Dégager du temps pour la recherche
Au lieu de recevoir immédiatement une rémunération, les enseignants de l’UCP vont désormais pouvoir accumuler leurs heures supplémentaires sur un compte épargne-recherche (CER) afin de prendre ensuite une décharge d’enseignement et avoir du temps pour se consacrer à la recherches qu’il s’agisse de mener une expérience, faire un séjour d’étude à l’étranger, monter une conférence, écrire un livre…
Ainsi, détaille François Germinet, le vice-président au développement stratégique et aux ressources humaines, « un enseignant-chercheur qui fait 48 heures supplémentaires par an aura la possibilité, au bout de quatre ans, de prendre une année de congé, l’équivalent de 192 heures de cours, pour faire de la recherche ».
Un dispositif post-autonomie
« Nous avons voulu formaliser cette possibilité de concevoir
les services de manière
pluriannuelle »
Avant l’autonomie, les décharges des enseignants, notamment dans le cadre des congés pour recherche ou conversion thématique (CRCT), étaient contingentées par le Conseil national des universités et le ministère. « Les Responsabilités et compétences élargies ont facilité les démarches, estime le vice-président de l’UCP, dans la mesure où c’est le président qui arrête librement les services ».
En outre, le nouveau statut des enseignants-chercheurs permet de concevoir les services de manière pluriannuelle.
« Mais on a beau le dire, les collègues ne le réalisent pas, constate François Germinet. C’est pourquoi nous avons voulu formaliser cette possibilité avec le CER ».
C’est dans la même perspective qu’a été pensé un aménagement spécifique pour les présidents, vice-présidents et directeurs de composante : déchargés statutairement de leur service quand ils occupent ces fonctions, ils obtiennent traditionnellement une dispense d’enseignement durant l’année où ils retrouvent leur « simple » rôle d’enseignants-chercheurs – à l’UCP comme ailleurs.
Le CER rendra cette décharge automatique, dans la mesure où 64 heures seraient provisionnées chaque année de leur mandat. A eux de décider ensuite s’ils souhaitent bénéficier d’une année blanche ou reprendre l’enseignement progressivement. « L’objectif, explique François Germinet, est de permettre aux collègues de prendre leur destin en main, de prévoir de manière autonome leur volume d’activité, sans être dépendant d’un conseil ».
« Le compte épargne-recherche est un investissement, soit pour notre recherche, soit pour notre attractivité en général »
Mais ce dispositif n’est-il pas qu’une opération budgétaire permettant de lisser le salaire des enseignants sur plusieurs années ? « L’avantage pour l’université, c’est avant tout de dégager du temps pour les chercheurs, répond le VP RH, assurant que « budgétairement, l’opération va être relativement blanche. Pour nous, le CER est un investissement, soit pour notre recherche, si les enseignants restent là, soit, s’ils partent en voyage de recherche, pour notre attractivité en général ».
Les enseignants du primaire et du secondaire également concernés
Les enseignants-chercheurs, maîtres de conférences et professeurs d’universités, ne seront pas les seuls concernés, puisque les enseignants des premier et second degrés (PREC, PRCE et PRAG) pourront également bénéficier du dispositif. Ce qui, souligne le vice-président de l’UCP, « est assez étonnant dans la mesure où ceux-ci ne sont pas censés faire de la recherche ».
En particulier, poursuit-il, l’UCP ayant intégré l’IUFM de Versailles, « beaucoup de collègues se posent la question de la recherche, maintenant qu’ils sont dans l’université ». Plus généralement, qu’ils soient du premier ou du second degré,
« le CER aidera les enseignants qui le souhaitent à nourrir et démarrer un projet de thèse », avance François Germinet.
Du bon usage du CER
« Les enseignants-chercheurs non publiants se verront demander des comptes »
Comment s’assurer que le temps libre dégagé sera véritablement consacré à la recherche ? Pour les enseignants-chercheurs publiants, l’ouverture du CER sera automatique : « les directeurs de laboratoire connaissent et suivent les projets », argumente le vice-président. Ceux qui ne publient pas, en revanche, se verront demander des comptes. Quant aux enseignants des premier et second degrés, ils rédigeront un projet de recherche qui devra être validé par le vice-président du conseil scientifique de l’université.
Enfin, l’UCP prévoit d’établir un plafond de 384 heures : un enseignant-chercheur pourra ainsi bénéficier au maximum de deux années de décharge, un enseignant du premier ou second degré d’une année.
Promouvoir l’enseignement à distance
Avec le compte épargne-recherche, l’UCP souhaite « inciter les enseignants à faire de l’enseignement à distance », explique François Germinet qui donne l’exemple d’un cours entièrement à distance, prévu sur 10 heures dans la maquette, et rémunérées comme telles la première année : « la deuxième année, 3 heures sont comptées au titre de la correction de copies et de la remise à jour des supports, et 2 heures sont portées en bonus sur le compte épargne-recherche. » L’objectif, poursuit le VP est de « réinjecter une partie des marges dégagées par l’enseignement à distance dans la recherche ».
En outre, à l’UCP, de nombreux cours à distance étaient assurés par des enseignants du premier et second degrés, notamment dans le cadre d’un master préparant au professorat des écoles. « On pressent que ce sera là une évolution importante, de l’IUFM et plus largement de toute l’université », souligne François Germinet, expliquant ainsi la volonté de l’UCP d’anticiper ce mouvement.
Crédit photo : Le site universitaire de Saint-Martin (UCP) © Université de Cergy-Pontoise.