Classement FT 2023 : HEC décroche la première place, les écoles de commerce françaises performent

Agnès Millet Publié le
Classement FT 2023 : HEC décroche la première place, les écoles de commerce françaises performent
Classement FT 2023 : HEC décroche la première place // ©  HEC
Cette année, le classement des 100 meilleurs masters en management du Financial Times consacre plus que jamais la France. Alors que l'édition 2023 connaît des évolutions méthodologiques, HEC prend la première place et la France reste le pays le plus représenté.

Le Financial Times (FT) publie, le 10 septembre, sa nouvelle édition du classement mondial des masters in management (MiM). Cette fois encore, la France enregistre d'excellents résultats, avec HEC qui détrône l'University of St. Gallen (Suisse). ESCP, Essec et emlyon progressent aussi dans le Top 10 du classement.

Au-delà, c'est toute la communauté des écoles de commerce françaises qui obtient aussi une quasi-consécration de son modèle. Pour Richard Soparnot, directeur général de l'ESC Clermont, "cela traduit la qualité de nos écoles, mais aussi la forte émulation entre nos établissements et notre forte internationalisation – peut-être plus que dans d'autres pays. Cela montre aussi que nos établissements ont aligné leurs pratiques sur les standards internationaux, pour exister sur la scène mondiale, depuis de longues années".

Les 21 écoles de commerce françaises du classement MiM 2023 du Financial Times

Etablissement

Rang 2023

Rang 2022

Salaire en 2023 (en dollars)

HEC Paris

1

2

129,806

ESCP Business School

4

5

102,362

Essec Business School

5

6

108,393

emlyon Business School

7

9

101,747

Edhec Business School

11

12

104,595

Neoma Business School

25

32

76,100

Audencia

27

47

82,008

Grenoble Ecole de Management

29

37

78,629

Iéseg School of Management

32

26

72,949

Excelia Business School

33

36

77,457

ICN Business School

36

57

64,641

TBS Education

37

50

72,135

Kedge Business School

48

70,292

MBS (Montpellier Business School)

51

56

68,609

Institut Mines-Télécom Business School

52

71

64,514

Essca School of Management

54

60

68,001

EM Normandie Business School

65

72

64,201

ESC Clermont Business School

67

93

59,624

IAE Aix-Marseille Graduate School of Management

67

67

68,074

Rennes School of Business

71

49

69,544

Esdes Lyon Business School

78

81

66,825

De très bonnes performances françaises par rapport aux autres pays

La concurrence pour apparaître dans le classement reste forte puisque 142 programmes ont participé au processus de la 19e édition, un "record" selon le quotidien britannique.

Cette année encore, c'est la France qui inscrit le plus d'établissements au tableau d'honneur, avec 21 programmes classés. Si le chiffre est en baisse (24 programmes en 2022), cela représente toujours près d'un cinquième des lauréats. Avec 11 programmes, l'Inde performe (+4 établissements) mais reste derrière, suivie du Royaume-Uni avec 10 programmes et de l'Allemagne, avec 8 programmes.

Des établissements français au plus haut du classement

C'est aussi par la qualité de ses programmes que la France se distingue, car HEC Paris gagne enfin la première place, après plus d'une décennie de règne sans partage de l'Université de St Gallen (Suisse).

"Nous sommes vraiment honorés de ce rang que nous n'avions pas eu depuis 2007. Cela montre qu'HEC possède un ADN français et également international. Cette place consacre le travail de nos équipes pour améliorer l'expérience étudiante, dans la classe et en dehors (accompagnement des carrières et vie étudiante)", se félicite Yann Algan, doyen associé des programmes Pré-expérience et professeur d'économie à HEC.

Il évoque aussi "la très bonne insertion de nos diplômés qui est sûrement le fruit du positionnement singulier de notre master, car il est vraiment pluridisciplinaire, intégrant des sciences sociales et des sciences des données. Nous allons mettre en œuvre tous les efforts pour maintenir notre position".

Selon lui, cette première place peut jouer sur les recrutements d'étudiants internationaux, aux profils divers (bachelors, sciences sociales et ingénierie). "Un classement qui peut parler à toutes ces populations est quelque chose qui, en général, a un impact positif sur les volumes et la qualité des recrutements."

L'excellence française s'ancre d'ailleurs dans le top 12, avec quatre autres établissements présents, en progression. L'ESCP monte de la 5e à la 4e place, l'Essec grimpe aussi d'un rang en 5e position tandis qu'emlyon se hisse de deux rangs et devient 7e. L'Edhec, elle progresse de la 12e à la 11e place.

Une dynamique également liée à l'évolution de la méthodologie

Dans la suite du classement, d'autres programmes français font des bonds spectaculaires. C'est le cas de l'ICN BS qui grimpe à la 36e place (+ 21), du master of science manager-ingénieur d'Audencia qui se hisse en 27e position (+ 20) mais aussi de TBS Education, à la 37e place (+ 13).

Des progressions liées à l'insertion de trois nouveaux critères dans la méthodologie du Financial Times. Cette année, la qualité du réseau des alumni, l'intégration des enjeux RSE dans les programmes et l'empreinte carbone de l'établissement sont pris en compte.

L'ESC Clermont retrouve une place qui est plus cohérente avec la réalité (R. Soparnot)

Ces changements ont contribué aux dynamiques de certains établissements, comme celle de l'IMT-BS, passé à la 52e place (+ 19). Denis Guibard, directeur de l'école, explique. "Deux des marqueurs forts de notre école sont reconnus dans ce classement : notre valeur ajoutée, c'est-à-dire le rapport entre les frais d'inscription et les salaires de diplômés et, désormais, notre positionnement sur le développement durable".

Même analyse à l'ESC Clermont, où son directeur, Richard Soparnot, met en avant la "solidité" de son école sur le critère de la valeur ajoutée.

"Les trois nouveaux critères sont une source de satisfaction car ce sont des éléments travaillés historiquement par l'école. Désormais, ils sont intégrés dans le périmètre du classement et cela nous sert. L'ESC Clermont retrouve une place qui est plus cohérente avec la réalité". Meilleure progression française (+ 26 places), l'école devient 67e, cette année.

Une méthodologie qui reste très axée sur l'insertion professionnelle

La méthodologie du classement des MiM par le Financial Times se fonde encore, en grande partie, sur les salaires et la progression des salaires de la promotion diplômée trois ans auparavant – soit celle de 2020 pour l'édition de cette année.

Si les nouveaux critères créent une dynamique différente en 2023, les directeurs d'écoles interrogés rappellent que la politique de leur établissement est commandée par d'autres enjeux.

Ce classement "permet un benchmarking très sain, et il aide à objectiver les efforts de chacune des écoles. Mais ce ne sont pas les critères qui dictent les choix stratégiques" ou les contenus des programmes à HEC, explique ainsi Yann Algan.

Et qui se fonde sur les alumni, entraînant la sortie d'établissements

Autre particularité de l'édition 2023, la sortie de quatre établissements français : Skema (41e en 2022), de Burgundy school of business (62e en 2022), de l'EM Strasbourg (84e en 2022) et de Paris school of business (95e en 2022).

Un phénomène plus général, selon Patrice Houdayer, directeur des programmes, de l'international et de la vie étudiante, à Skema. "Il y a près de 20 écoles de management classées l'an dernier qui ne sont pas classées en 2023. Je pense que c'est au moins le double de ce que l'on observait, les autres années. Et cela concerne des établissements assez importants dans l'enseignement supérieur mondial, comme l'Imperial College (23e en 2022)".

Et de rappeler que, dans un grand nombre de cas, ce n'est pas une contre-performance qui explique la sortie de certains établissements, mais bien la méthodologie du FT.

En effet, "le classement comporte 19 critères. Les réponses des anciens élèves renseignent huit critères qui représentent 56% du poids total du classement. Les 11 critères restants sont calculés à partir des données de l'école et représentent 44% de la pondération", explique le quotidien britannique dans sa méthodologie.

Des conséquences à relativiser

Mais ce choix peut sanctionner des écoles lorsque les alumni manquent à l'appel, puisque le FT "exige généralement un taux de réponse de 20% des anciens élèves". Lorsque le quota n'est pas atteint, le couperet tombe et l'école est exclue de facto du classement.

"Nous avons été notifiés de notre sortie du classement peu avant sa publication", explique Patrice Houdayer, qui déplore le fait que les écoles ne puissent pas suivre les taux de réponse. "Nous regrettons de ne pas être présents dans ce classement", ajoute-t-il, en souhaitant que le FT "tire des conclusions" de cette sortie massive d'établissements.

À Burgundy School of business, la nouvelle a été d'autant plus rude que l'école avait connu son meilleur classement en 2022, à la 62e place. "Il faudra travailler autrement l'an prochain. Les équipes doivent sensibiliser nos élèves dès aujourd'hui sur l'importance de répondre à ces questionnaires. Mais toutes les écoles doivent réfléchir ensemble à la sur-sollicitation de leurs diplômés", lance Stéphan Bourcieu, directeur général de l'école.

En espérant que, pour cette année, l'obtention du label AMBA et de la triple couronne compense, à l'international, la perte de visibilité de son école.

Agnès Millet | Publié le