Concours Passerelle : après le départ de trois écoles, un modèle à repenser

Agnès Millet Publié le
Concours Passerelle : après le départ de trois écoles, un modèle à repenser
Grenoble École de management a quitté le concours Passerelle pour procéder en propre à son recrutement. // ©  Laurent COUSIN/HAYTHAM-REA
Concours d’admissions parallèles pour les écoles de management, Passerelle voit partir trois écoles sur neuf, pour la session 2022. À Montpellier BS, Grenoble EM et l’ICN BS, la réflexion était mûre pour revoir le recrutement. L’association Passerelle doit désormais réinventer son modèle.

En mai dernier, trois poids lourds du concours Passerelle - Grenoble EM, Montpellier BS et l’ICN BS - annonçaient leur départ du concours Passerelle. Un coup dur pour cette banque d'épreuves qui avait déjà vu partir l'EDC en 2020. Alors qu'elle a rassemblé à son maximum 16 écoles, Passerelle ne regroupe aujourd'hui plus que six établissements : BSB, l'EM Normandie, l'ESC Clermont, Excelia BS, IMT-BS et SCBS. Comment expliquer cette désaffection ? Surtout que si le départ est groupé, il n’a pas été concerté.

Montpellier BS à Ecricome pour un nouvel ancrage

Pour Bruno Ducasse, directeur général de Montpellier Business School, son école n’a pas opté pour "un départ de Passerelle mais bien pour une intégration à la banque Ecricome", qui organise un concours AST mais surtout, des épreuves post-prépa. MBS quitte également la BCE (Banque commune d'épreuves) et abandonne, dans la foulée, son concours propre dédié à l’apprentissage, un point important, au vu de ses effectifs alternants.

La réflexion était en cours depuis quelques années, notamment avec l’arrivée de l’EM Strasbourg et de Rennes SB à Ecricome, pour la session 2020. MBS a fait ce choix pour gagner en visibilité. "C’est un club d’écoles dans lequel chacun peut conserver son identité. Et puisque la marque est connue, nous pouvons communiquer en propre sur notre offre auprès des candidats, sans avoir à présenter le concours".

Par ailleurs, selon le directeur, la bascule du DUT en BUT en trois ans "entraînera un appauvrissement du nombre de candidats en admission sur titre en 1re année de PGE (AST1). Il faut donc consolider les recrutements en post-prépa. Même si l’on peut imaginer qu’il y aura un report des candidats issus d’IUT, qui seront plus nombreux en AST 2".

Une certitude : l’école gardera le même ordre de grandeur dans ses effectifs recrutés.

Grenoble EM prend le large

Du côté de l’école grenobloise, la stratégie est différente : l’école veut recruter en propre. Alors qu'il était président de Passerelle au moment du départ de GEM - de janvier 2020 à mai 2021 - Jean-François Fiorina, directeur adjoint de l'école grenobloise estime que l'école est "allée au bout de l'aventure". "Les écoles étaient trop hétérogènes et surtout, nous voulions de l’autonomie et de la souplesse pour recruter avec plus de diversité (situation de handicap, critères sociaux, parcours de sportif de haut niveau)", précise-t-il.

L'école recrutera en 2022 en deux étapes : un dossier (Tage 2 ou Tage Mage et test d'anglais Toefl, IELTS ou TOEIC). Puis les admissibles passeront des oraux "comme pour le concours BCE", avec un entretien spécifique, un oral d'anglais et une épreuve dans une autre langue vivante.

L’ICN BS veut asseoir son image

Autre école "très demandée" de Passerelle, l’ICN BS pointe une autre raison. Labellisée AACSB depuis mai 2020, l’école nancéienne fait désormais partie du club des établissements triplement accrédités. "Stratégiquement, il fallait affirmer notre nouvelle position auprès des candidats", explique Hervé Gaudin, directeur délégué au marketing et à la communication. "Le départ des deux autres écoles triple accréditées Passerelle nous a confortés".

Un autre point a pesé. "Pour être membre du concours, le ticket d’entrée dépasse les 200.000 euros. C’est un budget pour une école comme la nôtre. Cet argent pourra être réinvesti plus près de nos cibles".

Comme GEM, l’ICN lancera un recrutement en propre en 2022. "Nous voulons proposer un dispositif plus léger et un calendrier plus adapté aux candidats, qui passent beaucoup d’épreuves au même moment". Les modalités et les effectifs seront bientôt fixés.

Passerelle entre dans un nouvel âge

Pour Passerelle, le départ de ces écoles remet tout en perspective d'autant qu'en 2021, elles représentaient près de 40% des 2.605 places de Passerelle 1 et 2. Pour Elian Pilvin, directeur de l’EM Normandie et président de Passerelle depuis le 30 juin, ces départs font partie de la vie d’un concours. "Passerelle n’est pas attaqué dans sa forme et plus largement, tout le monde se pose des questions sur les modalités d’admission".

Mais l’association doit aujourd'hui s’adapter. Lors de l’assemblée générale du 30 juin, la gouvernance s’est resserrée autour d’un bureau composée des six écoles. Exit le collège des fondateurs et l’assemblée générale des membres, devenus inutiles.

Des précisions seront bientôt apportées sur l’évolution du concours, pour "associer sélectivité et ouverture sociale". Un groupe de travail planche sur la question. Les annonces interviendront le 30 septembre, pour répondre aux défis budgétaires et d’attractivité.

Agnès Millet | Publié le