Michel Rollin (directeur de l’ESC Saint-Étienne) : «Face à la concurrence des universités, il faut régénérer nos relations avec les entreprises»

Propos recueillis par Sophie Blitman Publié le
Michel Rollin (directeur de l’ESC Saint-Étienne) : «Face à la concurrence des universités, il faut régénérer nos relations avec les entreprises»
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Les XXVe Rencontres annuelles des relations entreprises du Chapitre des écoles de management se déroulent à Marseille les 8 et 9 décembre 2011. Les écoles doivent de plus en plus faire face à la concurrence des universités dans ce domaine. Michel Rollin, directeur de l’ESC Saint-Étienne et président de la commission Relations entreprises du Chapitre de la Conférence des grandes écoles, expose les enjeux de ces partenariats.

Sur quelle thématique se cristallisent, selon vous, les problématiques des relations entreprises aujourd’hui ?

L’apprentissage est un sujet qui nous préoccupe beaucoup. En effet, le gouvernement multiplie ses injonctions dans le but de développer l’apprentissage, cependant les régions ont de moins en moins d’argent pour contribuer à ce mode de formation. En outre, les disparités régionales sont très fortes, ce qui induit une concurrence déséquilibrée qui place certaines écoles, par exemple en Rhône-Alpes, dans une position particulièrement défavorable.

Enfin, les entreprises complètent de moins en moins les financements, ce qui amène les écoles à mettre en place des stratégies différentes, en fonction de leur pouvoir de négociation. D’une manière générale, si les liens avec les entreprises sont dans nos gènes, certaines écoles ont commencé à en nouer plus tôt que d’autres ou se trouvent dans des environnements économiques plus porteurs.

Quels sont les enjeux des relations entreprises pour vos écoles ?

La question que nous nous posons aujourd’hui est celle-ci : comment, dans un contexte économique difficile et face à des universités qui montent en puissance, faire en sorte que les entreprises continuent à financer nos formations ? Les relations entreprises étaient un élément différenciateur des grandes écoles, mais cet avantage a tendance à se réduire : la pression des universités est de plus en plus forte sur ce terrain et il va y avoir des positions à défendre. D’où la nécessité de trouver les moyens de régénérer nos relations avec les entreprises : au-delà d’une simple logique d’amélioration de pratiques, il faut aller vers l’innovation.


«L’école qui aura réussi à amener chacun de ses enseignants-chercheurs à avoir un lien avec une entreprise, selon son domaine de compétences, aura fait un grand pas en avant»


Quels peuvent être vos leviers d’action ?

Les fondations constituent le prolongement de relations partenariales avec les entreprises. Elles sont l’une des étapes qui témoignent d’une maturité dans ces relations. Cependant, tous les territoires économiques français ne permettent pas de créer une fondation et il existe d’autres modes d’animation de la communauté, comme les clubs de partenaires.

Les chaires et les contrats de recherche constituent encore d’autres vecteurs. Ici, il nous faut conduire un réel travail pour pousser nos enseignants-chercheurs sur le terrain de l’entreprise : l’école qui aura réussi à amener chacun de ses enseignants-chercheurs à avoir un lien avec une entreprise, selon son domaine de compétences, aura fait un grand pas en avant.

Propos recueillis par Sophie Blitman | Publié le