Enseignants-chercheurs : les universités qui soignent les entrées de carrière

Fabienne Guimont Publié le
Enseignants-chercheurs : les universités qui soignent les entrées de carrière
©Eric Le Roux/Communication/UCBL // © 
Pour ses mesures de revalorisation des carrières de maîtres de conférences, Valérie Pécresse s’est inspirée des conditions privilégiées réservées aux enseignants-chercheurs retenus par l’IUF (Institut universitaire de France). Tout  en restant dans leur établissement, ces heureux élus en bénéficient d'une décharge des deux tiers de leur service d’enseignement leur permettant de se consacrer davantage à leurs recherches. Leur laboratoire reçoit par ailleurs des crédits de recherche et des moyens supplémentaires. D’autres universités n’ont pas attendu les mesures ministérielles pour soigner l’entrée dans le métiers de leurs enseignants-chercheurs. Exemples à Limoges et Lyon 1 alors que la ministre de l'Enseignement supérieur doit annoncer des revalorisations complémentaires aux enseignants-chercheurs et chercheurs, le 20 octobre 2008.

Cela commence à devenir une musique connue. Pour la troisième rentrée consécutive, l’université de Limoges a sélectionné parmi les nouveaux maîtres de conférences recrutés quatre jeunes recrues prometteuses pour leurs recherches. « Au moment de leur recrutement, les maîtres de conférences sont très actifs dans leurs recherches. Mais au début de leur carrière, ils sont accablés par les tâches administratives et d’enseignement : ils ont des difficultés à se remettre à la paillasse », constate Michel Cogné, vice-président du conseil scientifique de l’université limougeaude.  

Le conseil régional limousin investit dans la recherche  

Ce dispositif, baptisé C2R (contrat renforcement recherche), est soutenu financièrement depuis 2006 par le conseil régional. Un moyen aussi pour la région de rendre son université plus attractive. Au laboratoire du maître de conférences sélectionné, elle verse 30 000 euros sur deux ans. Il bénéficie en outre d’une décharge de 50 % de ses enseignements. Cette décharge est compensée par le recrutement de quatre post-doctorants, payés conjointement sur fonds de l’université et de la région. Deux professeurs sont soutenus de la même façon, à la différence près qu’ils n’ont pas de décharge d’enseignement.  

Ce dispositif a-t-il répondu aux objectifs fixés ? « Le bilan comparatif reste à faire. Mais on voit certains des chercheurs soutenus porter des projets ANR, avoir une recherche dynamique et être plus cités que les autres. L’un d’eux a même été sélectionné par l’IUF », se réjouit Michel Cogné. Autre signe encourageant : le conseil régional a pérennisé le dispositif pour quatre années supplémentaires en le reconduisant à l’identique dans le nouveau contrat d’objectif signé avec l’université.

En revanche, l’ambition d’étendre le dispositif aux enseignants engagés dans des projets ANR ou européens n’a pas été tenue, faute de moyens financiers suffisants. Pour le montage de leurs projets, deux personnes en charge de la valorisation et des relations internationales sont détachées et les aident techniquement.  

Lyon 1 forme ses maîtres de conférences à la pédagogie  

Autre philosophie à Lyon 1. L’université scientifique et médicale met l’accent sur la pédagogie et l’usage des TICE (technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement) quand leurs jeunes maîtres de conférences arrivent. Une décharge d’enseignement de 42 heures (sur les 192 heures équivalents TD) est ainsi accordée à quelque 70 enseignants-chercheurs par an.

Une seule condition : suivre une formation pédagogique intense de trois jours. Le programme est chargé. Cette année par exemple, ils ont suivi deux conférences sur la pédagogie universitaire et les technologies de l’information avec des spécialistes, un « speed meeting » leur permettant de papillonner entre des stands de présentation de services (formation continue, cellule handicap, pédagogie…), des ateliers de didactique sur les TICE et d’autres sur la dynamisation de l’enseignement et sur l’évaluation de l’enseignement.

De quoi se mettre en phase avec certains des objectifs phares de l’université : apporter le maximum de ressources numériques aux étudiants et leur faire évaluer 80 % des UE. « L’objectif est d’inciter au suivi de ces formations pédagogiques alors que certains maîtres de conférences n’en avaient pas eu du tout avant d’arriver. C’est aussi une manière qu’ils ne soient pas débordés à leur entrée dans le métier. Leur équipe disciplinaire se répartit leurs décharges d’enseignement », explique Patrick Boiron, vice-président chargé de la pédagogie et des TICE.

Avec l’ensemble des nouveaux personnels arrivants, les enseignants recrutés sont aussi mis dans le bain avec cinq jours d’accueil sur le fonctionnement de l’université. Visites des services généraux, de laboratoires, information sur les activités culturelles et sportives, sensibilisation à l’hygiène et à la sécurité… Tout pour casser l’image d’un chercheur enfermé dans sa tour d’ivoire une fois recruté par l’université.  

Fabienne Guimont | Publié le