Cinq écoles d’ostéopathie se rebellent contre le ministère de la Santé

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« En multipliant les autorisations d’ouverture d’écoles d’ostéopathie et l’utilisation du titre d’ostéopathe sans vérifier le contenu de la formation, le ministère de la Santé met en danger les patients et l’avenir des étudiants en ostéopathie ».

Une attribution trop laxiste des agréments dénoncée

L’attaque provient de cinq écoles, elles-mêmes agréées par le ministère : le CEESO Paris et Lyon (Centre européen d'enseignement supérieur de l'ostéopathie) , le CIDO (Centre international d’ostéopathie – Saint-Étienne) , le COPR (Collège ostéopathique de Provence – Marseille) et l’IDHEO (Institut des hautes études ostéopathiques - Nantes) . Regroupés en un réseau nommé RGEO (Réseau des grandes écoles d’ostéopathie), ces établissements s’insurgent contre la facilité avec laquelle le ministère de la Santé attribue l’agrément indispensable pour délivrer un diplôme permettant à son titulaire d’obtenir le titre d’ostéopathe (et donc d’exercer sous cette appellation). Ceci malgré l’avis parfois contraire de la commission nationale d’agrément, au rôle purement consultatif.

« Nous n’avons pas été dans le même sens dans deux cas », avoue Eric Pastor, délégué à l’évaluation des pratiques professionnelles et de la formation au sein de la commission. Et de ne pas s’attarder sur des « raisons occultes ». De son côté, le RGEO estime que seule « une bonne douzaine d’établissements de formation initiale ainsi que deux ou trois établissements de formation réservés aux professionnels de santé répondent réellement aux conditions d’agrément prévues par le pouvoir réglementaire ».

Formation à l’hôtel

Aujourd’hui, 45 écoles dont une vingtaine qui dispensent une formation initiale ont reçu le fameux sésame. Pour l’obtenir, elles ont déposé un dossier de candidature. Sont pris en compte : la durée de la formation (jusqu’ici, la formation initiale est établie à 2660 heures minimum), son contenu, le projet pédagogique, les locaux, la composition de l’équipe pédagogique, l’existence d’un conseil scientifique, etc. La nouvelle réglementation met ainsi fin à 40 ans de formation non contrôlée. Mais ne semble pas suffisante…

Il existe en effet de grandes différences entre les écoles notamment à propos des stages cliniques (durée et conditions de déroulement), des lieux de formation (on a déjà vu des écoles implantées dans des hôtels) ou de la qualification des enseignants. Lorsque la commission a donné son agrément pour la première fois, en 2007, elle ne s’est basée que sur des déclarations des établissements. En attendant un deuxième examen basé sur du concret (l’agrément n’est valable que quatre ans) ou un audit prévu de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), il faut s’en contenter.

2500 diplômés par an

Mais pour le RGEO, l’affaire est urgente. « Toutes filières confondues, l’offre de formation en ostéopathie s’établit aujourd’hui autour de 2500 nouveaux diplômés annuels. À titre de comparaison, et pour un pays à la population comparable, 400 nouveaux ostéopathes sont diplômés chaque année au Royaume-Uni », indique-t-il.

« Il faut une population de 4500 personnes pour faire vivre un ostéopathe, contre 1500 pour un masseur-kinésithérapeute », estime de son côté Eric Pastor. Pour limiter les dégâts, le RGEO réclame donc notamment une formation de 4300 heures minimum (la loi HPST en prévoit 3520), l’instauration d’un numerus clausus, l’inscription du diplôme d’ostéopathe au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) , un enseignement et une formation clinique certifiés ISO 9001, pris en charge par des ostéopathes confirmés…  Le but étant de ne pas former que des chômeurs.

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