Réforme du bac et du lycée : Jean-Michel Blanquer penche pour le maintien de séries

Erwin Canard Publié le
Réforme du bac et du lycée : Jean-Michel Blanquer penche pour le maintien de séries
Depuis la remise du rapport Mathiot, le 24 janvier 2018, Jean-Michel Blanquer consulte les organisations syndicales et professionnelles. // ©  Nicolas Tavernier / R.E.A
Dernière ligne droite avant les annonces sur la réforme du bac, mercredi 14 février 2018. Jean-Michel Blanquer consulte tous azimuts depuis deux semaines. Résultat ? Si le bac nouvelle formule devrait reprendre les grandes lignes du rapport Mathiot, l'organisation du lycée devrait être moins bouleversée que ce que préconisait l'ancien directeur de Sciences po Lille.

Vers une réforme importante du baccalauréat, mais à dose plus homéopathique pour le lycée. Voici ce qui ressortirait de la concertation commencée depuis le 24 janvier 2018 par Jean-Michel Blanquer, après la remise du rapport de Pierre Mathiot. Le ministre de l'Éducation nationale annoncera en Conseil des ministres, mercredi 14 février, sa réforme de l'examen. Ses arbitrages concernant celle du lycée interviendront plus tard, probablement au printemps.

Le rapport Mathiot propose pourtant une refonte en profondeur du lycée : fin des séries, mise en place d'un système de majeure/mineure avec la possibilité pour l'élève de changer certaines disciplines d'une année à l'autre, voire même en cours d'année. En somme, l'entrée de la modularité dans le secondaire.

Vers le maintien de séries

Les échos de la concertation menée par Jean-Michel Blanquer – qui portait sur douze thématiques principales – présagent d'une évolution beaucoup plus douce du lycée. La fin complète des séries ne serait plus à l'ordre du jour. Le maintien des séries technologiques actuelles serait ainsi acté. Concernant la voie générale, le ministère hésiterait encore, mais l'existence des trois séries actuelles (ES, L, S) est menacée. Une première piste tendrait vers la mise en place de seulement deux séries, une scientifique et une autre qui porterait sur les "humanités", sorte de regroupement des séries ES et L. L'autre s'orienterait vers une série générale unique, avec un tronc commun et une part laissée au choix de l'élève. Celles-ci ne prendraient pas la forme de modules semestriels.

La semestrialisation, telle que proposée par le rapport Mathiot, ne serait d'ailleurs plus à l'ordre du jour. Celle-ci pourrait être déployée sur un plan uniquement organisationnel (en termes de nombre de conseils de classe par an, par exemple), mais plus sur celui de la pédagogie. En clair, les élèves ne devraient pas pouvoir changer de disciplines d'un semestre à l'autre, comme il était préconisé dans le rapport Mathiot.

Trouver la bonne dose de contrôle continu

Concernant le baccalauréat, si les cinq épreuves terminales (dont un grand oral) sont actées, la question du reste de l'évaluation du baccalauréat – en contrôle continu – ne serait pas tranchée. Très délicate politiquement, elle en recouvre en réalité deux : celle du poids du contrôle continu dans la note totale et celle de son organisation. Le rapport Mathiot préconisait un poids de 40 % dédié au contrôle continu et mettait sur la table trois scénarios différents quant à son organisation.

Jean-Michel Blanquer aurait rapidement abandonné l'idée de prendre en compte uniquement les bulletins scolaires pour la partie de l’évaluation autre que les épreuves terminales, ce qui était un des trois scénarios. En revanche, entre les deux autres, le ministre hésiterait : soit la totalité des matières serait évaluée par des épreuves ponctuelles en cours d'année, soit celles-ci vaudraient moins (30 %, par exemple) et seraient accompagnées (pour 10 %, par exemple) par l'examen des bulletins.

Pour le ministère, il s'agit de trouver le bon dosage entre un cadrage national garantissant l'égalité et la mise en place d'une certaine souplesse organisationnelle dans les établissements, un des objectifs pour lesquels une réforme du bac a été lancée. Une des solutions qui aurait les faveurs du ministre consisterait en des épreuves ponctuelles tirées d'une banque nationale publique de sujets soumis à des critères d'évaluation également nationaux. Les jours de ces épreuves seraient laissés à l'appréciation des établissements. L'anonymat serait préservé, même si les copies pourraient être corrigées en interne (à l'image des bacs blancs actuels).

Les annonces du 14 février devraient répondre à ces interrogations, pour le bac d'abord, et donner, de facto, une tendance pour le lycée. Le calendrier annoncé reste inchangé : un nouveau bac pour la session 2021, de nouveaux programmes pour la rentrée 2019 et les réformes des classes du lycée année par année, en commençant par la seconde dès la rentrée 2018. Il ne devrait toutefois y avoir que des changements minimes en septembre prochain, avec notamment la mise en place d'un test de positionnement en seconde.


Les 12 travaux du ministère
À la suite du rapport Mathiot, le ministère de l'Éducation nationale a choisi de porter sa réflexion sur douze thématiques :
- Le contrôle continu et les garanties d'égalité
- Le "grand oral" et sa préparation
- Le calendrier des épreuves du baccalauréat
- Le poids des modalités d'évaluation dans la note finale
- Le contenu des épreuves de français
- La certification des langues vivantes
- Le rattrapage
- Le temps dédié à l'orientation
- L'avenir des voies, des séries et des grilles horaires
- La singularité de l'approche technologique
- Les programmes (en collaboration avec le Conseil supérieur des programmes)
- La nouvelle classe de seconde à la rentrée 2018

Erwin Canard | Publié le