Education nationale : la cour des comptes dresse un sévère rapport

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La cour des comptes publie un rapport qui fustige la mauvaise organisation de l’Education nationale gérée par le haut sans tenir compte du besoin des élèves.    

Un bonnet d’âne en matière d’éducation pour la France ? Notre système scolaire uniforme est inefficace et coûteux, et aggrave les inégalités. En effet, la France consacre 3,9 % de son PIB à l’école (dans la moyenne des pays de l’OCDE), mais avec des résultats qui se dégradent d’année en année. A la fin de la scolarité obligatoire, 21% des élèves ont du mal à lire et 72 % des élèves de fin de primaire ne maîtrisent pas les acquis attendus en mathématiques.

« L’organisation de notre système éducatif est trop orientée sur l’offre et pas assez vers les besoins des élèves », a constaté Didier Migaud, premier président de la cour des comptes dans un rapport particulièrement accablant intitulé « L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves » , mis en ligne le 12 mai 2010. Une étude menée sur plusieurs académies (Aix-Marseille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Orléans-Tours, Montpellier, Paris et Versailles), ainsi qu’en Ecosse, en Suisse et en Espagne.

Le coût des heures supplémentaires des profs dénoncé 

Il faut ainsi commencer par recenser les besoins des élèves et affecter les moyens aux établissements en fonction de leurs besoins. C’est ce que recommande la cour qui souhaiterait en particulier une adaptation du travail des enseignants, qui ne tient pas compte des besoins des élèves. Il faut, affirme en substance le rapport, arrêter de comptabiliser les heures de travail des enseignants par semaine, mais les comptabiliser par an. Ce qui permettrait d’arrêter de payer des heures supplémentaires alors que les enseignants n’ont pas travaillé jusqu’à la fin de l’année en raison de la tenue des examens. « La définition du service des professeurs du second degré n’a pas évolué depuis 1950 », affirme Didier Migaud, le premier président de la cour des comptes.

Permettre aux établissements de choisir leurs profs

Autre recommandation : supprimer le redoublement dont l’inefficacité est avérée et qui se révèle coûteuse (évaluée à 2 milliards d’euros). La cour a également préconisé une plus grande autonomie des établissements, tant pour le choix des enseignants que pour les heures de cours, et de soutien, que pour la répartition des moyens. Didier Migaud a d’ailleurs souligné l’incongruité du fait que pour les meilleurs élèves des classes préparatoires les proviseurs ont la possibilité de choisir leurs enseignants, ce qui n’est pas le cas dans les établissements où se concentrent les élèves en difficulté.

La cour souhaiterait également que le coût des mesures éducatives soit chiffré en euros et non en postes, ou en heures, pour une évaluation plus efficace. « Ainsi on verrait peut être qu’un établissement en zone d’éducation prioritaire coûte moins cher à l’Etat qu’un établissement de centre ville, car les professeurs étant quasiment tous des débutants, ils sont moins bien payés», a-t-il souligné.  Et de regretter que ce chiffrage ne soit pas une priorité du ministère de l’Education nationale. Enfin, la cour recommande que les moyens ne soient plus dilués sur tout le territoire, mais concentrés massivement sur les établissements les plus confrontés à l’échec scolaire, d’y favoriser des équipes stables, en y affectant les professeurs les plus expérimentés. 

Les recommandations de la Cour des comptes en bref

-Supprimer le redoublement
-Calculer à l'année les heures de travail des enseignants (et non par semaine).
-Mesurer en euros le coût des mesures éducatives.
-Concentrer les moyens sur les établissements les plus difficiles.
-Rendre les établissements plus autonomes.
-Affecter les profs les plus expérimentés sur les établissements les plus difficiles.
-Arrêter la multiplication sans fin des options.
-Etaler l’enseignement sur 4 jours et demi.
-Mettre plus de moyens sur l’école primaire. 

La réponse du ministère de l'Education nationale

Le ministère partage « à grand trait » les éléments dressés par la cour des compte... mais regrette que celle-ci ne tienne pas compte des réformes engagées par le gouvernement dont les résultats prendront forcément du temps : réforme des programmes du primaire, réforme du bac professionnel, autonomie des établissements pour la gestion des grilles horaires, bilan de l’éducation prioritaire en cours, lancement du programme CLAIR (Collèges et Lycées pour l’Ambition, l’Innovation et la Réussite), aide personnalisée, travail en petits groupes et stages de remise à niveau dans le premier degré. 

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