Etats généraux de la sécurité à l’école : deux jours pour lutter contre la violence scolaire

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Etats généraux de la sécurité à l’école : deux jours pour lutter contre la violence scolaire
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Comment lutter contre la violence à l’école ? Les 7 et 8 avril 2010, le grand amphithéâtre de la Sorbonne a accueilli Les Etats généraux de la sécurité à l’école *. Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale, a regretté, en ouverture de séance, le manque d’indicateurs sur la violence à l’école. Deux préconisations sont revenues dans les débats : avoir des sanctions plus graduées (le ministère a déploré la garde à vue de jeunes à Marseille la veille, pour avoir insulté une élève) et repenser la formation continue des enseignants.

« La violence scolaire n’a pas de cause unique, et surtout ce n’est pas une fatalité », a rappelé Éric Debarbieux, professeur en sciences de l'éducation à l'université de Bordeaux 2 et président de l'Observatoire international de la violence à l'École. Ce dernier préside le conseil scientifique créé à l'occasion. Parmi ces experts (cf. encadré), on peut relever la présence notable de plusieurs spécialistes étrangers venus du Canada, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et d’Israël, de Belgique et du Luxembourg. L’idée était sans aucun doute d’ouvrir les yeux des professionnels de l’éducation sur les expériences menées avec plus ou moins de succès à l’étranger, et en particulier, la « tolérance zéro », qui d’après Russel J.Skiba, professeur venu de l’Indiana est loin d’avoir été un succès aux Etats-Unis.

La formation continue des enseignants pointée du doigt

Il ne servirait à rien de se contenter de former les dentistes à l’importance du sourire social ! C’était la phrase à retenir mercredi matin. Egide Royer, co-directeur de l’observatoire canadien pour la prévention de la violence à l’école venu de Laval (Québec) a insisté sur la formation des enseignants pour les aider à gérer leur classe, mais aussi pour éviter qu’ils ne quittent l’enseignement pendant les premières années ! Quant à Alain Bauer, président du conseil d’orientation de l’observatoire national de la délinquance, il a soulevé le problème de la qualité de la formation continue, « souvent trop courte et assurée par des formateurs, qui s’avèrent eux-mêmes pas formés à ce qu’ils sont sensés enseigner ». « Bien souvent a-t-il dit, l’intitulé est flou, le contenu encore plus, la durée trop courte, sans compter qu’il est extrêmement difficile de les recenser ».

* Les participants (proviseurs, professeurs, syndicats, et associations) se sont rassemblés pour écouter des experts mais aussi échanger à l’occasion de différents ateliers (mesure de la violence, sanctions..). Les différentes interventions ont été animées par Emmanuel Davidenkoff, directeur de la rédaction de L’étudiant. En tant que secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la ville, Fadéla Amara, était également présente, puisqu’il s’agissait d’un rendez-vous inter-ministeriel.

Les textes et les vidéos des différentes interventions sont consultables sur le site : http://les-etats-generaux-de-la-securite-a-l-ecole.education.gouv.fr/

Quelle violence à l’école : les chiffres
D’après une note d’information  de la DEPP, en 2008-2009, les établissements publics ont  enregistré 10,5 incidents graves pour 1000 élèves. Les lycées d’enseignement général et technologiques sont moins touchés (moins de 4%) que les collèges et lycées professionnels (12 et 13 %). Les collèges aussi sont exposés, avec 12 actes de violence pour 1000 élèves. Sur un trimestre, la violence se concentre sur 10 % des établissements. La violence physique (39 %) et verbale (35%) représente  les trois quarts des incidents recensés. Le racket (2,3 %) et les violences à caractère sexuel sont nettement plus rares (1,6 %). A savoir, les garçons sont auteurs à 77 % des incidents.

Parmi les participants aux Etats généraux de la sécurité à l'école
Ron Avi Astor, professeur à l'université de Los Angeles (États-Unis), Alain Bauer, criminologue, président du Conseil d'orientation de l'Observatoire national de la délinquance, Claire Beaumont, co-directrice de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'École, présidente du Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement (Canada), Rami Benbenishty, professeur à l'université de Bar-Ilan (Israël), Catherine Blaya, professeure à l'université de Dijon, Dominique Bodin, professeur de sociologie à l'université de Rennes, expert au Conseil de l'Europe pour les questions de déviances et de violences juvéniles, Davis Farrington, professeur à l'université de Cambridge (Royaume-Uni), Christian Philip, professeur des universités, recteur de l'académie de Montpellier, Laurier Fortin, professeur titulaire au département de psychoéducation de l'université de Sherbrooke (Québec), Philippe Jeammet, professeur de pédopsychiatrie à l'université Paris V, Françoise Lorcerie, directrice de recherches au CNRS, Grégory Michel, professeur de psychopathologie et de psychologie clinique, Georges Steffgen, professeur de psychologie à l'université de Luxembourg (Luxembourg), Nicole Vettenburg, professeure de sciences sociales à l'université de Gand (Belgique)

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