B. Roig (Université de Nîmes) : "Nous créons des formations en fonction des besoins du territoire"

Guillaume Mollaret Publié le
B. Roig (Université de Nîmes) : "Nous créons des formations en fonction des besoins du territoire"
Le site Hoche de l'université de Nîmes, inauguré en 2013, accueille notamment les licences professionnelles. // ©  Unîmes
Benoît Roig, président de l’université de Nîmes depuis 2020, inscrit sa démarche dans l'accompagnement des étudiants et le développement de filières professionnalisantes, en lien avec les besoins du territoire. Une stratégie qui fait la singularité de cet établissement né en 2007.

L’université de Nîmes est née il y a 15 ans. Quelles sont les caractéristiques de ce jeune établissement ?

Nous avons dans nos statuts de création une vocation professionnalisante en lien avec le monde socio-professionnel. Notre seul organe décisionnaire est le conseil d’université. Tout comme notre conseil d’orientation, il est pour moitié composé de personnalités issues du monde extérieur à l’université.

benoit roig université de nimes
benoit roig université de nimes © université de Nîmes

C’est un modèle qui me semble extrêmement intéressant car, si beaucoup d’établissements commencent à se tourner vers leur territoire, l'université de Nîmes a été créée pour cela.

Et concrètement, comment cela se traduit-il dans votre catalogue de formations ?

Nous créons des formations en fonction des besoins des entreprises et administrations du territoire. Nous avons par exemple créé un DU (diplôme universitaire) secrétariat de mairie car, d’ici cinq ans, 30% de ces professionnels partiront à la retraite dans le département.

Nous avons également créé un master en management des risques car notre département est soumis à des risques climatiques avec de nombreuses inondations, sociaux ou technologiques avec une industrie nucléaire développée.

Je fais la différence entre une université qui travaille avec son territoire et une université qui travaille pour son territoire. L'université de Nîmes est dans le deuxième cas.

Je fais la différence entre une université qui travaille avec son territoire et une université qui travaille pour son territoire. L'université de Nîmes est dans le deuxième cas. Trente mois après leurs sortie, 89% des diplômés de licence pro et 86% de ceux de master occupent un emploi.

Ces DU évoluent-ils sur la création de diplômes plus pérennes ?

Nous sommes très attentifs à l’avis du conseil de perfectionnement propre à chaque formation. Nous faisons très attention à ce que ces créations ne correspondent pas au besoin d’une seule entreprise. Le DU permet de jauger de la réalité des débouchés. Certains ont été arrêtés après deux ans, d’autres sont intégrés à la formation initiale.

A la rentrée 2023, notre licence pro métiers de la biotechnologie proposera un parcours "analyses chimiques". Autre exemple, il y a trois ans, nous avions créé trois DU en métiers de l’optique. Nous en avons fait un master car il était en lien avec les besoins des opticiens du territoire.

La petite taille de l’établissement avec 6.000 étudiants est-elle un handicap ou un atout ?

La taille de l'université nous permet d’être réactif, vis-à-vis du monde socio-économique mais également au niveau de la vie étudiante. Nous prenons un soin particulier à accompagner nos étudiants tout au long de leur parcours et vie universitaire. Au niveau de la santé étudiante par exemple, nous avons installé une cabine de télémédecine pour des consultations de généralistes. Une nutritionniste, une gynécologue et une addictologue effectuent des vacations dans des locaux dédiés.

Par ailleurs, nous avons identifié un problème de suivi dentaire et visuel. Nous allons donc dès cette année proposer des plages de consultation. Enfin, nous poursuivons notre action pour lutter contre la précarité étudiante. Après le distributeur de protections périodiques, nous allons installer un distributeur gratuit de produits hygiéniques (brosses à dents, du dentifrice, du savon, du shampoing).

Cet accompagnement de proximité se ressent-il sur vos taux de réussite ?

A l'Unîmes, 66% des étudiants réussissent leur première année de licence. C’est également le cas de 49% des étudiants issus de bac techno et 30% de ceux titulaires d'un bac pro. En outre, nous comptons 63% d’étudiants boursiers en première année !

On l’on peut réussir à l’université quel que soit son milieu d’origine quand on est bien accompagné.

C’est peut-être un record mais cela veut aussi dire qu’on l’on peut réussir à l’université quel que soit son milieu d’origine quand on est bien accompagné. Ici, les étudiants sont rapidement identifiés. A l’université de Nîmes, ils ne sont pas qu'un simple numéro.

Une école doctorale a vu le jour en 2015 au sein de l'université. Quelle est votre ambition sur les troisièmes cycles ?

Il est important de permettre aux étudiants de rentrer en post-bac et d’aller au bout des cursus que propose notre système universitaire. L’école doctorale permet aussi de valoriser nos meilleurs étudiants de master par cette filière.

Nous avons par exemple encore trop peu de masters. Or, on sait que nos diplômés de L3 réussissent très bien leur suite d’études quand ils vont dans d'autres établissements. Notre ambition est donc de les garder le plus longtemps possible et que leur réussite soit le fruit de toute leur scolarité à l’université de Nîmes. L'Ecole doctorale fait partie de ces moyens, tout comme notre ambition d'accroître notre offre en master.

Collaborez-vous avec d’autres établissements de l’enseignement supérieur ?

Nous travaillons bien avec les acteurs locaux de l'enseignement supérieur. Nous collaborons avec des lycées, qui développent des BTS ou encore avec l'Ecole supérieure des Beaux-Arts. Nous co-accréditons aussi le DU Laïcité et médiation avec l'Institut de formation aux métiers éducatifs de Nîmes.

Notre master Biotin (biotechnologie santé) est partagé avec l’université de Montpellier. Nous faisons par ailleurs en sorte de ne pas proposer une offre concurrente à celle délivrée dans les universités de Montpellier et d’Avignon, qui nous sont les plus proches.

Guillaume Mollaret | Publié le