Q. Leroux : "L’ADEPPT vigilante face aux évolutions des concours des écoles de commerce"

Stéphanie Ouezman Publié le
Q. Leroux : "L’ADEPPT vigilante face aux évolutions des concours des écoles de commerce"
Les 31 janvier et 1er février 2020, l'ADEPPT s'est réunie pour son 25e congrès sur le campus lyonnais de l'Inseec SBE // ©  Inseec
Quentin Leroux a été réélu à la tête du bureau de l'association de promotion des classes préparatoires option technologique (ADEPPT) fin janvier 2020, lors de la 25e assemblée générale. A cette occasion, Educpros fait le point sur l'avenir de la filière.

Vous organisiez, en janvier dernier, le 25e congrès de l'ADEPPT. Quels sont vos enjeux aujourd'hui ?

Notre association est particulièrement attentive à l’évolution du paysage des écoles de management auxquelles nous destinons nos élèves. Cela fait plusieurs années que nous observons l’ouverture de nouvelles places à l’attention des candidats issus de CPGE dans les établissements du top 10, qui intègrent donc un volume de plus en plus important de préparationnaires.

quentin leroux
quentin leroux © Photo fournie par le témoin

Les écoles qui les suivent dans les classements doivent trouver des solutions pour conserver la taille de leurs promotions et maintenir la stabilité de leur modèle économique. Aller chercher leurs futurs étudiants représente un coût pour elles, nous le savons. Elles explorent donc des solutions pour équilibrer leurs budgets. En ouvrant notamment des programmes bachelors.

Ce n'est donc pas du côté des prépas ATS que vous craignez la concurrence ?

Je ne vois pas de concurrence entre les prépas ECT (économique et commerciale option techno) et ATS (adaptation technicien supérieur) économie-gestion ! Nous avons d’ailleurs depuis deux ans un vice-président en charge des prépas ATS au bureau de l’ADEPPT.

En effet, leur principal vivier de recrutement n’est pas chez les élèves de terminale STMG. Elles accueillent davantage des titulaires de BTS et DUT qui veulent préparer une intégration dans les écoles de commerce en même temps qu’ils valident une licence.

Les prépas ECT conduisent les bacheliers technos vers des études longues quand les prépas ATS permettent à ceux qui se sont d’abord engagés dans des études courtes de changer d’avis.

De plus en plus d'écoles écoles font évoluer leurs concours. Comment voyez-vous ces changements ?

Nous voyons effectivement de nouvelles formules testées autour des concours, or, les modalités d’intégration sont plus que jamais un point sur lequel nous accentuons notre vigilance. Et cela concerne les CPGE dans leur ensemble et pas seulement les représentants de l’option ECT.

La classe prépa doit rester une voie d’accès incontournable pour intégrer les grandes écoles de management. Il faut aussi veiller à ce qu'elle ne devienne pas un vivier qui ne servira qu’une dizaine d’écoles aux promotions très larges. Nos élèves ont besoin de pouvoir intégrer des établissements à taille humaine.

Pour les élèves de la voie ECT qui font le choix d’une école, la taille des promotions et l’ambiance plus familiale que peut offrir un établissement comptent. Et passent même souvent devant le critère du rang dans les classements.

Nos élèves ont besoin de pouvoir intégrer des établissements à taille humaine.

Que faites-vous pour que la prépa reste la voie principale d'accès aux écoles ?

Nous sommes un maillon essentiel de la filière et le dialogue est continu avec les écoles, c’est essentiel pour être informés, faire vivre ce continuum prépa-grande école, renforcer les liens, montrer notre implication et notre importance. C’est une chose qui aura d’autant plus de poids sur les choix stratégiques des écoles, nécessairement très occupées par leurs accréditations et leur visibilité internationale, que notre filière sera volumineuse.

Notre puissance vient en effet aussi de notre capacité à remplir nos classes. Nous poursuivons auprès des lycéens un important travail d’information pour montrer tout l’intérêt d'emprunter la voie prépa plutôt que d’essayer de la contourner pour tenter d’intégrer une école en admission parallèle. En effet, ceux qui intègrent une école via les admissions parallèles ne viennent pas de STMG.

Il faut lutter pour ces élèves contre l’idée d’études courtes d’abord, puis de voie rapide via des concours admissions parallèles. Ce n’est pas une voie de poursuite d’études naturelle pour eux. Il faut lutter contre l’autocensure et leur montrer des exemples de parcours.

Les effectifs en ECT n’ont pas baissé à la rentrée 2019, le signe que votre travail de terrain est efficace ?

Il n’y a pas de choc pour les bacheliers STMG qui optent pour la classe prépa. Ils sont bien préparés à ce qui les attendent, ils se sont renseignés et vivent dans leur grande majorité une orientation positive et réfléchie, en sachant qu’ils vont trouver un encadrement, apprendre des méthodes pour travailler dans les meilleures conditions.

Certes, nous leur demandons un saut important en quantité et en nature du travail à fournir par rapport à leurs années de lycée, mais ils ne sont pas surpris et peu choisissent de quitter les rangs de la prépa. Le taux d’évaporation, comme il est désigné, reste assez faible.

La réforme du lycée ne bouleverse par la voie techno. Est-ce une opportunité pour elle ?

Il n’y a pas de réforme de la structure de la voie technologique, mais des aménagements de programmes en prépa qui font suite à l’évolution de ceux de première et de terminale. C’est en cours mais il est difficile aujourd’hui d’évaluer l’impact que la réforme aura sur la voie technologique.

Est-ce que davantage de lycéens vont l’emprunter ? Faut-il espérer un nouvel équilibre plus en faveur de la voie techno ? Aujourd’hui, je constate simplement que certains élèves se demandent pourquoi ils n’ont pas le choix entre deux options.

Stéphanie Ouezman | Publié le