Allemagne : Des universités privées au bord de la faillite

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On avait pourtant promis un avenir brillant et une « renommée mondiale » à ces facs. À l’ouverture du Stuttgart Institute of Management and Technology  (SIMT), en 2002, le président jurait que son établissement serait un jour le pendant de Harvard. Or, le SIMT  (quatre-vingt-dix étudiants) vient d’être vendu pour 1 €  symbolique à une école privée.

À l’automne dernier, c’était l’université de Brême (IUB), opérationnelle en 2001, qui s’apprêtait à abandonner ses neuf cents  étudiants, lorsque le « milliardaire du café », Klaus Jacob, a injecté la somme record de 200 millions d’euros pour la sauver. Il faut dire qu’avec des frais  annuels oscillant entre 25 000 et 50 000 € dans les facs privées, les candidats se font rares. À ce prix, les futures « élites du management allemand » préfèrent  étudier aux États-Unis.

À Berlin, l’European School of  Management and Technology (ESMT), financée par  vingt-cinq groupes industriels avec un budget de  départ de 75 millions d’euros, compte ainsi à peine plus de trente étudiants en deuxième année. Faute  d’inscrits, lâchées par l’industrie qui les sponsorisait,  les soixante-cinq universités privées d’outre-Rhin (reconnues par l’État, elles forment 2 % des deux millions d’étudiants allemands) courent à la ruine. Et obligent les Länder, qui gèrent l’éducation, à renflouer  leurs finances, puisant pour cela dans des fonds…  publics.

Les critiques visent principalement les initiateurs de ces projets, de DaimlerChrysler à Bosch en  passant par BASF et Siemens. « Les milieux économiques voulaient ce système d’écoles privées élitistes.  Ils nous laissent tomber aujourd’hui », constate le maire de Bruchsal (près de Karlsruhe), qui se bat pour maintenir dans sa ville l’International University in Germany  (IUG).

Une situation aggravée en outre par le rebond des universités publiques, qui ont su se réformer  et désigner parmi elles les établissements d’excellence façonnant le gratin des étudiants réclamé par les entreprises. Au point de cannibaliser désormais le privé ! L'université de Karslruhe, en manque  d'espace, a d'ailleurs déjà manifesté son intérêt pour récupérer les bâtiments de l'IUG de Bruchsal...

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