Entreprises artisanales : des places à prendre pour les jeunes diplômés ?

Propos recueillis par Sandrine Chesnel Publié le
Entreprises artisanales : des places à prendre pour les jeunes diplômés ?
27216-griset-alain-presidentapcm-original.jpg // © 
Effet de la démographie, un tiers des 920.000 artisans de France ont plus de 50 ans. Dans les prochaines années, de nombreuses entreprises artisanales seront donc à reprendre. Un vivier d'emplois pour les jeunes diplômés à l'âme d'entrepreneur ? Alain Griset, président de l'APCM (Assemblée permanente des chambres de métiers et d'artisanat), mise notamment sur les « décrocheurs » de l'enseignement supérieur.

Y a-t-il des entreprises qui trouvent plus difficilement que d'autres des repreneurs ?
Oui, il y a des activités plus faciles à vendre : c'est une question d'image et de mode. Par exemple, il est plus difficile aujourd'hui de vendre une boucherie qu'une pâtisserie. Et c'est bien dommage parce qu'un artisan qui reprend une boucherie est certain de bien gagner sa vie.

Qui sont les créateurs et les repreneurs d'entreprises artisanales d'aujourd'hui ?
Nous constatons un phénomène très fort depuis quelques années : les repreneurs d'entreprise ne sont plus comme avant des fils et filles d'artisans ; ce sont majoritairement des personnes âgés de 30 à 45 ans qui ont déjà eu une autre vie professionnelle et qui choisissent de se réorienter dans nos métiers, qui ont l'avantage d'être « non délocalisables » ! Leur motivation, c'est d'être leur propre patron dans un secteur où il y a du travail.

Où sont les moins de 30 ans ?
Dans leur grande majorité, les 25-30 ans préfèrent créer leur entreprise plutôt que de reprendre une entreprise déjà existante. C'est pourquoi depuis quelques années nous travaillons beaucoup sur ceux que nous appelons les « décrocheurs » : ce sont des jeunes qui ont eu le bac, et effectué une, deux ou trois années d'études supérieures, mais qui se retrouvent sans perspectives d'emploi. Nous leur proposons de suivre un parcours qui leur permet, dans un premier temps, d'apprendre un métier et, ensuite, après deux ou trois ans, de créer leur entreprise.

Pourquoi ne choisissent-ils pas de reprendre des entreprises plutôt que d'en créer ?
Souvent, il y a tout simplement un problème de mise de fonds. Mais ce ne sont pas les artisans qui cèdent leur entreprise qui bloquent – la plupart sont ravis quand ils peuvent céder leur entreprise à l'un de leurs apprentis, par exemple. Pour eux, nous avons d'ailleurs développé un système de tutorat qui leur permet de passer progressivement les rênes de l'entreprise à leur repreneur.

Y a-t-il une place pour les jeunes sans formation professionnelle mais diplômés d'écoles de commerce ou d'universités de gestion ?
Il peut arriver qu'un jeune diplômé soit amené à reprendre une entreprise artisanale, mais il faut avoir l'honnêteté de dire que ça peut être difficile pour lui s'il ne connaît pas le métier... Mais cela peut marcher pour des entreprises qui comptent de 20 à 30 salariés et plus, et à condition que le jeune repreneur ait un second qui, lui, connaît bien le métier.

Propos recueillis par Sandrine Chesnel | Publié le