Médecine : un semestre à dimension internationale à Angers et Nantes

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Nouveauté de la rentrée 2011 : les facultés de médecine d’Angers et de Nantes offrent à des étudiants de 3e année la possibilité de teinter leur cursus d’une coloration internationale grâce au programme Joint Program for European Medical Studies. Celui-ci se compose d’un semestre de cours tout en anglais commun aux deux facs françaises mais aussi à celles de Szeged (Hongrie), Amsterdam (Pays-Bas), Naples (Italie), Cluj-Napoca et Timisoara (Roumanie).

Le JPEMS (Joint Program for European Medical Studies) : un petit pas pour l’intégration des études de médecine dans le système européen, un grand pas pour les universités qui en sont à l’origine. « Parce qu’un médecin a la possibilité de s’installer partout », 7 facultés de médecine européennes ont mis en place un semestre commun tout en anglais à la rentrée 2011. Cette année, les cours se déroulent à Angers. En 2012, ce sera au tour de Nantes d’accueillir les étudiants. Puis une université partenaire étrangère prendra le relais en 2013, etc.

Une première promotion d'une quarantaine d'étudiants

Pour l’heure, une quarantaine d’étudiants (dont 8 Angevins et 5 Nantais) bénéficient du JPEMS. « Pour des questions logistiques, les places sont limitées. Mais on sera sûrement amené à augmenter les promotions », commente Vincent Procaccio, coordinateur angevin du programme JPEMS et professeur de génétique. Les apprentis médecins sont notamment sélectionnés sur leur niveau d’anglais (un score de 750 au TOEIC est demandé), leurs résultats de 2e année, leur intérêt pour la recherche.

Le semestre comprend en effet 5 semaines de stage d’initiation à la recherche à temps plein. « Le cursus s’adresse à des jeunes très motivés, qui veulent sortir des sentiers battus, travailler dans des organisations internationales », indique le coordinateur d’Angers. Celui-ci a reçu une vingtaine de candidatures pour cette 1re promotion.

Un semestre entièrement validé

En dehors du stage, les étudiants vont suivre des enseignements axés sur la biologie (génétique, immunologie, microbiologie, physiopathologie, etc.) mais aussi de l’informatique médicale, de l’anglais médical et des options. Par exemple, les étudiants d’Amsterdam pourront étudier la pédiatrie ou la gynécologie en France pour ne pas leur faire prendre du retard par rapport à leurs camarades restés aux Pays-Bas.

« L’idée n’était pas seulement de rassembler des étudiants, mais de leur proposer un semestre qu’ils pourraient entièrement valider. C’est un plus par rapport au programme Erasmus. Lors d’un simple échange, en pratique, certains modules sont toujours difficiles à valider », assure Vincent Procaccio. En revanche, aucun stage en service clinique n’est prévu à cause de la barrière de la langue avec les patients.

Le plus dur : harmoniser les programmes

La mise en place du JPEMS aura mis deux ans à se concrétiser. « La plus grande difficulté a été d’harmoniser les programmes. Nous avons pu le faire en proposant des options. Nous avons surtout discuté sur la forme de l’enseignement. Certaines facultés, comme Amsterdam, privilégient plus le travail personnel, les travaux dirigés que les cours magistraux. Il a fallu s’adapter. Mais l’effectif limité de la promotion permet de mener cette pédagogie plus interactive », explique le coordinateur d’Angers.

Pour le reste, les partenariats noués avec les différentes universités dans le cadre d’Erasmus ont grandement facilité les choses… Professeurs et élèves (qui ne paient pas de frais supplémentaires) viennent via le programme Erasmus. Le budget du semestre, d’environ 40 000 - 50 000 €, est pris en charge par l’université d’Angers, la mairie et le conseil régional des Pays de la Loire.

Les facs des pays de l'Est innovantes et dynamiques

Effet collatéral : le JPEMS réhabilite certaines universités étrangères, décriées pour accueillir des étudiants français qui ont échoué au concours de 1re année (la PACES) ou souhaitent le contourner. « En France, on a souvent eu un regard condescendant envers les pays de l’Est. Leurs facultés sont pourtant innovantes et dynamiques. Elles proposent des programmes en anglais, en français », défend Vincent Procaccio. Selon le coordinateur, d’autres universités – espagnoles, finlandaises… –  seraient intéressées pour rejoindre le groupe d’origine. « Elles attendent juste de voir comment cela s’organise ».

Au commencement, étaient les summer schools

Le JPEMS n’aurait peut-être jamais vu le jour si la faculté de médecine d’Angers n’avait pas lancé ses summer schools recherche en 2010. « Pendant 15 jours, nous accueillons 45 étudiants de 20 nationalités différentes. Des intervenants extérieurs viennent faire partager leur savoir. On mise beaucoup sur l’interactivité. Cette initiative a mis un coup de projecteur sur l’université et la ville », se réjouit Vincent Procaccio. Et de saluer le travail d’Isabelle Richard, la doyenne de la faculté de médecine d’Angers, « un élément moteur important ».

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