Mercato des concours : pourquoi les écoles de management changent de banques ? (partie 1)

Dahvia Ouadia, Stéphanie Ouezman Publié le
Mercato des concours : pourquoi les écoles de management changent de banques ? (partie 1)
Les banques d'épreuves des concours d'entrée aux écoles de commerce connaissent de nombreux bouleversements pour 2020. // ©  Gorodenkoff / Adobe Stock
En l’espace de quelques mois, les transferts se sont multipliés : ce ne sont pas moins de 15 écoles de management françaises qui changent de banque d’épreuves pour la session 2020 des concours. Post-bac, post-prépa, admissions parallèles, tous les niveaux d’entrée sont concernés et presque toutes les banques du marché impliquées ! Pourquoi autant de changements simultanés concernant le recrutement d’étudiants ? Voici en deux parties, des éléments de réponse.

En post-bac, c’est le grand chambardement. Exit le concours Atout +3 : six des écoles qui recrutaient depuis plus de dix ans via cette banque (BSB, EM Normandie, GEM, ESC Clermont, IMT-BS, La Rochelle Business School) ont intégré Passerelle, qui a créé pour l’occasion Passerelle Bachelor. Première édition programmée pour 2020.

Des mouvements aussi du côté d’Ecricome : l’arrivée de Rennes SB et de l’EM Strasbourg aux côtés de KEDGE BS et NEOMA BS fait évoluer les opportunités pour les candidats à l’intégration de ces écoles dès 2020. Le concours Ecricome Bachelor, présent sur Parcoursup, ouvre désormais les portes des programmes post-bac de Rennes SB, l’EM Strasbourg et de KEDGE BS.

Les Bachelors, BBA et Masters en cinq ans de NEOMA BS, autre membre d’Ecricome, sont accessibles pour leur part via des concours indépendants ou le concours Sésame.

Toujours post-bac, le concours Link a également vécu la dernière session de son histoire en 2019. Les quatre écoles membres (EBS Paris, EDC, EMLV, PSB), pour leur bac+5, ont intégré le concours Sésame.

Avec l’arrivée conjointe de SKEMA BS, emlyon business school et YSCHOOLS, Sésame a tout bonnement doublé le nombre d’écoles partenaires du concours en cette rentrée. La banque accueille huit nouveaux programmes bac+4 et bac+5.

Côté post-prépa, c’est l’arrivée de Rennes School of Business et de l’EM Strasbourg au sein d’Ecricome, ainsi que la sortie de l’ESC Pau de la BCE, qui constituent la principale actualité.

Les banques de concours : des partenaires techniques

Pour une école, se charger soi-même de son recrutement, c’est faire le choix de l’autonomie complète concernant l’un des volets essentiels de la vie de l’institution. Confier son recrutement à une banque de concours, c’est forcément lui accorder une confiance absolue sur le process.

"Opératrices" de concours, les banques interviennent d’abord sur l’ensemble de l’aspect technique du recrutement, maîtrisant toutes les étapes, de la conception des sujets à la délivrance des résultats d’admission.

Elles gèrent un pool de concepteurs, le fonctionnement des centres d’examens, la mobilisation des surveillants, la collecte et le rapatriement des copies, l’intégration des notes, la convocation aux oraux…

En choisissant Sésame, non seulement j’épargne des journées épuisantes à mes collaborateurs, mais en plus, l’EBS rejoint des écoles prestigieuses au sein de la banque. (L. Rouai)

Souvent aussi, elles se chargent de la gestion des frais d’inscriptions remis par les candidats, sans oublier la communication. Autant de points (facteurs de coûts humains et financiers) dont les écoles membres s’épargnent le traitement !"

En prenant la direction générale de l’EBS, à la rentrée 2017, j’ai découvert le format multisession du recrutement, se souvient Lamia Rouai, directrice de l'EBS. A six ou sept reprises dans l’année, nous organisions un concours, ce qui fatiguait les équipes et qui, selon moi, ne garantissait pas la sélectivité. En choisissant Sésame pour notre recrutement 2020, non seulement j’épargne des journées épuisantes à mes collaborateurs, mais en plus, l’EBS rejoint des écoles prestigieuses au sein de la banque".

Un travail individuel pour être visibles ensemble

Intégrer une banque de concours fait nécessairement perdre en autonomie pour gagner en visibilité ? S’effacer pour laisser la place à la "marque" d’un concours ? Même lorsque le candidat a la liberté de ne cocher qu’une école ou deux au sein d’une banque (c’est par exemple le cas pour Passerelle ou la BCE), il passe par elle.

Les banques offrent l'avantage d'envoyer un signal clair au public cible : être sous une même bannière permet de se faire voir d’un plus grand nombre de candidats. "Chasser ensemble en amont permet de mettre collectivement un maximum de candidats dans les tuyaux", confirme Jean-Guy Bernard, président de Passerelle depuis 2015, et directeur général de l’EM Normandie.

Ce sont chacune des écoles membres, par leur travail et leur puissance de feu, qui font l’attractivité d’une banque. (T. Froehlicher)

Ce qui est déjà un bon point de départ ! Mais chaque membre doit ensuite jouer son rôle : on ne remet pas le destin de son recrutement entre les mains d’une banque sans s’impliquer. "Ce sont chacune des écoles membres, par leur travail et leur puissance de feu, qui font l’attractivité d’une banque", insiste Thomas Froehlicher, directeur général de Rennes School of Business, qui confie que l’arrivée de de son école dans Ecricome s’est accompagnée d’investissements financiers et humains, notamment sur les salons étudiants.

Une banque d’épreuves pour diminuer la facture des concours ?

Le cas de Rennes School of Business le confirme : recruter via une banque d’épreuves ne signifie pas obligatoirement diminuer le coût du concours pour une école. La présence au sein d’une banque est d’ailleurs payante. Pas facile de savoir à combien s’élève le ticket d’entrée… "Le même pour tout le monde", répond Passerelle. "Nous ne sommes pas chers !" assure-t-on chez Sésame, qui songe à une révision de ses prix (pour les écoles membres). "Notre statut d’association loi 1901 nous fait écarter de fait l’idée de bénéfice", indique Ecricome.

Avant de choisir d’intégrer une banque de concours, une école doit déterminer si elle peut se permettre de dépenser des centaines de milliers d’euros pour ne recruter que vingt étudiants à la fin… (J. Charroin)

"Avant de choisir d’intégrer une banque de concours, une école doit déterminer si elle peut se permettre de dépenser des dizaines, des centaines de milliers d’euros pour ne recruter que vingt étudiants à la fin…", remarque Jean Charroin, directeur général de l’ESSCA. "Nous ne réfléchissons pas en ces termes, estime Lamia Rouai. Ce qui compte, c’est la visibilité que la banque apporte à l’EBS. Être le plus petit dans le plus grand des concours est avantageux, quoi qu’il se passe effectivement sur le recrutement ! Sur Parcoursup et ses 15.500 formations présentes, le concours Link, avec ses trois écoles membres, serait passé inaperçu face à Sésame."

A suivre la deuxième partie demain…

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