placent leurs pions partout. Nous, nous prônons une simplification d’accès au marché, avec une plus grande autonomie des enseignants" dans l’acquisition de leurs ressources. "La seule solution pour dépasser ce plafond de 89 millions d’euros reste de ne pas s’essouffler à courir les appels à projets, et de construire un produit qui peut s’internationaliser et se développer à grande échelle", conseille-t-elle.

Il existe un vrai consensus sur la complexité d’accès au marché. [Les start-up] qui y parviennent sont les sociétés qui placent leurs pions partout. (Litzie Maarek)

De son côté, Jean-Marc Merriaux, tout juste nommé directeur du numérique pour l’éducation au ministère de l’Éducation nationale et ancien directeur de Canopé, souligne la particularité du marché de l’éducation français : "Ce n’est jamais l’usager final qui paie. Or, l’économie du web ne marche pas comme cela, sans lien avec l’usager final. Cela reste donc un marché très compliqué à adresser."

Fondateur de Beneylu, plate-forme de ressources pédagogiques pour le primaire, et président d’EdTech France, Benjamin Viaud, lui, ne réclame pas "d’argent au ministère, mais simplement une règlementation claire. Les enseignants doivent savoir s’ils ont le droit ou non d’utiliser une plate-forme dans leurs classes. Et sur le terrain, les inspecteurs n’en savent rien !", regrette-t-il. Un message entendu par le ministère, qui publiera à la rentrée 2018 une charte des usages numériques pédagogiques, rebondit Jean-Marc Merriaux.

Les prochains mois pourraient être décisifs pour la filère EdTech. Le secrétaire d’État au Numérique, Mounir Mahjoubi, a présenté fin mai les résultats de son tour des start-up, une consultation en ligne pour recenser les difficultés rencontrées au quotidien par les entrepreneurs.

Concernant le secteur de la EdTech, il liste trois actions à venir pour structurer la filière et la faire grandir : la finalisation d’un "cadre de confiance destiné à rendre plus lisible et à faciliter pour l’ensemble des acteurs le recours à des outils et services numériques innovants au sein de l’Éducation nationale", un "projet de cartographie de la maturité numérique des établissements porté par la Caisse des dépôts, en vue d’un déploiement en octobre 2018", puis "la structuration de la filière autour du travail de l’association EdTech France, en lien étroit avec l’ensemble des associations EdTech régionales et la mission French Tech, en s’appuyant sur l’Observatoire EdTech".

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