Vous êtes en guerre contre les classements d’écoles réalisés par les médias. Pourquoi ?
Parce que c’est du grand n’importe quoi ! Si quelques uns sont un peu plus sérieux, comme ceux de l’Etudiant, d’autres sont complètement abusifs ou truqués, que cela soit en France ou partout dans le monde. D’ailleurs, en tant que président de l’EDC, je n’exclus pas d’attaquer en justice certaines écoles qui fournissent de fausses informations dans le cadre des classements, au motif de concurrence déloyale ou de publicité mensongère (1). J’en ai déjà quelques unes dans le collimateur. On le voit rien que dans le nombre de professeurs permanents que déclarent certaines écoles de commerce : c’est du délire ! Sur ce sujet, je me battrai, comme je me suis toujours battu pour l’éthique. Je ferai tout ce qu’il faut pour que ces classements, qui sont utiles pour les familles, soient le reflet de la vérité.
Comment aller au-delà de l’aspect déclaratif des données recueillies pour ces classements ?
Tout comme la Conférence des grandes écoles et Frank Bournois [à la tête de l’ex-commission Helfer], nous réfléchissons à ces sujets à l'EFMD. Pour accréditer une business school, l’EFMD tient maintenant compte de la sincérité des informations qu’elle utilise dans sa communication, et notamment dans les données qu’elle transmet pour les classements. Et puis, nous allons monter une commission internationale sur ce sujet, avec des entreprises et des professeurs, dans l’objectif de réaliser une charte d’éthique. Celle-ci pourrait fournir des critères communs vérifiables aux institutions qui classent les écoles, avec 5 ou 6 variables. L’EFMD pourrait ensuite donner son label aux classements sérieux. S’il le faut, nous irons jusqu’à classer les classements.
Certains directeurs d’écoles affirment que l’EFMD souhaite limiter le nombre d’institutions « Equis » en France, pour préserver son côté élitiste. Qu’en pensez-vous ?
C’est faux, c’est une invention totale. Ce qui est vrai, c’est que nous réfléchissons à limiter le nombre d’accréditations par an, car on ne peut pas multiplier le nombre d’audits sans fin. Et puis, nos missions en Asie sont chronophages, car il y a beaucoup de demandes de ce côté. Mais que les écoles soient françaises ou pas, cela n’a aucune importance. D’ailleurs, la Grande-Bretagne a plus d’écoles Equis que nous.
La procédure d’appel engagée par l’Escem, suite à la perte de son accréditation Equis, a déclenché un coup de tonnerre dans le milieu des écoles françaises. Qu’en pensez vous ?
Je ne tiens pas à commenter ce sujet. Mais il faut bien comprendre que l’accréditation Equis n’est pas indéfinie, et qu’en ce moment même, d’autres écoles sont sur la sellette, et pourraient bien ne pas être renouvelées.
Avez-vous d’autres projets à l’EFMD ?
Je souhaite que les labels Equis et Epas soient connus des entreprises, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Nous sommes en train d’imaginer des actions de communication, des colloques, notamment avec des fédérations européennes de dirigeants d’entreprises, afin de faire connaître nos méthodes et nos standards.
Rectificatif : Alain-Dominique Perrin nous a recontactés suite à la parution de cette interview. Le titre d'origine était "Alain-Dominique Perrin (EFMD) : « Je n’exclus pas d’attaquer en justice certaines écoles qui mentent dans le cadre des classements »". Il tient à rappeler qu'il a tenu ces propos en tant que dirigeant d’EDC, et non comme président de l’EFMD, comme nous l'avons d'ailleurs indiqué dans la version initiale du texte.
