PLF 2021 : la hausse du budget de l'Éducation nationale jugée insuffisante par les syndicats

Thibaut Cojean Publié le
PLF 2021 : la hausse du budget de l'Éducation nationale jugée insuffisante par les syndicats
Le budget du ministère de l'Education nationale jugé insuffisant par les syndicats devrait faire descendre les enseignants dans la rue. // ©  Sebastien ORTOLA/REA
Adopté fin décembre 2020, le budget 2021 du ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports s’élève à 76 milliards d’euros et reste le premier de l’Etat. Mais une intersyndicale d’enseignants le juge encore insuffisant pour améliorer leurs rémunérations et conditions de travail.

La hausse du budget de l’Education nationale en 2021 ne suffira pas à apaiser la rancœur de tous les syndicats enseignants, dont six lancent un appel à la grève pour le mardi 26 janvier. Après l’adoption du projet de loi de finances 2021 le 29 décembre dernier, le ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS) se voit en effet attribuer un portefeuille en hausse de 1,8 milliard d’euros par rapport à 2020 : 76 milliards d’euros, dont 55,1 milliards hors contributions aux pensions de l’Etat.

Créations de postes dans le primaire mais suppressions dans le secondaire

Dans le détail, 53,6 milliards d’euros seront consacrés à l’enseignement scolaire (+ 3%), 69 millions à la vie associative (+ 6%) et 802 millions aux sports (+ 20%). Le plan de relance a attribué directement 1,1 milliard d’euros au ministère dirigé par Jean-Michel Blanquer : 318 millions pour l’enseignement scolaire, 633 millions pour la jeunesse et la vie associative et 122 millions pour le sport.

Côté ressources humaines, l’Education nationale reste le premier employeur de l’Etat. Plus de la moitié des équivalents temps plein (ETP) prévus au budget général 2021 de l’Etat lui sont affiliés : 1.022.496 ETP sur un total de 1.934.021. Des effectifs stables malgré les évolutions avec des créations de postes dans le primaire et des suppressions dans le secondaire. Le ministère compte sur le financement d’heures supplémentaires pour compenser les suppressions de poste.

Créations ou suppressions de postes prévues au budget 2021 de l'enseignement scolaire

Postes créés ou supprimés en ETP

Heures supplémentaires financées

1er degré public

  • 2.039

0

2nd degré public

  • 1.800
  • 2.500

Privé (1er et 2nd degrés)

  • 239
  • 500

Administratif

0

0

Total

0

  • 3.000

Revalorisation jugée insuffisante

Selon le ministère, la création de postes dans le premier degré doit permettre la mise en place des ambitions du gouvernement, notamment en matière de plafonnement à 24 élèves par classe en GS, CP et CE1, de dédoublement des classes en éducation prioritaire ou encore d’amélioration d’exercice des directeurs d’écoles.

Les conditions de travail des personnels sont aussi au cœur de la hausse du budget du MENJS avant 400 millions d’euros qui seront dédiés à la revalorisation des salaires. Mais cette augmentation est jugée insuffisante et n'apaise pas le mécontentement des enseignants. Au contraire : six syndicats (CGT Educ, FO, Snalc, Snes-FSU, Sud et SNCL) lancent un appel à la grève pour ce mardi 26 janvier.

"C’est insuffisant, estime Jean-Rémi Girard, président du Snalc. Au départ, on parlait de 500 millions pour les enseignants, maintenant c’est 400 millions pour l’ensemble des personnels." La CGT aussi y voit un "budget loin de traduire une ambition éducative" et dénonce "l’improvisation permanente" de Jean-Michel Blanquer, qui "reste sourd à [leurs] aspirations et revendications".

Des négociations sur cette revalorisation ont été entamées à l’automne 2020 dans le cadre du Grenelle de l’Education, mais "la répartition des 400 millions d’euros n’a toujours pas été communiquée aux syndicats représentatifs", dénonce le président du Snalc. Le Snes-FSU alerte de son côté que "69 % des enseignants" ne toucheront pas d’augmentation.

Pour l’Unsa éducation, qui n’a pas rejoint l’appel à la grève, cette revalorisation doit s’accompagner de visibilité. "Les 400 millions sont une première marche mais on demande une loi de programmation pluriannuelle pour connaître les marches suivantes", affirme Frédéric Marchand, son secrétaire général.

Les heures supplémentaires dans le viseur

Si de nombreux sujets, comme la gestion de la crise sanitaire, l’avenir de l’éducation prioritaire ou le traitement des lycées professionnels sont aussi sources d’inquiétudes, ce sont bien les ressources humaines qui sont au cœur de l’appel du 26 janvier. Les suppressions de postes dans le secondaire ne passent pas. "On ne compense pas des postes par des heures supplémentaires, souffle Jean-Rémi Girard. On parle de personnes physiques derrière ces heures. A un moment, les collègues fatiguent, ça aggrave les conditions de travail."

Frédéric Marchand, qui précise que "l’Unsa partage les raisons de l’appel à la grève, mais pas le choix de l’action", craint que la multiplication des heures supplémentaires ne crée "une tension importante dès la rentrée 2021. Par endroit, on atteint déjà 17% d’heures supplémentaires, c’est compliqué d’organiser les emplois du temps."

Si toutes les organisations s’accordent sur la nécessité de créer des postes et de mettre en place "des mesures significatives de revalorisation des salaires et des carrières dans l’éducation", les revendications des syndicats iront aussi au-delà du volet RH du budget 2021. La CGT demande par exemple "un plan de rénovation et de construction du bâti scolaire" et le Snes insiste toujours sur la nécessité d’une "remise à plat complète de la réforme du lycée et du baccalauréat".

Thibaut Cojean | Publié le