Réforme du bac : Luc Chatel joue l’entre-deux

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Les bugs du bac 2011 ont ravivé les débats sur l’utilité du bac et les façons de le moderniser. Luc Chatel, le ministre de l’Éducation nationale, s’est déclaré en faveur d’une partie de contrôle en cours de formation ou de contrôle continu, tout en voulant maintenir un examen national. Une prise de position tout en nuance à un an de la présidentielle et qui arrive après des débats passionnés entre les pourfendeurs et les défenseurs du bac.


Luc Chatel a finalement pris position. Dans une interview accordée à Libération , mercredi 6 juillet 2011, le ministre de l’Éducation nationale a déclaré ne pas être « opposé » à ce « qu’une partie [du bac] se fasse en contrôle en cours de formation ou en contrôle continu ». Et d’ajouter : « D’ailleurs ça se pratique déjà, avec les TPE et avec l’EPS. Mais je reste avant tout attaché à un examen national qui soit le même partout, à Paris, à Chaumont ou à Bordeaux ». Le ministre déclare ainsi vouloir « adapter » le bac, mais le « révolutionner ». Surtout à l’aube d’une élection présidentielle.

"Faut-il supprimer le bac ?" Luc Chatel répond ainsi à une question qui fait débat depuis le début des épreuves sur l’utilité du bac d’autant plus mise à mal avec les divers bugs qui ont entaché l’édition 2011 de l’examen national. Dans la presse ou sur Internet, les tribunes se succèdent pour défendre (le plus souvent) ou dénoncer ce « symbole de l’école républicaine » imparfait mais mythique.


Un bac « impossible à supprimer »

Parmi ses défenseurs, Claude Allègre. Dans une tribune du Point (7 juillet 2011), l’ancien ministre de l’Éducation nationale présente l’examen comme « la référence fixe de notre système éducatif », « impossible à supprimer » pour diverses raisons et notamment parce que ce serait « une ponctuation douloureuse de la perte d’influence » des enseignants. Claude Allègre reconnaît toutefois que le bac n’offre plus l’assurance de « trouver un emploi intéressant, après quelques années d’études à l’université » et « qu’une réforme est nécessaire »… autant « qu’impossible ».

Ses solutions pour améliorer dès à présent le système ? « Réduire le nombre d’options, décider que n’importe quel bac ne donne pas accès automatiquement à n’importe quelle filière universitaire, admettre que les mentions du bac donnent le droit de s’inscrire dans l’université de son choix… ».

Et le remplacement par un contrôle continu ? Cela « aurait certes beaucoup d’avantages : harmonisation avec les autres cursus européens, économie financière ». Mais… lorsque François Fillon, ministre de l’Éducation nationale, a voulu tenter l’expérience en 2005, il s’est heurté au mur lycéen.  

Parmi les autres défenseurs du bac…

Dans les Echos, l’interview de Marie Duru-Bellat , sociologue à Sciences po, qui estime : « Sans le bac, le palmarès des établissements serait tout-puissant ».
Dans Le Monde du 26-27 juin 2011, lire aussi les plaidoyers de François Bayrou et de Jack Lang .  



« Cela n’a plus de sens d’en faire toute une affaire »

Rares sont ceux qui osent s’attaquer frontalement à l’examen national. Parmi eux,Luc Ferry , ministre de l’Éducation nationale de 2002 à 2004, qui s’est exprimé dans Le Monde du 26-27 juin 2011. Avec 85 % de reçus « et même 95 % sur deux ans », « cela n’a plus aucun sens d’en faire toute une affaire ». Le philosophe propose « de toute évidence d’introduire une part de contrôle continu, et les objections habituelles sur l’inégalité qui en résulterait, à cause de la diversité des établissements, n’ont aucun sens si on prend le temps d’y réfléchir ». Comme beaucoup de critiques du bac, il pointe du doigt que « la sélection vers les classes préparatoires [et pas seulement elles, NDLR] se fait de toute façon avant les résultats du baccalauréat ».

Plus critique encore, le sociologue Michel Fize, s’interroge dans Le Figaro du 29 juin 2011, « sur la valeur d’un diplôme que 87% de nos élèves candidats obtiennent aujourd’hui, et qui seront 100% en 2030-2035 ». Un bac coûteux, « un regrettable moment d’angoisse familiale », « un monument en péril », « un brevet anti-culture » conservé par « paresse intellectuelle et lâcheté politique ».
 
Parmi les autres critiques du bac…

Dans une interview du Monde (6 juillet 2011), Christian Forestier, co-président du comité de pilotage de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires, favorable au retour des sujets par académies, assure « qu’on peut très bien conserver quelques épreuves terminales et faire passer tout le reste en cours de formation ».

Dans les Echos, le billet de Favilla qui fait allusion à un bac en contrôle continu avec « des épreuves organisées et corrigées par des professeurs d'autres établissements » et assure « qu’il est plus que temps de réfléchir sérieusement à l'après-baccalauréat ».



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