Filières cherchent candidats... Les opérations séduction

Jean Chabod-Serieis Publié le
En France, certaines filières professionnelles ne parviennent pas à former suffisamment d’étudiants ni à recruter les effectifs nécessaires. En cause : un manque d’attractivité, des besoins croissants, des départs à la retraite... Des écoles et des entreprises se mobilisent pour gagner en visibilité.

Ce sont des métiers en tension, ceux pour lesquels la demande (les postes) est plus grande que l'offre (les candidats). Selon le site d'emploi Jobintree, parmi les postes ayant recueilli le moins de candidatures au cours de la période octobre-décembre 2012, on trouve notamment les ingénieurs en informatique, les électromécaniciens, les ingénieurs de bureau d'études et les chargés de maintenance et SAV.
Pour l'agence d'intérim et de recrutement Manpower, qui a ­publié l'enquête “Pénurie de ­talents 2013”, “à l'échelle mondiale, les difficultés se ­concentrent sur les métiers manuels, les ingénieurs et les commer­ciaux”. Pôle Emploi, qui publie chaque année son enquête BMO (“Besoins en main-­d'œuvre”), constate également que les techniciens commerciaux font partie des métiers les plus recherchés, tous secteurs confondus. Ce que confirment régulièrement les écoles de commerce. Plus largement, l'hôtellerie-restauration constitue le premier pôle de recrutement natio­nal (14 % des intentions d'embauche en 2013), talonnée par les services aux entreprises (12 %) et la santé-action sociale (12 %).
L'enquête BMO précise que le secteur de l'industrie dé­sespère de trouver des ingénieurs et des cadres d'étude alors que le secteur du commerce recherche activement des vendeurs.
Une nuance : une grande partie de ces postes sont portés par une forte saisonnalité (tourisme, vente) et seule la moitié d'entre eux sont en CDI, selon Pôle Emploi.

Plusieurs raisons peuvent expliquer la pénurie et donc mettre en lumière les leviers sur lesquels agir. D'abord une mauvaise image, que ce soit celle du secteur (traitement des déchets), celle du métier (pénibilité des tâches) ou celle de l'entreprise (les sociétés de service en ingénierie informatique notamment, qui concentrent les critiques sur les conditions d'emploi). Ensuite, la reproduction sociale car, comme le souligne l'APEC (Association pour l'emploi des cadres), “un créatif n'ira pas naturellement vers la banque, un ingénieur ne se tournera pas vers l'univers de la cosmétique, un informaticien ne pensera pas forcément à postuler dans l'industrie”.

Enfin, l'inadaptation des formations à la réalité des métiers. C'est ce qui a poussé le fondateur de Free, Xavier Niel, à créer l'école 42, dédiée à la formation rapide de développeurs dont les compé­tences seront directement adaptées aux besoins des recruteurs, ou le chef étoilé Thierry Marx à monter sa propre école de boulangerie.
D'autres entreprises, beaucoup moins médiatiques, font le même constat et se transforment carrément en minicentres de formation. C'est le cas du sous-traitant aéronautique Figeac Aéro, qui a embauché deux formateurs pour accompagner les jeunes recrues dans le cadre du bac pro technicien d'usinage. Voilà le très moderne principe du “do it yourself” (fais-le toi-même) appliqué à l'emploi.


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Jean Chabod-Serieis | Publié le