Nouveau campus, nouveau programme hybride : Kedge décline sa stratégie

Étienne Gless Publié le
Nouveau campus, nouveau programme hybride : Kedge décline sa stratégie
Agnès Grangé, présidente de Kedge BS, et José Milano, directeur général de l'école de management. // ©  Etienne Gless
La business school, qui, pour 7 millions d’euros, s'offre un nouveau campus parisien de 3.500 m2, poursuit la refonte de son catalogue de formations et la digitalisation de ses services. Des investissements lourds financés sur ses seuls fonds propres.

"Si vous tweetez pendant la conférence, utilisez le hashtag New age New Kedge." Agnès Grangé préside bien aux destinées d’une business school ! Les annonces de la conférence de presse annuelle de Kedge BS, le 16 mai dernier y étaient "marketées" au millimètre près. L’enjeu : délivrer les premiers éléments de preuves concrets du nouveau positionnement de l’école, qui a adopté sa nouvelle stratégie voici un an. Cette dernière se décline en trois axes : humanités et bien commun, management de la tech et entrepreneuriat. Une posture résumée par la nouvelle signature de marque en 3D : "Discover, decode, do".

7 millions d'euros pour un nouveau campus

Premier élément concret de cette nouvelle stratégie, le nouveau campus parisien de 3.200 m2. Actuellement en pleins travaux, il est situé dans le vaste immeuble d’affaires Lumière (135.000 m2), près de la gare de Lyon dans le 12e arrondissement de Paris. "Notre première implantation dans le centre d’affaires à Paris 9e s’est vite révélée trop petite", note Agnès Grangé. Historiquement basée à Bordeaux et Marseille, la business school investit 7 millions d’euros dans ses nouveaux locaux parisiens, qui accueilleront dès la rentrée 2019 les programmes d''executive education' et les programmes spécialisés (mastères spécialisés, MS et masters of science MSc).

"Nous sommes solides financièrement et avons les moyens de financer nos investissements sur nos seuls fonds propres, se targue Agnès Grangé. Si nous étions un peu endettés au moment de la fusion, ce n'est plus le cas aujourd'hui". La présidente de Kedge s'autorise même une gentille pique à l'égard de ses concurrents : "Nous n’avons pas l’urgence de certains de nos collègues quant à leur équilibre financier, et c'est tant mieux car nous apprenons à nos jeunes, futurs décideurs économiques la gestion responsable".

8%, 10% ou 15% ? Ce qui est certain c'est que l'enveloppe d'investissement d'une business school doit être extrêmement significative. C'est un des bouleversements du métier"
(J. Milano)

Une plateforme digitale de valorisation des "soft skills"

Deuxième concrétisation de la stratégie, l’annonce d’une nouvelle plateforme numérique de valorisation des compétences douces (les fameux "soft skills") pour son dispositif Be-U, qui accompagne depuis 2004 les étudiants en formation initiale dans leur parcours professionnel et personnel tout au long de leur scolarité.

"Be-U est un programme transverse reconnu comme 'best practice internationale par les accréditeurs', rappelle José Milano le directeur général de Kedge. Il permet à l'étudiant d'enrichir ses compétences sociales et de les valoriser auprès des recruteurs. C’est la colonne vertébrale de la scolarité de nos étudiants."

Outre la reconnaissance académique, le dispositif Be-U est salué par les professionnels : "Le marché de l’emploi cadre est actuellement hypertendu : c'est le plein emploi et on connait même une pénurie de talents. Si on ne travaille que sur les 'hard skills', les employeurs, c'est-à-dire nos clients, n'ont aucune chance de trouver. D'où notre travail sur les soft skills", insiste Laurent Da Silva, directeur général du recrutement professionnel au sein du groupe Adecco France.

Un parcours hybride de manager ingénieur avec l'Isen à Toulon

Dans le bouquet de nouveautés annoncées par l'état-major de Kedge, la création d'un diplôme d'ingénieur accessible aux étudiants en management de la business school. Avec l'Isen Méditerranée, Kedge va ainsi bâtir, à la rentrée 2019, un pôle de formation hybride en management des technologies dans le centre-ville de Toulon, sur le futur campus de Chalucet. Trois parcours croisés dédiés y seront proposés aux élèves ingénieurs et aux étudiants du programme grande école de Kedge.

Ces derniers suivront pendant quatre semestres un parcours ingénieur, en vue de l'obtention du titre d'ingénieur de l'Isen Méditerranée. Si le programme n'ouvre qu'à la rentrée 2020, les élèves de première année du programme GE volontaires auront la possibilité, dès cette année, de se tester sur le parcours d'ingénieur.


Des chaires dans le vin et la finance responsable, un incubateur dématérialisé.

Autre nouveauté remarquée : la création d'une chaire en finance responsable, lancée avec la société de gestion d'actifs Candriam (100.000 € sur 4 ans). Kedge a acquis de longue date une légitimité en matière de RSE avec son test Sulitest, qui sensibilise les étudiants aux grands enjeux du développement durable, et son master of science (MSc) entièrement dédié à la finance responsable et ayant le grade de master.

La business school annonce aussi une chaire "Consommation responsable" avec l'association Vin et société. Le lobby de la filière viticole s'engage pour une dotation d'environ 250.000 € sur trois ans. Sur son campus de Bordeaux, Kedge se dote d'un nouvel outil pédagogique, un "Wine Lab" pour ses formations spécialisées dans le vin.

Enfin, pour rattraper son retard en entrepreneuriat, Kedge annonce le lancement en septembre 2019 d'un incubateur dématérialisé : une plateforme web avec toutes les ressources et services pour monter sa start-up depuis l'idée jusqu'à la création de l'entreprise. Objectif : séduire étudiants et diplômés de Kedge éloignés des campus. "Nous souhaitons passer de 70 start-ups accompagnés en présentiel en 2018 à plus de 300 en 2021 (80 en présentiel et 235 à distance", précise José Milano.

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