L. Adoui (université de Caen) : "La première priorité de l'université, c'est l'emploi de personnels"

Amélie Petitdemange Publié le
L. Adoui (université de Caen) : "La première priorité de l'université, c'est l'emploi de personnels"
Lamri Adoui, président de l'université de Caen, dresse les enjeux et les projets de l'université. // ©  Benoit Decout/REA
Lamri Adoui, président de l'université de Caen depuis un an, dresse les enjeux et les projets de l'université. L'emploi d'enseignants et de personnel, la recherche, la santé étudiante ainsi que le développement durable sont au cœur du projet de l'établissement pour la période 2022-2026.

Vous avez été élu en décembre 2020 à la tête de l'université de Caen. Quelle est la feuille de route de votre mandat ?

Nous sommes à un moment important car nous démarrons la construction de notre projet pour le contrat d'établissement 2022- 2026. Le projet est signé tous les cinq ans avec l'Etat, nous devons définir nos priorités et nos indicateurs car il sera signé au courant de l'année 2022. C’est un moment important, où l’on débat avec l'ensemble de la communauté de notre projet.

Lamri Adaoui président de l'université de Caen
Lamri Adaoui président de l'université de Caen © photo fournie par l'établissement

Nous avons décliné notre stratégie en six axes, avec la recherche comme priorité : se doter d'une ambition européenne et internationale, être un acteur majeur dans les dynamiques territoriales, placer la réussite étudiante au cœur de nos projets, construire des campus d'innovation attractifs, durables et connectés, et travailler sur les enjeux de la santé sur le territoire et pour les étudiants.

Nous avons des enjeux de politique de site pour mener à bien notre projet, avec la question centrale de ressources humaines.

L'université vient de voter son budget pour 2022, en hausse par rapport à l'année dernière. Quelles seront vos priorités ?

Nous avons deux priorités. La première, c'est l'emploi de personnels au sein de l'université. En l'espace de sept ou huit ans, nous sommes passés de 23.000 à 33.000 étudiants, tout en perdant des enseignants et des personnels scientifiques et techniques. Cela ne peut pas être une solution sur le long terme. Nous nous battons pour trouver des ressources propres additionnelles afin de soutenir une politique d'emploi ambitieuse.

Notre deuxième priorité, c’est une hausse substantielle des crédits à la recherche. La hausse des dotations sera de près de 20% par rapport à l'année précédente, afin de donner aux unités de recherche les moyens de réaliser leurs projets.

Quelle est votre stratégie pour trouver les ressources additionnelles que vous évoquiez ?

Nous activons plusieurs leviers : discussions avec les collectivités territoriales et avec l'Etat, renégociations de contrats antérieurs sur des enjeux de formation continue, développement de l'alternance, contrats de recherche, financements européens, et nous travaillons avec le monde socio-économique.

Il y a également un levier qui reste en suspens : la valorisation de notre patrimoine, car nous faisons partie des universités qui sont engagées dans la dévolution immobilière dès 2019 afin d'en devenir propriétaire.

Vous menez plusieurs actions en faveur du développement durable. Vous avez notamment créé une unité d'enseignement sur le sujet en décembre 2021. En quoi consiste cette formation ?

Nous avons créé un club d'ambassadeurs du développement durable. Il réunit des étudiants de toutes les composantes de l'université qui ont une appétence particulière aux enjeux du développement durable. Ils sont formés par des enseignants référents afin d’aller dans les lycées du territoire pour parler développement durable. La première opération dans les lycées sera menée début 2022, avec une cinquantaine d'étudiants.

Il s'agit d'un contrat, les étudiants recevront ainsi une petite rémunération et ils pourront le valoriser sur leur diplôme. Au niveau de la formation doctorale, nous avons aussi une action de formation des doctorants sur le développement durable.

Vous avez aussi entamé des travaux pour un chauffage plus écologique sur le campus. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

La chaudière à gaz va être changée par une chaudière biomasse, cela permettra d’être plus vertueux en matière de gaz à effet de serre et de faire des économies. C'est aussi un projet de territoire, car nous allons produire plus que ce que le campus consomme dans les premières années et réinjecter cette énergie dans le réseau de la ville.

Comment se déroule le 2e semestre face à la recrudescence de l'épidémie de Covid-19 ?

Pour l'instant, nous avons anticipé toutes les mesures du gouvernement. Nous avons par exemple interdit les moments festifs avant la circulaire de la Dgesip (Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle) du 8 décembre.

Nous sommes aussi très actifs sur la vaccination. Nous avons déjà organisé dix journées de vaccination gratuite et sans rendez-vous, ouvertes à tous les étudiants, qu'ils soient de l'université ou non. Et nous continuons, avec trois dates prévues en janvier. Le masque est par ailleurs de nouveau obligatoire en extérieur sur le campus pour les zones à fort rassemblement : attente devant la salle d'examen, attente pour le restaurant universitaire…

Pour l'instant, il n’y a pas de cours à distance, mais ce serait irresponsable de ne pas prévoir un plan B. Nous sommes davantage prêts que les autres années à basculer rapidement à distance, même si ce n'est jamais quelque chose de simple humainement et techniquement.

Amélie Petitdemange | Publié le