Florence Legros : "L'ICN aura plus sa place au sein de la BCE"

Cécile Peltier Publié le
Florence Legros : "L'ICN aura plus sa place au sein de la BCE"
La galerie colorée qui relie les différents bâtiments du campus Artem, symbole de sa transdisciplinarité. // ©  Artem
L'ICN a créé la surprise en annonçant, mi-octobre 2016, son arrivée au sein de la BCE (Banque commune d'épreuves), et du coup son départ d'Ecricome. Un choix coûteux sur le plan financier – et peut-être du recrutement – que sa directrice, Florence Legros, justifie par la volonté de monter en gamme.

Florence Legros, directrice générale de l'ICN Business School.Vous avez fait le choix, mi-octobre, de quitter la banque d'épreuves Ecricome pour rejoindre la BCE, Atout+3 et le concours Passerelle pour vos différents concours. Pourquoi cette décision, à deux mois de l'ouverture des inscriptions ?

L'ICN est une école qui monte dans les classements. Nous avons un nouveau plan de développement, avec une équipe musclée, et bientôt un nouveau campus. Nous avons pensé que la BCE était plus à même d'accompagner nos ambitions.

Ecricome
est une banque qui a perdu en attractivité, où nous étions coincés entre deux grosses écoles [Kedge et Neoma BS]. Nous n'avions pas les mêmes priorités ni les mêmes moyens, qu'il s'agisse de la communication ou des places proposées. On peut d'ailleurs imaginer que, même si nous faisions le plein, la plupart des candidats ne venaient pas pour nous...

Nous aurons plus notre place au sein de la BCE, et où tout le panel d'écoles est représenté. Le fonctionnement de la banque nous convient mieux : nous avons pu choisir nos épreuves, leur pondération... Enfin, la BCE bénéficie d'une excellente image et la vingtaine d'écoles membres nous ouvre de nouvelles perspectives en termes de synergies. Nous ne devrions avoir aucun mal à trouver d'autres établissements à taille humaine, mais avec une forte dimension internationale, pour créer un PhD international, par exemple.

Le constat vaut aussi en matière des admissions sur titre, où Passerelle est la référence pour les étudiants. Enfin, au niveau Bachelor, intégrer Atout+3 nous permettra de mener une stratégie de recrutement commune avec l'EM Strasbourg dans le Grand-Est.

Démissionner le 13 octobre d'un concours [Ecricome] dont les inscriptions s'ouvrent en décembre est tout de même un peu surprenant... Sans compter qu'entre les pénalités de sortie d'Ecricome et les droits d'entrée, ces changements vous coûteront très cher... Est-ce bien raisonnable ?

C'est tout sauf un départ précipité. Avant de prendre ma décision, j'ai pris la peine de consulter un certain nombre d'autres directeurs, qui l'ont tous jugée pertinente. Et, pour preuve, nous avons été acceptés à l'unanimité au sein de la BCE.

On ne peut pas m'accuser de ne pas avoir prévenu en amont mes collègues d'Ecricome. Dès le 6 juillet, je les ai informés de mes questionnements puis, fin septembre, de notre candidature à la BCE. Je l'ai fait par courtoisie, mais je n'étais pas obligée : lorsque l'on postule à un nouveau poste, on ne prévient pas son patron...

Concernant Ecricome, il y a une balance des comptes à faire, notre service comptabilité y travaille. De même que nous verserons un ticket d'entrée de manière étalée sur les prochaines années, aux nouvelles banques. Si l'on raisonne à court terme, c'est cher. Si l'on se projette à long terme c'est un excellent investissement pour l'école. Rejoindre BCE, Passerelle et Atout+3 nous permettra de remplir qualitativement nos promotions, et même d'augmenter un peu le nombre de places aux concours 2017 sur le Bachelor et le programme grande école.

C'est tout sauf un départ précipité.

Quel est le montant de cet "investissement" ?

Si je vous dis qu'il nous suffira de recruter 30 étudiants supplémentaires sur le programme grande école l'année prochaine, ce qui représente 900.000 euros sur trois ans, pour rentabiliser cet investissement, je réponds à votre question. Nous allons également profiter de l'emménagement sur le nouveau campus Artem pour augmenter un peu les droits d'inscription.

Et si vous ne faisiez pas le plein ? Sur Ecricome, Kedge et Neoma vous assuraient des candidats. Au sein de la BCE, au sein de laquelle vous n'avez pas, à l'instar de l'ESC Clermont, par exemple, intégré une grappe d'écoles proposant une inscription commune, ne craignez-vous pas d'être noyés dans la masse ?

Partir seul n'est absolument pas un problème. Il n'existe plus que deux grappes d'écoles au sein de la BCE [EM Strasbourg, ESC Rennes et Montpellier BS d'une part, et EM Normandie, ESC La Rochelle, ESC Pau, ESC Troyes et ISC Paris de l'autre], et beaucoup d'écoles, seules, s'en tirent très bien. Si les étudiants font leur choix en fonction des classements, nous devrions atteindre nos objectifs.

À une condition peut-être : mieux communiquer sur nos atouts – une école à taille humaine, avec une pédagogie fondée sur l'interdisciplinarité et un recrutement fondé aussi sur les qualités humaines.

Quelles sont vos projections pour 2020 ?

Une stratégie quantitative n'est pas compatible avec la pédagogie Artem, fondée sur le travail par petits groupes. Ainsi, il n'y aura pas de grosse augmentation d'effectifs – 3.192 étudiants aujourd'hui – d'ici à 2020.

En revanche, nous allons accroître le pourcentage d'étudiants étrangers déjà très important – environ 30 % –, ainsi que le nombre de professeurs, en insistant sur la qualité. Les nouvelles recrues sont toutes titulaires d'un doctorat ou d'un PhD, et, si possible, d'une HDR (habilitation à diriger des recherches).

Cécile Peltier | Publié le