La hausse du budget de l'Education nationale ne sert pas l'emploi

Thibaut Cojean Publié le
La hausse du budget de l'Education nationale ne sert pas l'emploi
Le projet de loi de finances 2021 prévoit une hausse de 1,8 milliards d'euros du budget du ministère de l'Education nationale, qui reste le premier de l'Etat. // ©  DEEPOL by plainpicture/SuHP
En hausse de 1,8 milliard d'euros, le budget de l’Éducation nationale restera le premier de l’État en 2021. Le projet de loi de finances prévoit un budget de plus de 55 milliards d'euros. Côté emploi, le solde reste nul, mais le nombre d’heures supplémentaires est augmenté.

Avec un budget de plus de 55 milliards d'euros, le ministère de l'Éducation nationale reste le premier de l'Etat en 2021. Malgré une hausse de 1,8 milliard d'euros, le ministère prévoit "des baisses d'emploi qui seront compensées par des augmentations d'heures supplémentaires", se félicite Thierry Ledroit, directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer, lors de la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2021 du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports (MENJS), le 28 septembre 2020.

Emploi enseignant et administratif stable

Dans le second degré public, le PLF prévoit une baisse de 1.800 ETP (équivalents temps plein) dans le corps des enseignants et des personnels administratifs en 2021. Dans l’enseignement privé (premier et second degrés), on prévoit 239 ETP supprimés.

Pour y pallier, des heures supplémentaires sont donc financées - en partie par le budget 2021 et en partie par le plan de relance - représentant 2.500 ETP dans le second degré public et 500 dans le privé, soit un solde de 961 ETP supplémentaires en 2021, à effectif réduit.

En ajoutant à cette projection les 2.039 ETP créés dans le premier degré public, le solde d’emplois dans l’éducation nationale sera donc de 0 pour l’année 2021. "C’est un effort important, ce n’est pas le cas de tous les ministères", a souligné Thierry Ledroit.

400 millions pour la rémunération des enseignants

Avec un budget de 55,1 milliards d’euros en 2021, le premier de l’État, l’effectif du MENJS sera de 1.022.496 ETP pour l’enseignement scolaire, 1.481 pour les sports et 373 pour la jeunesse et la vie associative.

Dans le détail, 53,6 milliards seront consacrés à l’éducation (en hausse de 1,6 milliard d’euros, soit 3%), 699 millions à la jeunesse et à la vie associative (+6%) et 802 millions aux sports (+20%). En plus de la revalorisation habituelle (ancienneté) des salaires des enseignants, un quart de l’augmentation de budget de l’Éducation nationale, soit 400 millions d’euros, seront consacrés au lancement des travaux du Grenelle des professeurs promis par Jean-Michel Blanquer.

Ce premier volet de revalorisation ne concernera pas tous les professeurs, mais on ne sait pas encore combien sont concernés, ni leurs profils ou les modalités. "Nous sommes en dialogue avec les organisations syndicales", a expliqué Thierry Ledroit, rappelant que les premiers enjeux sont l’attractivité en début de carrière et l’équipement informatique. Des réponses devraient arriver "dans le trimestre", précise-t-il. Le Grenelle des professeurs démarrera en janvier prochain, et "les mesures financées (…) auront un coût en année pleine de 500 millions d’euros", précise le PLF 2021.

Parmi les autres grands sujets consacrés par le PLF 2021, la création de 4.000 postes d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) à la rentrée 2021 (en plus des 8.000 annoncés à la rentrée 2020), l’accueil de 25.000 jeunes au service national universel (SNU) sur l’ensemble des départements et la création de 100.000 services civiques supplémentaires.

Poursuite des politiques amorcées

Les politiques lancées par Jean-Michel Blanquer se poursuivent, comme le plafonnement à 24 élèves par classe en grande section, CP et CE1, le dédoublement est étendu aux classes de grande section de maternelle en éducation prioritaire ou l’amélioration des conditions de travail des directeurs d’écoles.

Dans le premier degré, priorité affichée du ministre, 91 millions d’euros seront en outre dédiés au développement des usages numériques et 63 millions au développement des activités périscolaires. Les classes des écoles rurales ne pourront toujours pas fermer sans l’accord de la mairie.

Enfin, Mathieu Blugeon, directeur de cabinet de Nathalie Elimas, la secrétaire d’Etat à l’éducation prioritaire, a annoncé la relance de la politique des internats d’excellence avec l’objectif chiffré d’ "atteindre un internat d’excellence dans chaque département français". Par ailleurs, "dans ce contexte particulier", le budget des bourses et fonds sociaux est augmenté de 51 millions d’euros, pour atteindre 860 millions. Le nombre de cités éducatives, dossier géré par le ministère de la Ville, sera également augmenté, de 80 à 120.

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