Classement du "Financial Times" : l’IAE d’Aix-Marseille fait un grand bond en avant

Murielle Wolski Publié le
Classement du "Financial Times" : l’IAE d’Aix-Marseille fait un grand bond en avant
L'IAE d'Aix-Marseille pointe à la 33e place du classement des meilleurs masters en management du "Financial Times". // ©  Google Street View
L’IAE d'Aix-Marseille gagne 18 places au classement 2019 du "Financial Times" des masters en management. Pour autant, les IAE trouvent toujours portes closes à la Conférence des grandes écoles (CGE), au grand dam de leurs dirigeants.

C’est un rituel : chaque année, le "Financial Times" publie son classement des meilleurs masters en management mondiaux. C’était le 28 octobre dernier. Mais, l’édition 2019 a une saveur toute particulière. L’Institut d’administration des entreprises (IAE) d’Aix-Marseille est propulsé à la 33e place, soit un gain de 18 rangs en un an. Il talonne l’EDHEC – qui recule de deux places –, et précède Neoma, Grenoble école de management (GEM), Audencia ou bien encore l’emlyon. Pour la France, cette entité publique arrive ainsi en 7e position.

Forte hausse des salaires des diplômés

À la tête de l’IAE depuis 2013, ancienne enseignante de l’EDHEC, Virginie de Barnier aurait de quoi se réjouir. "Le salaire des étudiants à la sortie de leur formation compte pour 40% de la note établie par le FT. Or, à l’issu de notre master, il est passé de 55.000 à 62.000 dollars". Ce qui classe l’IAE d’Aix-Marseille au 12e rang sur les 26 établissements français présents dans ce classement. "Comment négocie-t-on un salaire ? Voilà aussi ce qu’on a appris à nos étudiants. Par ailleurs, 80% d’entre eux partent entre six mois et un an à l’étranger. On ne le savait pas, mais ce critère est maintenant retenu par le FT. Et là, on performe".

La directrice de l’IAE Aix-Marseille le reconnaît : "Nous étions sous-évalués pendant des années, parce que notre stratégie manquait de lisibilité. Les réseaux sociaux permettent de développer une communication gratuite sur nos trois piliers que sont la pédagogie, la recherche et l’international".

Les IAE butent à la porte de la CGE

Cette nouvelle intervient dans un contexte peu banal. Il y a quelques semaines, la Conférence des grandes écoles (CGE) a retoqué cinq IAE, à savoir Paris, Grenoble, Lyon, Toulouse et Aix-Marseille. La raison invoquée : les craintes d’un manque d’autonomie de ces établissements sur leurs choix pédagogiques et le contexte actuel de regroupements universitaires. Un discours surprenant quand on a en mémoire toutes les fusions-absorptions qui ont émaillé la vie des business schools au cours des dix ou quinze dernières années.

Nous n’avons rien contre les IAE [...] ce sont des établissements de grande qualité. (A. Guilhon)

Du côté du Chapitre des écoles de commerce de la CGE, l’analyse est différente. "Nous n’avons rien contre les IAE, analyse Alice Guilhon, présidente du Chapitre des écoles de management. Ce sont des établissements de grande qualité, mais nous avons mis 40 ans à bâtir la CGE, avec un modèle économique basé sur des écoles privées, qui payent elles-mêmes leurs enseignants, leurs campus, etc. Si on intégrait des structures financées par des fonds publics, nos adhérents ne comprendraient pas."

Un argument qui a du mal à passer du côté des IAE. "Pourquoi les business schools refusent la présence d’entités publiques quand cela ne pose pas de problème aux écoles d’ingénieurs, avec la présence notamment de certaines écoles du réseau
Polytech ?" interroge Virginie de Barnier. "Mais l’IAE d’Aix-Marseille n’a pas besoin de la CGE, poursuit-elle. On ne rencontre pas de problème de remplissage. À la dernière rentrée, 4.577 candidatures ont été enregistrées pour 200 places en M1 et 300 en M2. Avant, on allait chercher sur la liste d’attente, on ne le fait plus. Ce qui me peine : le manque de transparence à l’attention des familles."

Une incompréhension partagée par Eric Lamarque, directeur de l’IAE de Paris et patron du réseau IAE France, qui recense 35 établissements (les deux derniers entrés étant Versailles et Angers). "Ce blocage se fonde sur de l’idéologie. Ce classement rend encore plus illégitime le fait que nos établissements ne soient pas éligibles à l’entrée de la Conférence des grandes écoles." Vaste débat.

Murielle Wolski | Publié le