Comment encourager… ou décourager un élève

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Paroles d’enseignant et effets sur les élèves
Dans la classe, la parole de l’enseignant, les échanges avec les élèves ne sont jamais neutres. Ces processus interactifs ont fait l’objet de recherches approfondies menées par Jean-Marc Monteil et Pascal Huguet du CNRS. Celles-ci sont fondées sur l’étude de deux pratiques observées.


L’attribution de succès ou d’échec : il faut être bien conscient qu’un enseignant, par une parole, mais aussi par un geste, un regard, attribue à l’élève, à son travail, une valeur soit positive (succès), soit négative (échec).


La comparaison sociale : l’effet sur l’élève diffère selon que l’enseignant lui donne une information en situation de « visibilité », c’est-à-dire en public (dans un groupe, dans une classe) rendant ainsi possible une comparaison avec ses pairs, ou au contraire en situation d’« invisibilité », c’est-à-dire dans une relation plus personnalisée, ou dans l’anonymat.          


Repérer les situations qui favorisent les performances des élèves

Voici deux situations très classiques et extrêmes des effets de paroles d’enseignant sur les élèves.
1. L’enseignant sollicite de façon bienveillante, une fois de plus, le bon élève en classe. Pour celui-ci, c’est une attribution de succès en visibilité. C’est habituel ; son attention est alors optimale, ses performances seront très bonnes.
2. Le même enseignant se résigne à interroger le cancre au fond de la classe, en lui rappelant ses notes antérieures devant les autres. Pour celui-ci, c’est aussi habituel : attribution d’échec en visibilité ; son attention n’est pas entamée ; il se montre totalement disponible pour toute autre chose… généralement détourner l’attention de ses camarades.


Le bon s’en sort toujours. L’élève en réussite scolaire arrive à s’en sortir à peu près dans tous les cas de figure, sauf quand le professeur signale publiquement un échec. Encore faut-il modérer cette observation selon les disciplines : c’est le cas quand la discipline scolaire est reconnue comme « importante », beaucoup moins quand il s’agit aux yeux de l’élève d’une « discipline secondaire ».


Motiver le « cancre ». Alors, quelle est la seule situation où un élève en échec scolaire est amené à se mobiliser ? Pour Jean-Marc Monteil, c’est quand l’enseignant s’attache à faire une attribution de succès en situation d’anonymat ; c’est très inhabituel pour l’élève, sa consommation d’attention sera modérée et pourra produire des performances positives. Si l’attribution de succès avait été en visibilité (on le signale à la classe), l’élève aurait été tenté de jouer son rôle de cancre ou de pitre (à vos dépens), les performances auraient été négatives. Effet pervers d’une bonne intention pédagogique.

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