Regroupement : Paris-II Panthéon-Assas lance un projet d’établissement public expérimental avec l’Isit, l’Efrei et le CFJ

Malika Butzbach Publié le
Regroupement : Paris-II Panthéon-Assas lance un projet d’établissement public expérimental avec l’Isit, l’Efrei et le CFJ
L'université Paris II-Panthéon Assas lance un projet d'établissement public expérimental avec plusieurs autres établissements. // ©  N. Tavernier/REA
Paris-II Panthéon-Assas annonce la création d'un projet d'établissement public expérimental qui comprendra l’Isit, l’Efrei et le CFJ comme établissements-composantes et l’Irsem comme "institut partenaire". Objectif : développer une offre de formation et des projets de recherche transdisciplinaires, améliorer la visibilité des établissements à l’international…

"L’union fait la force", sourit Stéphane Braconnier, président de l’université Paris-II Panthéon- Assas. L’établissement a annoncé le 21 juin la création d’un établissement public expérimental (EPE), une forme de regroupement universitaire permise par l’ordonnance du 12 décembre 2018.

Aux côtés de l’université dans ce projet, se trouvent l’Isit (institut de communication et de management interculturels), l’Efrei (École française d'électronique et d'informatique), le CFJ/Ecole W (Centre de formation des journalistes) et l'Irsem (Institut de recherche stratégique de l’École militaire).

"Ce regroupement est une belle opportunité", abonde Frédéric Meunier, directeur de l’école d’ingénieurs Efrei. "Nous avions déjà des relations en binôme les uns avec les autres. Lorsque nous nous sommes mis à la même table pour discuter, force était de constater que la volonté de travailler ensemble était là", raconte Tamym Abdessemed, à la tête de l’Isit, en citant le double diplôme avec Assas pour le master de juriste-plurilinguisme.

Formations transdisciplinaires à l'appui des expertises de chaque membre

C’est notamment sur l’envie de créer une offre de formation commune que les établissements se sont retrouvés. "Nous voulons semer et rendre fertiles des espaces académiques transdisciplinaires pour mieux valoriser nos diplômes et l’employabilité de nos étudiants qui seront bi-qualifiés", annonce Stéphane Braconnier.

Parmi les éléments d’intégration : la création de collège de formation et de recherche dont l’un intitulé "Numérique, ingénierie et médias". "Il s’agit de s’appuyer sur les compétences de chacun des établissements membres de l’EPE, déclare Frédéric Meunier. La légaltech et les enjeux sur le droit et l’IA dans le domaine de la défense sont également des sujets qui nous intéressent."

La volonté est aussi de diversifier les projets de recherche et les sources de financements : "Le fait d’être un EPE nous permet de postuler à davantage d’appels à projets de recherche et travailler sur ces enjeux transversaux améliore notre viabilité sur ces projets", souligne le président de Paris-II.

Il s’agit aussi pour l’université de renforcer "sa visibilité et son attractivité internationale", précise le communiqué de presse. Cela passe par la mutualisation des réseaux de partenaires étrangers des établissements, mais également par l’ambition d’intégrer une université européenne.

Une forme de regroupement "agile"

Les établissements membres du regroupement ont tous une réputation propre dans l'enseignement supérieur. Aussi, le regroupement en EPE est apparu comme la meilleure solution car permettant plus d’agilité, raconte Tamym Abdessemed. "Comment se rassembler en préservant l’identité de chacun ? Créer notre propre regroupement nous permet de façonner les statuts au plus près de ce que nous sommes et de ce que nous voulons", répond Stéphane Braconnier.

Les statuts ont été déposés au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation le 8 juin et font l’objet d’échanges. "Nous avons réfléchi à une gouvernance à la fois forte et agile", indique Frédéric Meunier. Cela se traduit par une participation croisée au niveau des conseils d’administration : les établissements composantes que sont l’Isit, l’Efrei et le CFJ siégeront au conseil d’administration de l’EPE. Et réciproquement, l’EPE sera représenté dans ceux des établissements composantes. "Un comité d’organisation, qui incarnera la nature même de l’EPE, sera aussi mis en place", précise le président de Paris-II.

Toutefois, l’Insem, en tant que laboratoire dépendant de l’École de Guerre et, de fait, du ministère des Armées, ne possède pas de personnalité morale propre et ne peut donc juridiquement pas devenir établissement composante de l’EPE. "Il sera dans le regroupement en tant qu’institut partenaire avec, dans un premier temps, des relations plus distendues", spécifie Stéphane Braconnier.

En termes de calendrier, "l’idée est de faire valider ces statuts à nos CA respectifs à l’automne afin qu’ils passent devant le Cneser en octobre ou novembre. Cela permettrait de créer l’EPE dès le 1er janvier 2022, estime Tamym Abdessemed. Pour l’instant nous sommes dans les temps."

Un équilibre entre intégration et identités propres

Comment trouver l’équilibre entre intégration et respect de l’identité des établissements-composantes ? Le défi est de taille pour le premier EPE à regrouper une grande université, des établissements de statut privé et un laboratoire dépendant d’un autre ministère que celui de l’enseignement supérieur. "Pour réussir à préserver notre identité malgré une stratégie commune, il faut réussir à faire apparaître notre appartenance à l’EPE sans nous effacer en tant qu’établissement", développe Frédéric Meunier.

Cela pourrait passer par une carte d’étudiante commune notamment. Ainsi qu’une double signature des diplômes : celle du directeur de l’EPE et du directeur de l’établissement-composante. "Il faudra voir comment se construit ce regroupement dans une logique d’amélioration continue. Expérimental veut dire ce que cela veut dire", sourit Tamym Abdessemed.

Malika Butzbach | Publié le