France-Etats-Unis : la coopération scientifique renforcée après le voyage de François Hollande

Jean-Claude Lewandowski Publié le
Quatre accords de partenariats transatlantiques viennent d'être signés dans le domaine de la recherche, à l'occasion du séjour américain du président de la République. L'un des plus prometteurs porte sur les "villes intelligentes". Il a été conclu avec le concours de Prime, l'antenne de l'Agence de développement francilienne aux Etats-Unis.

C'est l'une des retombées, passée plutôt inaperçue, du récent voyage de François Hollande aux Etats-Unis : la coopération scientifique franco-américaine devrait connaître un coup d'accélérateur. Quatre accords ont été signés, sous l'égide de Geneviève Fioraso. Deux d'entre eux visent à faciliter le lancement de projets de recherche communs ; un troisième, conclu entre la Nasa et le Cnes, concerne la mission martienne InSight.

Mais l'accord le plus novateur porte sur les "villes intelligentes". Il associe l'Inria et le Citris (Center for Information Technology Research in the Interest of Society), une des principales institutions publiques de recherche outre-Atlantique. De son côté, l'antenne américaine de l'Agence régionale de développement francilienne, Prime (Paris Region International Mission Enterprise), a joué un rôle clé de facilitateur pour sa conclusion.

"L'objectif est de renforcer une collaboration déjà ancienne entre deux acteurs majeurs de la R&D, explique Marie-Perrine Durot, chargée des partenariats technologiques à Prime. Les "villes intelligentes" sont un thème transversal, avec par exemple d'importantes implications dans le domaine du big data." La question des "smart cities" mobilise depuis longtemps le Citris. L'Inria, en revanche, ne s'y intéresse que depuis peu - ce qui ne l'empêche pas d'être déjà bien implanté dans la Silicon Valley, où il participe à 27 projets, dans des domaines variés.

Pour l'heure, trois axes de travail ont été retenus : les transports, la pollution atmosphérique et les nuisances sonores. Pour le premier, le Citris pilote un important programme de recherche à l'université de Berkeley et possède une longueur d'avance. Sur le second volet, et notamment la mesure des émissions de CO2, les deux partenaires ont déjà travaillé chacun de son côté. Quant aux nuisances sonores, il s'agit pour l'Inria comme pour le Citris d'un champ encore vierge.

Nous voulons renforcer les échanges entre chercheurs, jeunes pousses françaises ou américaines, et industriels (M.-P.Durot)

Des ouvertures pour les institutions françaises d'enseignement supérieur

"A ce stade, l'accord ne prévoit pas d'engagement financier, souligne-t-on du côté de Prime. Mais le fait que deux poids lourds de la recherche affichent leur volonté de coopérer n'est pas anodin." L'initiative pourrait déboucher sur une demi-douzaine de projets conjoints. Avec, à terme, des expérimentations sur la côte Ouest des Etats-Unis, mais qui pourraient se dérouler aussi en France - notamment dans la perspective du programme "Grand Paris".

L'accord offre des opportunités pour d'autres établissements français d'enseignement supérieur et de recherche : il devrait ouvrir la voie à de nouveaux projets scientifiques impliquant doctorants ou post-doc, et favoriser la création de start-up. "Tout est encore très ouvert, indique Marie-Perrine Durot. Nous sommes dans une logique d'open innovation. Nous voulons renforcer les échanges entre chercheurs, jeunes pousses françaises ou américaines, et industriels comme Renault, IBM et EDF, qui ont manifesté leur intérêt." Et si l'accord fait la part belle aux sciences dures, les sciences humaines et sociales auront aussi voix au chapitre.

La signature de cette série d'accords confirme en tout cas la solide réputation de la science française aux Etats-Unis. "La Silicon Valley accueille de nombreux professeurs et thésards venus de France, ainsi que des créateurs de start-up, observe Marie-Perrine Durot. Les ingénieurs formés dans l'Hexagone sont aussi très appréciés. Tous contribuent à améliorer l'image de la recherche française dans le pays."

Jean-Claude Lewandowski | Publié le