Comment répondre aux exigences de la formation actuelle en médecine avec des budgets contraints ? C'est à ce dilemme que répond à sa manière l'UPMC, avec le lancement, lundi dernier, d'une campagne de financement participatif pour améliorer l'équipement de son centre de simulation médicale. Un centre créé en 2015, et réparti sur deux sites, l'hôpital Trousseau et la Pitié-Salpétrière.
Objectif : récolter 15.000 euros via la fondation de l'établissement, pour acheter cinq mannequins pour le site mère-enfant de l'hôpital Trousseau, baptisé Pulse (Plate-forme pédiatrique hospitalo-universitaire d'e-learning et de simulation de l'est parisien). "Trois mannequins sont déjà disponibles sur le site pour s'exercer à la ponction lombaire sur les enfants, mais cela ne permet pas de former nos 400 étudiants en second cycle", déplore le professeur Arnaud Petit, pédiatre à la tête du module qui s'appuie sur le centre de simulation.
Une opération de communication avant tout
Rappelant que le développement de l'enseignement par simulation fait partie des recommandations de la HAS (Haute autorité de santé), l'UPMC a souligné lors du lancement de la campagne qu'elle avait mis en place ce type de pédagogie dès 2011. "Notre objectif est surtout de communiquer sur la modernité de notre formation, en toute transparence avec le grand public, poursuit Arnaud Petit. Nous souhaitons attirer des donateurs qui ne connaissent pas l'université et augmenter la visibilité de notre fondation en interne, notamment auprès des étudiants", précise Mélina Mercier, directrice de la fondation.
Difficile cependant de ne pas voir dans l'opération un signal d'alarme alertant sur les difficultés financières rencontrées aujourd'hui par les universités. "C'est évident que nos moyens sont restreints et insuffisants, pointe le pédiatre. Les besoins sont très importants en Île-de-France. Le nombre d'étudiants en médecine a doublé en dix-quinze ans, alors que, dans le même temps, les hôpitaux ont réduit leur nombre de lits. Pour l'étudiant, le temps passé auprès du patient s'est donc contracté. Les mannequins sont une façon de compenser partiellement cette évolution."
Des équipements toujours cofinancés
Comme d'autres centres de simulation universitaires, celui de l'UPMC a été, de fait, créé grâce à un montage financier impliquant déjà des sources extérieures. L'ARS (Agence régionale de santé) d'Île-de-France a ainsi versé 78.000 euros, tandis que l'hôpital Trousseau mettait à disposition 400 m2 de locaux. Un autre financement ARS de 60.000 euros, via un appel à projet, est en cours.
La part engagée par l'UPMC dans l'enseignement par simulation depuis 2011 représente, quant à elle, 507.000 euros, dont 437.000 euros dédiés à l'achat de matériel. "Le rôle de la fondation n'est pas se substituer aux financements institutionnels classiques, mais bien d'améliorer un projet. C'est une goutte d'eau par rapport au budget global, comme toujours pour les initiatives similaires que nous lançons", rappelle Mélina Mercier.
La campagne de dons lancée le 20 novembre est la troisième de ce genre portée par la fondation de l'UPMC depuis 2015. Une première opération avait permis de récolter 15.000 euros pour doter l'Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer (UPMC/CNRS) de robots-flotteurs sur les océans polaires, la deuxième, de 15.000 euros également, a servi à réaménager la collection de pièces anatomiques de zoologie de l'université.
Quatre jours après son lancement, la campagne en cours a d'ores et déjà atteint son objectif financier. "Nous avons eu un don important d'une association, qui n'est pas encore visible sur la plate-forme", annonce Mélina Mercier. Un signal positif pour l'essor du financement participatif dans l'enseignement supérieur.