
Attentat à Nice le 14 juillet 2016, à Paris en novembre 2015... Les étudiants en médecine doivent-ils désormais s'habituer à prendre en charge des victimes présentant des blessures post-traumatiques ? Où en est la réflexion de la Conférence des doyens de médecine sur la formation des étudiants dans ce type de situations ?
À Paris comme à Nice, les médecins et futurs médecins, les internes comme les externes en service à l'hôpital sont sur la ligne de front. À Nice, la faculté a d'ailleurs été réquisitionnée et reste fermée lundi 17 juillet.
Au moment des attentats de novembre 2015, à Paris, nos étudiants ont été en état de choc, comme tout le monde. À une différence près : un médecin se doit d'être utile, d'essayer de sauver des vies. Nous avons organisé des moments d'échanges dans les semaines qui ont suivi entre les doyens d'Île-de-France et les étudiants, et avons constaté une grande souffrance des étudiants et internes présents au moment de l'arrivée des blessés à l'hôpital.
D'un côté, ils ont l'impression d'avoir accompli leur devoir en répondant présent, même si l'aide apportée consistait parfois à faire des points de suture. De l'autre côté, ils ont souvent ressenti un sentiment d'incompétence car ils ne sont pas préparés à la prise en charge de blessures de guerre. Ils ont aussi été confrontés à la douleur des familles.
Désormais, la crainte que de tels événements se reproduisent est dans toutes les têtes, et les étudiants veulent se préparer au mieux, sur le plan technique mais aussi sur le plan psychologique.
La formation actuelle des médecins leur permet-elle déjà de se former à la prise en charge de blessés dans le cadre d'attentats ?
Il existe déjà des unités d'enseignement proposées en troisième ou quatrième année qui forment à la prise en charge des blessures de guerre. Certains de nos étudiants veulent travailler en ONG, souvent sur des terrains à risque, et ils bénéficient de formations spécialisées.
En Île-de-France par exemple, l'École militaire du Val-de-Grâce propose une UE spécifique portant sur les blessures de guerre. Tous les étudiants de médecine de la région peuvent y participer. L'École de santé des armées, à Lyon, propose également une qualification opérationnelle en santé des armées, visant à former médecins et pharmaciens aux spécificités de leur métier sur un terrain en guerre.
Mais, jusqu'à présent, ces différentes formations ne concernaient qu'une petite minorité d'étudiants.
Le périmètre du stage Samu pourrait être modifié afin d'initier à certains gestes pratiqués fréquemment par les militaires.
Faudrait-il rendre obligatoire une formation minimale ?
Il faut absolument que la formation des médecins intègre les premiers soins post-attentat, mais pour l'instant, rien n'a été acté au sein de la Conférence des doyens de médecine. Nous sommes encore au début de notre réflexion.
Néanmoins, tous les étudiants suivent déjà, en deuxième ou troisième année de médecine, un stage en lien avec le Samu (Service d'aide médicale urgente) avec de nombreuses simulations sur mannequin. Jusqu'à présent, ce stage était centré sur les arrêts cardiaques ou les intubations car le risque d'être confronté à des blessures post-attentat était très faible. C'est logique. Enfin, c'était logique.
Le périmètre de ce stage Samu pourrait être modifié afin d'initier à certains gestes pratiqués fréquemment par les militaires et qui sont relativement simples, mais que les étudiants en médecine n'apprennent pas. Ce stage constituerait le cadre idéal pour apprendre à poser un garrot, un geste crucial en cas de blessure suite à une explosion, ou encore pour apprendre à comprimer une artère.