Quand métropoles et établissements du supérieur travaillent main dans la main

Oriane Raffin Publié le
Quand métropoles et établissements du supérieur travaillent main dans la main
Le campus de Beaulieu à Rennes, un des projets d'aménagement de la métropole, dans le cadre du schéma de développement universitaire. // ©  Jean Claude MOSCHETTI/REA
Certaines métropoles ou communautés d’agglomération ont fait le choix de mettre en place des SDU, schéma de développement universitaire, en partenariat avec les établissements de leur territoire. C'est le cas à Rennes et Lyon. Zoom sur les avantages et les limites d’un tel schéma alors que la Métropole de Lyon vient de réorienter son SDU.

En ce début d’année 2023, la Métropole de Lyon (69) a adopté son nouveau schéma de développement universitaire (SDU), co-construit avec la Comue-Université de Lyon. Un schéma directeur que les collectivités locales peuvent adopter, si elles le souhaitent, depuis le début des années 2010. Celui de la capitale de la région Auvergne Rhône-Alpes a fait partie des premiers à voir le jour.

Inclure l'ESR dans les politiques locales des métropoles

La Métropole de Lyon, deuxième pôle universitaire français, regroupe 180.000 étudiants répartis sur 280 sites d’enseignement. "L’idée du schéma de développement universitaire en 2010 était de considérer que le savoir et la connaissance devaient être des éléments-clés des politiques métropolitaines. Avec la volonté de construire le réflexe de toujours y penser dans les politiques publiques", explique Jean-Michel Longueval, vice-président délégué à l’enseignement supérieur, la recherche et la vie étudiante à la Métropole de Lyon. Le schéma a alors permis de développer et d’installer une gouvernance, permettant des échanges entre les différents acteurs.

L’idée du schéma de développement universitaire était de considérer que le savoir et la connaissance devaient être des éléments-clés des politiques métropolitaines. (J.-M. Longueval, Métropole de Lyon)

Une démarche similaire a été menée à Rennes (35), en 2013. "Nous voulions alors dire comment la métropole, à travers sa compétence d’aménagement du territoire, pouvait servir des stratégies d'enseignement supérieur et de recherche, de visibilité, de rapprochement et d’attractivité des campus, analyse Isabelle Pellerin, vice-présidente déléguée à l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation de Rennes Métropole. Voir comment la métropole, qui n’a pas le leadership sur l’enseignement supérieur et la recherche, peut jouer un rôle important en réfléchissant au développement et aux trajectoires des campus."

Connecter l’université à son territoire et à ses habitants

Avec un constat similaire pour les deux territoires, à Lyon comme à Rennes : si le SDU fixe un cadre, il est ensuite utile de passer en mode opérationnel. Dans ce contexte, les stratégies ont été différentes. À Lyon, les acteurs se sont réunis pour plancher sur un nouveau SDU "ambition 2030", résolument tourné vers l’opérationnel.

"C’est le travail d’une communauté, de beaucoup d’acteurs, grands et petits, explique Frank Debouck, président de la Comue université de Lyon. Avec une mission de service aux étudiants, aux enseignants-chercheurs et aux personnels. Les étudiants représentent 15% de la population de la Métropole de Lyon, avec un poids économique, de l’activité. La dynamique du territoire passe en partie par eux." Le nouveau SDU prévoit un plan d’actions avec des opérations prioritaires identifiées chaque année, des rendez-vous de bilans et des indicateurs de suivi.

Les étudiants représentent 15% de la population de la Métropole de Lyon, avec un poids économique, de l’activité. La dynamique du territoire passe en partie par eux. (F. Debbouck, Comue université de Lyon)

"L’autre nouveauté, c’est que nous centrons le SDU sur certaines orientations comme le bien-être des étudiants et des enseignants-chercheurs, avec la volonté de tirer les leçons du Covid sur la précarité ou la transition environnementale", précise Jean-Michel Longueval.

Parmi les axes mis en avant par le SDU : le soutien à la communauté universitaire pour favoriser les transitions sociales, environnementales et économiques, favoriser le bien-vivre des étudiants et connecter l’université à son territoire (habitants et tissu socio-économique). La Programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de la Métropole de Lyon prévoit 16 millions d’euros de budget pour l’ensemble du mandat (jusqu’en 2026).

Impliquer la métropole pour améliorer l'attractivité des campus

À Rennes aussi, le prolongement du premier SDU prend un tournant plus concret avec, dans son sillage, un vaste projet d’aménagement du campus de Beaulieu. "La métropole propose d’enclencher l’aménagement de ce campus, comme elle le ferait sur d’autres quartiers de la ville. Cela n’avait jamais été fait jusqu’à présent, car on partait toujours du principe que c’était du foncier de l’État, un patrimoine de l’État. Mais on voit que ces enclaves d’État dans la ville nécessitent une vraie réflexion", estime Isabelle Pellerin.

Parmi les pistes d’actions : la valorisation du foncier, l’intégration d’autres usages, la revalorisation de la trame verte et de la trame bleue, etc. Avec une ligne de mire, la question de l’attractivité des campus ou de la visibilité des établissements. "C’est un gros projet, avec de gros enjeux", souligne Isabelle Pellerin.

La métropole propose d’enclencher l’aménagement de ce campus, comme elle le ferait sur d’autres quartiers de la ville. (I. Pellerin, métropole de Rennes)

L’autre enjeu de ces schémas directeurs réside dans l’articulation avec ceux pris par les autres collectivités ou organisations. Sur le territoire de la Métropole de Lyon, le Crous et la Comue université de Lyon ont ainsi signé un schéma directeur de la vie étudiante (SDVE), et la Région Auvergne Rhône-Alpes dispose, elle, de son schéma régional de l’enseignement supérieur de recherche et d’innovation (SRESRI). "Ces trois schémas ont leur identité propre, mais demandent à être mis en cohérence, en coordination", appuie Jean-Michel Longueval. Pour plus d’efficacité sur le territoire.

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