Formation en kinésithérapie : les étudiants "confiants mais prudents"

Céline Authemayou Publié le
Le 20 mars 2013, étudiants et syndicats de masseurs-kinésithérapeutes étaient dans la rue pour protester contre la réforme des études de la filière, annoncée le 25 janvier par les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur. Si certains points du dossier semblent s’éclaircir, d’autres restent soumis au débat.

Ils se veulent confiants mais restent prudents. Etudiants kiné et syndicats professionnels du secteur ont obtenu quelques promesses de la part des ministères, à la suite d'une journée de manifestation parisienne. Reçue au ministère des Affaires sociales et de la santé, une délégation est repartie avec plusieurs engagements de la part des représentants des ministres : la suppression du concours PCB (physique-chimie-bio, aujourd'hui proposé par une minorité d'IFMK) et la généralisation d'une année de sélection à l'université pour 2014.

"Nous restons sur nos gardes car ces engagements restent oraux, note Pauline Lucas, vice-présidente de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie. Quant à la reconnaissance des études au niveau master 2, elle n'a pas du tout été évoquée. Si la sélection via l'université est déjà un très bon point, notre but reste l'intégration universitaire pleine et entière."

"Ne pas brusquer les choses"

Parallèlement au cortège, une délégation a pu rencontrer Olivier Veran, député socialiste de la première circonscription d'Isère et membre de la commission des Affaires sociales à l'Assemblée nationale. L'arbitrage des ministères, publié par voie de communiqué le 25 janvier dernier et instaurant les études de kiné à niveau licence a été "dédramatisé". "Il ne faut pas le prendre comme un échec, rassure Olivier Veran mais comme un appel très clair au dialogue. Dans le cadre de la stratégie nationale de santé annoncée en début d'année par le Premier ministre, une réforme poussée des formations aura assurément lieu. Il ne faut donc pas brusquer les choses."

Vers l'harmonisation de la première année d'études

Bien conscients que la situation se réglera par le dialogue, étudiants et professionnels restent unis. "C'est ce qui nous permet de mettre la pression sur le gouvernement, constate Pauline Lucas. Ce qui est plus désolant, c'est d'avoir dû aller jusqu'à la manifestation pour obtenir des rendez-vous auprès des ministères... " Avec, en fond de tableau, une incompréhension face à ce blocage, alors que d'autres professions paramédicales ont obtenu par exemple une reconnaissance à bac+5 de leur formation. "Pour les kinésithérapeutes, la difficulté vient du fait que la première année d'études n'est pas harmonisée, note Olivier Veran, fervent défenseur de la reconnaissance à bac+5. Il faut donc repenser la formation initiale pour créer un ensemble cohérent, qui permettra également de développer la recherche publique."

Le député devrait recevoir une délégation d'étudiants et syndicats dans les prochaines semaines, pour poursuivre la discussion de façon plus "posée". Des groupes de travail vont par ailleurs être mis en place dans les prochaines semaines, avec la conférence des doyens de médecine et la conférence des présidents d'université (CPU).

En Bretagne, l'IFMK de Brest fait débat

Le nouvel IFMK de Brest, qui ouvrira ses portes à la rentrée 2013 provoque quelques remous en Bretagne. Le 25 février 2013, les frais d'inscription du futur institut public (rattaché au CHU de la ville) ont été dévoilés : 6.000 euros annuels. Un coût qui reste au travers de la gorge des étudiants bretons. "Ce qui nous pose problème, c'est que la sélection est ouverte depuis septembre 2012 et que les étudiants voulant rejoindre l'institut brestois n'ont pas eu ces informations dès le début", explique Anna Meynier, vice-présidente enseignement supérieur de la Fédé B, association d'étudiants bretons.

L'établissement public affiche les mêmes frais de scolarité que son voisin de Rennes, qui est, quant à lui, privé. La Région, qui a délégation pour établir les frais de scolarité des formations paramédicales affirme vouloir veiller à l'équité des études sur son territoire. "Notre politique n'est pas différenciée selon la nature des instituts, argumente Béatrice Le Marre, conseillère régionale en charge de la santé. Ainsi, nous allons proposer aux étudiants des deux IFMK une bourse d'études, qui prendra en charge une large partie des frais d'inscription. En contrepartie, ils s'engageront à travailler durant trois ans dans un hôpital public de la Région." Cette solution vise à inciter les jeunes kinés à rester dans le public. Aujourd'hui, 79% d'entre eux rejoignent le privé à la fin de leurs études.

Olivier Veran, rapporteur de l’article 22 de la loi ESR
Passé en conseil des ministres le 20 mars 2013, le projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche sera présenté au Parlement dans quelques semaines. La Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale a été saisie pour avis : Olivier Veran devient rapporteur de l’article 22, dédié aux formations en filière santé.
Après une première quinzaine d'avril 2013 d'auditions du rapporteur, la rédaction du rapport législatif et des amendements en commission interviendra la semaine du 15 avril.

Céline Authemayou | Publié le