Loi ESR : les opposants portent leurs revendications dans la rue

Camille Stromboni Publié le
Loi ESR : les opposants portent leurs revendications dans la rue
Manifestation-intersyndicale-loi-ESR-Sénat-18-juin-2013-©C.Stromboni // © 
Deux appels à manifester. La communauté de l'enseignement supérieur et la recherche s'est mobilisée, mardi 18 juin 2013, date prévue initialement pour l'examen de la loi sur l'ESR au Sénat. Une intersyndicale demande le retrait du texte, tandis que les responsables d'IUT veulent voir leurs revendications entendues.

L'intersyndicale de l'enseignement supérieur et de la recherche qui réunit syndicats, collectifs et associations* a appelé à manifester mardi 18 juin 2013, pour un retrait de la loi ESR. Le texte passant en séance publique au Sénat le lendemain.
De Jussieu, en passant par le Panthéon, avant d'achever la marche devant le Sénat, 300 personnes ont répondu présent à Paris, d'après l'intersyndicale. "Nous ne nous attendions pas à beaucoup plus : la lassitude des collègues et la période ne nous aident pas", confie Marc Neveu. Le co-secrétaire général du Snesup a déposé des amendements pour, explique-t-il, "faire naître le débat", et compte sur une mobilisation plus forte à la rentrée, au moment de la publication des décrets.

La revendication principale porte sur les moyens. "Nous avons besoin, en urgence, d'une loi de programmation", insiste Claudine Kahane, co-secrétaire générale du Snesup. "Ce texte n'est pas en rupture avec la loi LRU et le pacte pour la recherche, déplore la responsable. Il conserve les mêmes orientations de mise en concurrence des établissements et des individus, avec un financement sur projets dominant, ainsi que la poursuite des regroupements forcés entre établissements."

Le risque de régionalisation de l'ESR, avec la place donnée aux Régions et les contrats de site, est également dénoncé par le syndicat. Sans oublier le "manque de démocratie universitaire" des futures communautés d'universités, où "la décision échappera aux personnels", estime Claudine Kahane, qui espère bien que le texte sera rejeté au Sénat.

"Nous ne voulons pas que cette loi soit promulguée. Un rejet devant le Sénat serait évidemment un premier message fort", ajoute-t-elle.

Les IUT défendent leurs amendements

De leur côté, les responsables d'IUT se sont réunis devant le Sénat. "C'était une belle mobilisation, se réjouit Guillaume Bordry, président de l'ADIUT (Association des directeurs d'IUT). Les 226 directeurs et présidents de conseils d'IUT sont venus porter le message."
Une manière de signifier que, si la sénatrice rapporteur du texte Dominique Gillot estimait que les préoccupations des IUT avaient été prises en compte, eux considèrent que jusque là leurs demandes "n'ont absolument pas été entendues".

Les IUT dénoncent tout d'abord une totale inefficacité des futurs quotas [de bacs pros et technos en BTS et DUT] institués dans la loi. "A Paris par exemple, nous allons être près de 400 autour de la table pour dialoguer de ces quotas… Cela n'est pas sérieux ! Et ce, d'autant plus lorsqu'on observe ce qui s'est passé à Bordeaux, où le recteur a envoyé une lettre avec des quotas qu'il avait déterminés... seul", commente Guillaume Bordry.

Mais leur principale revendication touche au respect de l'autonomie des ces instituts un peu particulier des universités. Les IUT veulent voir inscrits dans la loi et mis en place les COM (contrat d'objectifs et de moyens) et les budgets propres intégrés. "Ces mesures sont déjà prévues dans une circulaire datant de 2009 ! Le gouvernement choisit de rester hors-la-loi, alors qu'il s'agissait pourtant d'une des promesses de François Hollande", s'énerve Guillaume Bordry.

A la veille de l'entrée en jeu des sénateurs, les IUT espèrent bien que les amendements déposés en ce sens obtiendront le soutien de l'hémicycle. La mobilisation semble, en tout cas, avoir d'ores et déjà porté quelques fruits puisque les directeurs et présidents de conseils d'IUT ont été reçus par Marie-Christine Blandin, présidente de la commission Education du Sénat. "Elle nous a dit qu'elle était sensible à nos demandes, relate Guillaume Bordry. Nous espérons cette fois avoir été entendus".

 

 

* L'intersyndicale rassemble la FSU (SNESUP, SNCS, SNASUB, SNEP, SNETAP), la CGT (SNTRS, Ferc’SUP , CGT INRA), Solidaires (Sud Recherche EPST, SUD EDUCATION, SOLIDAIRES ETUDIANT-E-S), le SNPREES FO, SLU et SLR. Sont également associés le Collectif aquitain des contractuels de la recherche, le collectif contre la précarité Pouchet/CNRS, le collectif de l’INRA de Versailles, le Collectif des étudiant-e-s de Paris 7, le collectif des précaires de l’INED, le Collectif de précaires du CNRS de Gif-sur-Yvette et le Collectif des précaires de Montpellier.

 

Le CNESER demande la création d'une commission "moyens"
Le CNESER (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) a voté une motion mardi 17 juin 2013, à la quasi-unanimité, avec l'appui des représentants de la CPU (Conférence des présidents d'université), à propos de la "dégradation de la situation financière" des établissements.

Il demande "une programmation pluriannuelle de moyens" avec "remise à niveau immédiate des dotations des établissements", "la création d'une commission, émanation du CNESER [...], chargée d'un travail d'analyse et de propositions en matière de dotations aux établissements", ainsi que "l'élaboration, associant étroitement cette commission, d'un modèle d'attribution, nationalement régulé et basé sur les besoins".

Lire le billet de Pierre Dubois : 2 motions : le CNESER en a marre !
Lire aussi
Le communiqué des directeurs et présidents de conseil d'IUT (pdf)
La lettre de l'intersyndicale aux sénateurs

La prise de position de la CPU (conférence des présidents d'université) du 18 juin 2013 à propos du doctorat : Promotion du doctorat : les tâtonnements du gouvernement

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