Enseignements d’exploration de seconde : vers des choix imposés aux élèves ?

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À la rentrée 2012, les élèves de seconde de certaines académies se verront-ils imposer leur enseignement d’exploration dans le domaine de l’économie ? C’est ce que prétend l’APSES (Association des professeurs de sciences économiques et sociales). Dans une lettre adressée à Luc Chatel, le ministre de l’Education nationale, le 16 janvier 2012, l’APSES déclare : "Sur consignes ministérielles, certains recteurs d’académie tentent d’imposer auprès des chefs d’établissements que seuls 50% des élèves de seconde suivent notre enseignement". Et d’accuser la réforme du lycée "d’organiser sciemment la concurrence" entre les SES – qui selon l'association devraient être "intégrées aux enseignements obligatoires de seconde" – et les PFEG (principes fondamentaux de l’économie et de la gestion), créés en 2010. Les enseignants des deux disciplines sont pourtant souvent les mêmes.

Pas de texte mais des remontées du terrain

En 2011, 85% des élèves ont choisi les SES comme enseignement d’exploration, 15% ont préféré les PFEG, environ 10% ont pris les deux disciplines. Par souci de rééquilibrage, le ministère a-t-il donné des directives ? "Aucune consigne ministérielle n’a été formulée sur un quelconque objectif de quota à réserver respectivement aux deux enseignements d’exploration d’économie en seconde générale et technologique. La seule exigence formellement exprimée est que tous les élèves, sans exception, doivent se voir proposer les deux enseignements", a répondu à EducPros le ministère. Du reste, aucun texte officiel, aucune circulaire n’ont été publiés sur ce sujet.

Restent des remontées du terrain… "Au printemps 2011, suite à une réunion des proviseurs avec le recteur, mon chef d’établissement m’a confié qu’il ne pourrait plus proposer à tous les élèves qui le souhaitent l’enseignement d’exploration de SES. Mais pour le moment, aucune information officielle n’est tombée pour la rentrée 2012. On attend notre dotation horaire globale", témoigne un professeur de SES de l’académie de Versailles, l’une des 4 académies désignées par l’APSES avec celles de Paris, de Créteil et de Lille.

Inciter, ne pas imposer

Le recteur de Créteil, William Marois, affirme "ne jamais avoir donné de consigne orale ou écrite concernant les équilibres entre les deux enseignements d’exploration". Pour sa part, celui de Lille avoue avoir passé un message aux proviseurs. "J’ai donné des orientations orales à la rentrée 2011. En avril 2011, j’avais déjà, par écrit, attiré l’attention des chefs d’établissement qui avaient peu ou pas proposé les PFEG l’année précédente. Une vingtaine de lycées généraux et technologiques sont concernés sur la centaine que compte l’académie. Je leur ai demandé de mieux expliquer aux élèves ce que sont les PFEG. Il ne s’agit pas d’imposer un choix aux familles mais de les inciter à découvrir une nouvelle discipline", déclare Marie-Jeanne Philippe.

Pas de proviseur au pilori

Florence Delannoy, proviseur du lycée Fénelon à Lille et membre du bureau national du SNPDEN (syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale), confirme. "Le recteur nous demandé d’essayer de favoriser les PFEG. Mais nous devons aussi respecter le libre choix des élèves.  Il faut donc concilier libre choix et parité des disciplines. A priori, aucun proviseur n’a été jusqu’ici cloué au pilori pour ne pas avoir établi l’égalité". Qu’en sera-t-il en 2012-2013 ?

Enseignements d’exploration, piqûre de rappel

Depuis la rentrée 2010, les élèves de seconde doivent choisir 2 enseignements d’exploration parmi une liste de 18. Ces modules permettent de découvrir de nouvelles disciplines sans impliquer une orientation en première.
Parmi ces deux matières, il en faut au moins une d’économie : les SES ou les PFEG. Les SES et les PFEG permettent d’aborder des approches différentes. Les premières sont plus axées économie et sociologie, les seconds sont plus orientés économie et compta-gestion. Dans l’enseignement public, les SES sont proposées dans 1491 lycées, les PFEG dans 1401 établissements (sur 1571). Pour que l'offre soit générale sur la France entière, un effort reste donc à accomplir.

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