Les Berufsakademien (BA, écoles des métiers), formation duale du supérieur, deviennent, de facto, de sérieuses concurrentes des universités allemandes. Elles séduisent de plus en plus les jeunes bacheliers désireux d’échapper aux longs cycles universitaires (1). 35 376 étudiants, soit 66 % des inscrits en formations duales dans le supérieur, suivent actuellement l’une des 250 filières offertes en BA. Né en 1974 de l’initiative de l’industrie du Bade-Wurtemberg (Daimler- Benz, Bosch...), ce système a depuis essaimé dans presque la totalité des Länder. Conjuguant sur trois ans à la fois formation théorique en école et pratique en entreprises par séquences alternées de douze semaines, la formule fait recette. Selon l’Institut der deutschen Wirtschaft, à Cologne, qui peaufine encore ses statistiques, seul un candidat sur 36 est aujourd’hui retenu à l’issue de la sélection opérée par les entreprises. Car il faut avoir signé un contrat d’apprentissage pour s’inscrire en BA. Devant une telle affluence, les entreprises, qui ont pourtant augmenté leur nombre de places de 50 % en six ans, se trouvent au pied du mur : elles doivent recourir de façon informelle à un numerus clausus plus strict que ceux des universités ! Il n’est pas rare non plus qu’elles pratiquent une sélection rigoureuse pendant des sessions de trois jours afin de trier sur le volet leurs futurs salariés. En effet, 92 % des jeunes ayant fréquenté une Berufsakademie trouvent un emploi. Longtemps considérées avec condescendance par l’université, ces structures hybrides, alliant le public (ministères de l’Éducation et des Sciences des Länder) et le privé (entreprises), ont reçu en 2006 la consécration suprême. Dans le cadre de la convention de Bologne, les diplômés d’une BA obtiendront le titre de bachelor et auront accès au cycle master.
(1) Les étudiants allemands sont les plus lents d’Europe et n’entrent dans la vie active que vers 27 ans !