Le réseau Carnot : une offre de recherche et d'innovation pour les entreprises

Clément Rocher Publié le
Le réseau Carnot : une offre de recherche et d'innovation pour les entreprises
L'école Centrale de Nantes porte, avec l'Ifremer, l'institut Carnot Mers. // ©  Vincent Jacques
Après une nouvelle vague de labellisation en février 2020, le réseau des instituts Carnot comptabilise 39 instituts. Quel est le rôle de ce réseau ? Qu'apporte le label aux instituts ? Explications en sept points clés.

Le réseau des instituts Carnot compte désormais 39 instituts depuis la dernière vague d'accréditation qui s'est achevée au mois de février. Educpros saisit cette occasion pour comprendre le fonctionnement et les missions du réseau Carnot.

Le réseau des instituts Carnot est composé de structures de recherche publiques et labellisées par le ministère de la Recherche et de l'Innovation. Il se donne pour objectif d'accélérer les échanges avec les entreprises dans le cadre de projets de recherche.

"La création du réseau en 2006 est née d'un double constat. La France possède une dimension recherche de premier plan mondial et nous avons des facteurs d'excellence dans tous les domaines. Ce constat tient toujours aujourd'hui mais la recherche ne servait pas suffisamment les intérêts économiques du pays", explique Alain Duprey, directeur général de l'Association des instituts Carnot.

1. Se mettre au service de l'innovation des entreprises

Chaque institut Carnot est sélectionné à la suite d'un appel à candidatures très sélectif et doit répondre aux mêmes exigences."Un institut Carnot est choisi pour développer et faire croître son activité de recherche au profit de l'innovation des entreprises."

Le réseau se place à l'écoute des besoins exprimés par le monde socio-économique. "L'institut bénéficie d'un accompagnement pour mettre en place un véritable plan d'action et pour orienter sa stratégie de recherche en fonction des attentes futures du marché", poursuit Alain Duprey.

Les instituts développent des activités de recherche partenariale aussi bien avec les PME qu'avec les grands groupes. "Il faut aider les petites entreprises à acquérir un lien avec l'innovation. Ce lien est indispensable à leur survie en matière de concurrence. Les grandes entreprises ont une vision à plus long terme de leurs besoins en recherche et développement."

2. Un label d'excellence scientifique

Obtenir le label institut Carnot est un gage d'excellence scientifique. "Ce label vient récompenser la qualité de la recherche partenariale au service du développement des entreprises", soutient Christian Picory-Donné. Directeur des partenariats et du transfert des technologies au sein de l'Institut Mines-Télécom, il est également le directeur de l'institut Carnot Télécom & Société numérique.

Le fonctionnement en réseau encourage une montée en compétence sur le sujet de la recherche partenariale. (B. Alessandrini)

Labellisé depuis 2006, ce dernier vient d'être reconduit lors de cette quatrième vague d'accréditation. L'institut Carnot Télécom & Société numérique représente le premier institut académique mais également le deuxième en termes de chiffres d'affaires en recherche partenariale (entre 72 et 80 millions d'euros). Il conduit des projets de recherche dans le domaine du numérique, aussi bien les infrastructures de télécommunications, les architectures de réseau que les logiciels de gestion et les flux d'information.

Le label représente un gage de confiance et de reconnaissance par les entreprises. "Aujourd'hui, le label permet de sécuriser la relation de recherche et développement vis-à-vis d'un industriel compte tenu de ses problématiques liées au financement ou à l'organisation. Il garantit à l'entreprise une certaine fiabilité du résultat", continue le directeur.

3. Financer la recherche partenariale

Les 39 instituts Carnot ont bénéficié d'un soutien financier de l'ordre de 62 millions d'euros versés par l'Agence nationale de la recherche (ANR). Cet abondement subventionne des actions qui vont permettre aux instituts de maintenir des engagements à moyen terme en faveur de la recherche partenariale. "Il s'agit d'un dispositif sérieux et responsabilisant. Nous observons l'évolution positive sur les instituts Carnot qui s'engagent à respecter des objectifs", affirme Alain Duprey.

"Le financement de la recherche partenariale avec les entreprises est un effet direct de cette labellisation. Nous avons un budget annuel qui va nous être alloué pour travailler sur nos projets de recherche", confirme Bertrand Alessandrini, directeur du développement de l’École Centrale de Nantes.

L'institut Carnot Mers est porté par l'école d'ingénieurs nantaise et l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Ce nouvel institut est entièrement dédié à l'océan et principalement à la construction humaine en mer (énergie maritime, génie côtier). "Nous avons beaucoup d'arguments à faire valoir dans le domaine maritime. Il fallait qu'on s'associe avec un acteur fort de la recherche dans ce secteur", poursuit le directeur du développement.

4. Une évaluation rigoureuse

Un institut Carnot répond à un grand nombre de critères d'éligibilité afin de conserver son accréditation. Il prend des engagements sur quatre années, aussi bien en matière de progression de son chiffre d'affaires, de l'amélioration de sa recherche partenariale que de son fonctionnement optimisé avec les autres instituts membres du réseau. Une évaluation rigoureuse vient valider la tenue ou non de ces objectifs.

Garantir l'excellence scientifique constitue une priorité pour le réseau des instituts Carnot selon Alain Duprey. "Si nous voulons rester attractifs pour les entreprises, elles doivent être convaincues qu'elles ont une chance de trouver la réponse à leur problématique en venant à notre rencontre. Dans le réseau, nous avons chaque année 26.000 publications scientifiques de rang A. Le réseau contribue à un tiers des publications françaises, avec seulement 20% des effectifs de la recherche publique."

5. La force du réseau

L'association des instituts Carnot veille à ce que chaque institut possède une excellente capacité à s'inscrire dans le cadre du réseau. "Notre but est de créer une véritable communauté d'acteurs qui soient capables de travailler et de progresser ensemble", rappelle son directeur général Alain Duprey.

Le renforcement du collectif se développe lors de séminaires par exemple. "Les instituts Carnot se réunissent régulièrement, réalisent des retours d'expérience et partagent leurs bonnes pratiques. Le fonctionnement en réseau encourage une montée en compétence sur le sujet de la recherche partenariale", témoigne Bertrand Alessandrini. "La constitution du réseau permet de proposer une offre consolidée et efficace aux niveaux national et international", confirme Christian Picory-Donné.

6. Mettre en valeur la formation

Un institut Carnot repose sur la notion de complémentarité des missions. "La demande concrète des entreprises est d'être capable d'articuler une offre de formation, une offre de recherche et développement, et une offre d'innovation. Nous construisons des complémentarités pour mieux répondre à la demande d'un partenaire socio-économique", ajoute le directeur de l'institut Carnot Télécom & Société Numérique.

"Parmi nos 35.000 collaborateurs à temps plein, nous avons 10.000 doctorants. Chaque année, le réseau met sur le marché près de 3.500 docteurs scientifiques. Nous répondons aux besoins de formation et de recrutement des entreprises qui recherchent des talents et des compétences", poursuit Alain Duprey. A savoir que près d'un tiers des thèses Cifre se déroulent dans un institut Carnot.

7. Assurer sa position à l'international

Le réseau des instituts Carnot cherche à renforcer sa visibilité à l'international notamment avec l'arrivée du nouveau programme de recherche et d'innovation de l'Union européenne appelé Horizon Europe. Ce programme démarre officiellement en janvier 2021 et remplace le programme Horizon 2020 débuté en 2014. "L'objectif est de maximiser le taux de réussite des instituts Carnot dans les réponses aux appels à projets émis par ce programme cadre", explique Alain Duprey.

Le directeur général de l'AI Carnot confie que le réseau partage l'ambition d'arriver à un milliard de projets de recherche bilatérale direct avec l'entreprise à l'horizon 2030.

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