Les Bachelors pourront prétendre au grade de licence

Amélie Petitdemange Publié le
Les Bachelors pourront prétendre au grade de licence
L'offre de Bachelors ne cesse de croître, comme à Toulouse Business School, qui accueille un gros contingent d'étudiants d'écoles de commerce en bachelor. // ©  Christian Rivière
À compter d'octobre 2019, les Bachelors pourront revendiquer le grade de licence, selon une annonce du ministère de l’Enseignement supérieur faite le 11 juillet dernier. Cette reconnaissance de l’État devrait leur offrir une meilleure attractivité, notamment à l’international, même si elle ne concernerait en réalité que quelques dizaines de formations.

Certains Bachelors vont obtenir le grade de licence, a annoncé Frédérique Vidal le 11 juillet dernier. La ministre de l'Enseignement supérieur prévoit de publier un arrêté en octobre prochain, pour une mise en application dès 2020. Objectif : harmoniser les formations dans le cadre de l’organisation LMD (Licence-Master-Doctorat) et gagner en lisibilité.

Alors que des Bachelors ne cessent de se créer en France, leurs niveaux sont très inégaux et ils sont peu nombreux à être inscrits au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). "Sans supprimer le terme ‘bachelor’, nous voulions offrir une appréciation plus claire, avec d’un côté les Bachelors très professionnalisants, et de l’autre, les Bachelors d’excellence associés à la recherche", explique Patrick Lévy, président de l'université Grenoble-Alpes et auteur du rapport Biot-Lévy sur l’attribution du grade de licence aux bachelors.

Une démarcation souhaitée également par Laurent Champaney, vice-président de la CGE (Conférence des grandes écoles) et président de la commission "Amont" qui a pour mission de suivre les réformes en cours : "Il fallait clarifier l’offre et marquer les différences de niveaux entre les Bachelors. Certains ont de la visibilité parce qu’ils sont bons en communication et ont des prix très élevés." La CGE attendait depuis longtemps que le sujet soit traité et se dit très satisfaite de cette réforme. "Beaucoup d’écoles de la CGE délivrent des Bachelors de qualité qui ne sont pourtant pas reconnus", poursuit le vice-président.

Adossement à la recherche

Pour obtenir le grade de licence, les établissements devront faire une demande au ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (Mesri) et respecter un cahier des charges précis. L’accréditation ne sera pas octroyée à toutes les formations d’un établissement, mais au cas par cas.

Trois critères sont pour l’instant retenus : l’adossement à la recherche, avec notamment la présence d’enseignants-chercheurs et l’orientation vers une poursuite d’études ; une politique de diversité avec l’accès à des bourses, des exonérations ou une possibilité d’apprentissage ; et enfin une politique de site, les bachelors ne devant pas faire de concurrence déloyale aux licences proposées par les universités de la même région. La qualité de la formation sera également évaluée, notamment en termes d’insertion professionnelle.

La plupart des Bachelors ne seront pas concernés car ils sont très professionnalisants et n’ont pas la capacité, ni l’envie de répondre à ces critères.
(P. Levy)

"La plupart des Bachelors ne seront pas concernés car ils sont très professionnalisants et n’ont pas la capacité, ni l’envie de répondre à ces critères", souligne Patrick Lévy. Pour décrocher l’accréditation, explique le président de l'UGA, "certains Bachelors devront être modifiés en profondeur, du programme au corps professoral".

Reconnaissance internationale

En revanche, une fois le grade de licence obtenu, les avantages ne sont pas moindres. Cette reconnaissance par l’État pourra être mise en avant dans la présentation de la formation. Elle sera également utile pour l’attractivité à l’international. "C’était une demande de longue date des pays étrangers. En Chine, par exemple, les étudiants qui voulaient s’inscrire dans les Bachelors français ne pouvaient pas obtenir de bourse d’études", explique Laurent Champaney.

Si cette réforme est bien accueillie par les écoles, les syndicats étudiants sont plus mesurés. Mélanie Luce, présidente de l’Unef (Union nationale des étudiants de France), craint ainsi une "concurrence entre écoles privées et publiques" : "Plutôt que d’encourager les écoles privées, il faudrait aider les universités à se développer. En design par exemple, où il y a très peu de formations publiques."

Autre point d’achoppement : les critères pour obtenir ce grade restent encore flous. Comment mesurer la qualité de l’enseignement et l’adossement à la recherche ? Faut-il imposer un nombre minimum d’enseignants-chercheurs ? Pour Laurent Champaney, "il faut un référentiel plus précis. Surtout si ce grade de licence donne ensuite droit à un label de reconnaissance international, ce pour quoi nous plaidons". Selon lui, une cinquantaine de formations d’écoles de la CGE pourraient obtenir le grade de licence. Il s'agit principalement des Bachelors en management et en commerce.

Cette réforme des Bachelors s'inscrit dans une volonté plus large du gouvernement d'uniformiser les formations de premier cycle. L'exécutif vient en effet d'annoncer son souhait de faire évoluer les DUT vers une "licence professionnelle de technologie" en trois ans. Un projet qui sera également détaillé en octobre 2019.

Amélie Petitdemange | Publié le