Métiers du jeu vidéo : un nouveau référentiel pour un secteur en forte croissance

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Métiers du jeu vidéo : un nouveau référentiel pour un secteur en forte croissance
Assassin's creed brotherhood (jeu Ubisoft) // © 
Trois ans de négociations entre les différents principaux acteurs du jeu vidéo ont permis d'accoucher d'un référentiel sur dix métiers de la production*. Un document novateur pour les écoles (dont l’Isart Digital, cf. interview ci-dessous) et les entreprises du secteur, qui pourrait à terme déboucher sur une convention collective.

Un document de référence définit pour la première fois dix métiers* de la production de l’industrie du jeu vidéo. Ce référentiel a été présenté le 9 décembre 2010 au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers) par Capital Games (association des entreprises du jeu vidéo en Île-de-France) et l’ARACT Île-de-France (Association régionale pour l’amélioration des conditions de travail), qui ont porté ce projet.

Les fiches métiers sont le fruit de trois ans de discussions entre les différents acteurs du secteur : la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi), les entrepreneurs et les salariés des studios de jeu vidéo (Blacksheep, Cyanide, Dancing dots, Eko, kheops, kylotonn et wizarbox), des syndicats de salariés (la CFDT et la CFE-CGC), des écoles (l’Enjmin /CNAM et Isart Digital ) ainsi que le Pôle emploi. Le SNJV (Syndicat national du jeu vidéo) et l'AFJV (Association française du jeu vidéo) ont également apporté leur soutien.

Le secteur du jeu vidéo en Île-de-France représente aujourd’hui une trentaine d’écoles, 3.000 emplois et des centaines de sociétés. Ce référentiel devrait faciliter leur recrutement, la construction de leurs plans de formation, et plus globalement leur gestion des ressources humaines. Au niveau mondial, le chiffre d’affaires de l’industrie fera bientôt du secteur le numéro un du divertissement.

Certifier plus facilement les diplômes

« Jusqu'à présent, le métier de game designer, par exemple, n'existait pas pour les employés du Pôle emploi, qui le classaient parmi les informaticiens », a expliqué Maud Berthier, qui a initié le projet alors qu'elle était chargée de certifier les titres professionnels des formations du secteur du jeu vidéo au sein du CNCP (Centre national de certification professionnelle). Avec le soutien de Jean-Christophe Toulemonde, de la DIRECCTE, elle a lancé le projet qui a ensuite été porté par Capital Games . C'est elle qui, aujourd'hui employée à l'ARACT Île-de-France, a animé les discussions parfois houleuses et est intervenue dans les studios afin de voir la réalité du travail et d’actualiser le contenu du référentiel des postes.

« Désormais, ces métiers bénéficieront d'un code ROM, et le lien se fera tout naturellement avec le RNCP [Répertoire national des certifications professionnelles], annonce-t-elle. Pour les écoles, c'est un gros changement. » « Cela nous aidera à informer nos futurs étudiants, cela facilitera la certification de nos titres auprès du CNCP, et c'est un premier pas vers une convention collective », a résumé Carole Faure, directrice du MBA de jeux vidéo à l'Institut international du multimédia (université Léonard-de-Vinci ), qui conclut : « Cela signifie que la filière se structure. »

* Game designer, directeur artistique, programmeur jeu, programmateur technique, level designer, graphiste illustrateur, modeleur, animateur, testeur et sound designer.

Cyril_Georgin_reponsable_formation_Isart_DigitalTrois questions à Cyril Georgin, responsable de formation à l’Isart Digital , une école spécialisée dans le jeu vidéo : « Il était urgent de clarifier les métiers du jeu vidéo »

Pourquoi un référentiel des métiers du jeu vidéo ?
Le jeu vidéo est une industrie jeune. De nouveaux métiers sont apparus et ont eux-mêmes évolué rapidement en fonction des découvertes technologiques. Ces métiers existent au sein des entreprises, mais ne sont pas officiellement référencés au niveau de l’État. Conséquence, l’absence de convention collective qui régit le statut, les droits et les devoirs des salariés.

Et puis, au niveau d’une école en alternance, comme Isart Digital, il est important de clarifier les définitions des métiers pour proposer des formations adaptées aux besoins des entreprises. Notre expertise a pu être mise en commun avec celle de Capital Game, de l’ARACT et des entreprises pour arriver à une définition officielle de dix métiers. Nous n’en sommes qu’au commencement du travail. L’objectif est de définir tous les métiers, de les faire reconnaître et accepter par toute l’industrie au niveau national, d’élaborer une convention collective et des grilles de salaires correspondant à des niveaux de connaissances validés par des titres professionnels.

Ce projet impliquera-t-il un changement pour une école comme la vôtre ?

Pas de « gros » changements pour Isart Digital, mais un vrai « plus » pour nos étudiants qui vont pouvoir mieux négocier leur embauche, qui auront une vision plus claire et structurée des fonctions et des différents métiers. En revanche, c’est un changement évident pour notre entité Isart Pro, qui propose des formations professionnelles. Ce référentiel métiers permettra une vision transversale pour les salariés, et leur donnera l’opportunité d’accéder à des validations d’acquis d’expérience et à la formation continue.

Et quel est l'avenir de ce référentiel ?
Nous aimerions qu'il y en ait une version nationale afin d'avancer très vite vers une convention collective. Les conventions collectives utilisées par le secteur (Syntech et métallurgie) ne sont pas adaptées. Le jeu en vaut la chandelle, car c'est un secteur plein d'avenir, avec notamment le développement des span style="FONT-STYLE: italic">serious games très demandés par les entreprises ou des jeux sur mobile. De plus en plus, le jeu fait partie de notre quotidien : il se retrouve dans les publicités, la communication et dans des secteurs qui n’étaient jusqu’alors pas concernés directement par lui. L’industrie du jeu vidéo n’en est qu’à ses débuts.
Propos recueillis par Sophie de Tarlé

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