Royaume-Uni : la fin de l’eldorado pour les étudiants internationaux

Publié le
Royaume-Uni : la fin de l’eldorado pour les étudiants internationaux
Oxford, comme les autres établissements d'enseignement supérieur du Royaume-Uni, accueille chaque année 200.000 étudiants européens. // ©  Eric TSCHAEN/REA
Six mois après le Brexit, le ministère de l’Intérieur britannique envisage de réduire de 45 % le nombre de visas accordés aux étudiants internationaux venant étudier au Royaume-Uni. La nouvelle a de quoi inquiéter les principaux intéressés… mais aussi leurs universités d’accueil.

Depuis le vote du 23 juin 2016 en faveur du Brexit, les étudiants s’interrogent : pourront-ils encore bénéficier d’échanges avec le Royaume-Uni une fois que le pays sera sorti de l’Union européenne, a priori début 2019 ? Chaque année, cette destination attire plus de 200.000 étudiants européens, ce qui représente près de 30 % de la mobilité étudiante européenne, selon une étude publiée en décembre 2016 par l'EUA (Association des universités européennes).

de 300.000 à 170.000 étudiants accueillis

En octobre, la ministre de l’Intérieur britannique, Amber Rudd, s'était engagée à réduire de façon drastique le nombre d’étudiants internationaux accueillis sur le territoire, par un durcissement des conditions d’accès au visa.

Notamment pour les universités ou formations moins cotées, rapporte "The Guardian" dans un article du 12 décembre 2016. L'objectif : faire passer le nombre d'étudiants étrangers de 300.000 à 170.000, selon des sources universitaires citées par le journal.

Pour les trois années à venir, il ne devrait pas y avoir de grand changement pour ceux partant en échange grâce au programme Erasmus +, dont le programme court jusqu’en 2020. "Après, c'est une autre histoire..." pointe Marie Kieffer, doctorante en chimie à l'université de Cambridge.

À compter de 2020, en effet, plusieurs scénarios sont envisageables, selon les conditions dans lesquelles se fera la sortie de l’UE. "Mais il y a encore beaucoup d'incertitudes, constate Yvan Couallier, conseiller d'orientation psychologue au Centre d'information internationale-Euroguidance de Lyon. Le Royaume-Uni aura sans doute intérêt à rester intégré au programme Erasmus +, même après avoir quitté l'Union européenne."

Les universités britanniques demandent des garanties

Une position âprement défendue par les universités britanniques, qui souhaitent rester dans le programme européen, au même titre que les autres pays hors UE qui y participent (Norvège, Suisse, Islande…). Elles demandent à ce que, dès maintenant, le gouvernement garantisse que les règles relatives aux droits de scolarité, prêts d'études et bourses resteront inchangées pour 2018-2019.

En effet, cette année, l’annonce des règles valant pour 2016-2017 (et pour 2017-2018) a été faite en octobre 2016, quelques jours à peine avant la date limite pour s’inscrire à Oxford ou à Cambridge, ce qui a sans doute joué sur la décision de certains candidats de ne pas postuler.

Autre enjeu de taille : la participation au programme de financement européen pour la recherche et l’innovation, Horizon 2020. Selon les chiffres de l’étude de l'EUA, le Royaume-Uni détient le plus grand nombre de publications et de participants à Horizon 2020, et supervise 20 % des projets du programme. "Le système européen dans son ensemble serait affecté si cette contribution devait diminuer à la suite du Brexit", explique Thomas Jorgensen, Senior Policy Coordinator de l’EUA.

Des enjeux financiers conséquents

En se privant des étudiants étrangers, le Royaume-Uni pourrait pâtir d'une réelle perte financière. Lorsqu’un étudiant français s’inscrit dans une université britannique à titre individuel, hors Erasmus +, il paie le même montant que ses homologues britanniques, soit environ 10.775 euros par an. Et ils sont environ 10.000 étudiants français dans ce cas chaque année.

Au total, les étudiants internationaux rapporteraient près de 12.8 milliards d'euros par an à l’économie du pays, d’après Universities UK, le groupe de coordination des vice-recteurs des universités, rapporte le Guardian. Un argument qui pèsera sans doute dans la balance lorsque le gouvernement en place en 2020 prendra sa décision.

| Publié le