Le nouveau plan Emploi des jeunes mise sur l'alternance

Sandrine Chesnel Publié le
Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a dévoilé, le 24 avril 2009 son plan d’urgence en faveur de l’emploi des jeunes, dans l’ambiance champêtre du campus de Veolia Environnement, à Jouy-le-Moutier (Val d’Oise), le principal centre de formation de l'entreprise. Il veut relancer l'emploi des jeunes avec un plan développant les contrats de professionnalisation et des contrats aidés ciblés. Le coût total des mesures s'élèverait à 1,3 milliard d’euros, financé grâce au fonds d’investissement social, qui pourra être abondé par les partenaires sociaux. A terme, 500 000 jeunes devraient en bénéficier.

Le plan Emploi des jeunes se fonde sur deux piliers : développer l’alternance et faciliter l’insertion professionnelle des jeunes. Pour le président de la République, ces deux clés devraient permettre d’en finir avec ce qu’il a appelé le « désastre français », qui voit la France afficher le plus faible taux d’emploi des jeunes (46 %) de tous les pays de l’OCDE.

Nouveaux contrats de professionnalisation et avantages aux apprentis

La principale mesure est de créer 30 000 nouveaux contrats de professionnalisation entre juin 2009 et juin 2010, pour les faire passer à 170 000 au total. L'autre mesure phare du plan dévoilé est l’extension du dispositif « zéro charges ». Actuellement appliqué aux entreprises de moins de 10 salariés sur les salaires des nouvelles embauches, il pourra concerner désormais les entreprises de plus de 10 salariés mais seulement sur les salaires des apprentis. Les apprentis devront être pour cela recrutés avant le 30 juin 2010.

Sur la même période, une prime de 1800 euros sera accordée aux entreprises de moins de 50 salariés pour toute embauche d’un apprenti supplémentaire. Les entreprises qui embaucheront un jeune en contrat de professionnalisation bénéficieront quant à elles d’une prime de 1000 euros portée à 2000 euros si le jeune recruté n’a pas le niveau bac.

Faciliter l’acquisition d’une première expérience professionnelle

Le contrat d’accompagnement-formation sera proposé à 50 000 jeunes inscrits au Pôle emploi ou suivis par les Missions locales. Les conditions pour en bénéficier : avoir entre 16 et 25 ans, et un diplôme de niveau VI à bac+3. Ces contrats, calqués sur les actuels contrats d’accompagnement emploi,  proposeront des formations à des métiers « porteurs » - qui n’ont pas été cités, et des périodes en entreprise. Les jeunes ainsi recrutés auront le statut, la protection sociale et la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle. Ce contrat vise à faire obtenir une certification et/ou un emploi.

Pour aider les jeunes les plus éloignés de l’emploi à se forger une première expérience professionnelle, 50 000 Contrats Initiative Emploi (CIE) de plus ont été annoncés. Ils seront attribués en priorité aux métiers porteurs, notamment ceux dans les secteurs du développement durable et de l’économie sociale et solidaire.

30 000 contrats aidés seront en outre proposés, prioritairement dans les collectivités locales, pour permettre aux jeunes d’acquérir une première expérience professionnelle. L’expérience et les compétences ainsi développées devront être transposables dans le secteur marchand ; les contrats devront donc cibler des métiers offrant des débouchés dans le secteur privé : métiers de l’informatique, de la comptabilité, etc.
Enfin les écoles de la deuxième chance seront développées, avec l’objectif d’accueillir 7200 jeunes supplémentaires, pour atteindre l’objectif de 12 000 places d’ici à 2010.

« Déprécariser » les stages

Le deuxième volet de ce plan « emploi des jeunes » vise à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes et à les sortir de la logique de précarisation qu’entraîne la répétition des stages non suivis d’une embauche. « Il faut déprécariser les stages », a dit le président Sarkozy. Pour ce faire, sa proposition la plus emblématique consiste à offrir une prime de 3000 euros à toutes les entrepris qui  décideront d’embaucher en CDI l’un de leur stagiaire avant la fin du mois de septembre 2009. Une proposition cependant limitée puisqu’elle ne concerne que les jeunes qui auront débuté leur stage avant le 1er mai 2009… Le plan évalue cependant que 50 000 stagiaires pourraient bénéficier de ce dispositif.

Nicolas Sarkozy a également évoqué la possibilité d'abaisser à deux mois de stage (contre trois actuellement) la durée pour laquelle l'entreprise n'est pas obligée d'indemniser le stagiaire. 

Les trois mesures les plus coûteuses de ce plan Emploi des jeunes sont le développement des contrats de professionnalisation, estimé à 226,6 millions d’euros pour 2009 et 2010, la prime à l’embauche de stagiaires en CDI, estimée à 150 millions d’euros, et le dispositif zéro charges élargie à toutes les entreprises qui recruteront un apprenti, estimé à 100,8 millions.

Quid de la Commission Hirsch après ce plan 
« Pas question de l’oublier, mais il s’agit aujourd’hui de se concentrer sur les jeunes et l’emploi » a dit Nicolas Sarkozy. Au service de presse de Martin Hirsch, on précisait le 23 avril 2009 que certaines des mesures annoncées par le président de la République étaient inspirées par les travaux de la Commission… Rendez-vous est d’ores et déjà pris fin mai 2009 pour connaître les propositions destinées à favoriser l’autonomie des jeunes, diplômés ou pas.

(Encore) une charte de l’alternance
Henri Proglio, le PDG de Veolia Environnement, se voit confier la rédaction d’une Charte de l’alternance, charte qui devra proposer des engagements chiffrés de développement de l’alternance pour les années 2009 et 2010 avant d'être signée par les branches et les entreprises. Plusieurs fois cité en exemple par le président de la République, le campus de Veolia Environnement accueille, entre champs et forêt, jeunes recrutés par Veolia pour préparer un diplôme en alternance, du CAP au master. 

Sandrine Chesnel | Publié le